Restos / Bars

100 Secrets : P'tits midis secrets

En ces temps un peu difficiles pour la restauration, certains choisissent de rester économes et le restaurant 100 Secrets tente de percer dans le marché de la simplicité.

C’est l’hécatombe dans le monde de la restauration chic en ce moment. Garçon? Fermé. Brasserie brunoise? Fermé. Version Laurent Godbout? Fermé. Au même moment, les rumeurs les plus folles circulent sur les faillites de plusieurs autres grands restaurants de la métropole. Que se passe-t-il? La crise déboule réellement cet automne, notamment parce que de nombreuses entreprises ont choisi de couper dans leurs frais de représentation depuis quelques mois. Entendez: oubliez les lunchs d’affaires à 100 $ la tête. L’effet est garanti.

Pendant ce temps, les plus modestes survivent. Et on en trouve même pour se lancer dans l’aventure à un bien mauvais moment. C’est le pari de 100 Secrets, rue Amherst, en plein coeur du Village. Un petit resto à la bouille sympathique misant sur une ambiance simple et décontractée, additionnée d’un menu fort accessible. Simplicité aussi dans la décoration, aux tons plutôt zen, rehaussée par une petite boule disco, signe qui nous rappelle que nous sommes bien dans le Village!

AU MENU

De prime abord, le choix est plutôt surprenant. Le chef, Sébastien Courville, a orienté son menu vers une cuisine fusion, une mode un peu délaissée ces dernières années. La carte entremêle ainsi des influences aussi diverses que les gastronomies asiatique ou nord-africaine. En soirée, la poitrine de poulet à la chermoula croise ainsi un autre poulet, mariné au yogourt et cari cette fois. On y dégote aussi un saumon et sa salsa à la mangue, des gnocchis au cheddar fort et basilic et une pièce de porc aux pommes. L’autre spécialité, ce sont les pâtes: fettucine aux fruits de mer ou farfalle au confit de canard, des plats amples et nutritifs. Enfin, on n’oublie surtout pas le classique hamburger, qui se décline au poulet, salsa de poivrons rouges rôtis et brie, ou au boeuf, fromage bleu, confiture de poires et oignons au porto. Heureuse tentative de donner une touche gastronomique au traditionnel sandwich.

À L’HEURE DU LUNCH

Le menu du midi, celui que nous avons expérimenté, est beaucoup plus simple. Le hamburger est bien là, accompagné par un croque-monsieur, une quiche, une salade César et une crêpe du jour. Tout cela à des prix variant entre 10 $ et 15 $. Pour 3,50 $ de plus, une soupe, un dessert, un café. Accessible, vous dites?

On commence par une crème de céleri-rave. Généreuse entrée servie dans une grande assiette creuse. Le légume est assez grossièrement moulu, manque de velouté, mais reste très savoureux. De quoi redécouvrir ce délicieux légume autrement qu’en rémoulade. Suit le plat du jour: une crêpe au saumon fumé. Une belle crêpe très bien préparée (le chef serait-il breton, coudonc?) avec une touche de sarrasin, farcie en abondance de saumon fumé (salé) et nappée d’une sauce béchamel visiblement maison. À côté, c’est assez amusant. Une montagne de salades diverses. Ainsi, le mesclun est surplombé de légumes râpés très assaisonnés: céleri-rave crémeux, chou rouge à la vinaigrette sucrée et carottes plus légères. Presque difficile à finir!

Pour vous donner un aperçu de la carte du soir, nous avons demandé à goûter à l’entrée de carpaccio à l’asiatique: une idée un peu fofolle de détournement de classique. Au lieu du traditionnel parmesan, on décore la viande (de qualité) de pignons et d’oignons caramélisés. Et l’huile d’olive? Remplacée par une sauce au sésame!

Le cari de poulet, mariné dans une sauce au yogourt, est tout à fait savoureux. Viande tendre, sauce crémeuse restant légère et bien relevée. Les quelques taches mauves se révèlent être des bleuets. Les pauvres, ils ne tiennent pas la route face à la force du cari. En accompagnement, dans cette assiette très chargée, on trouve deux asperges grillées (trop cuites), du chou rouge fermenté en choucroute, des navets rissolés et du riz. Nourrissant, je vous dis.

DOUCEURS /

À midi, ce sera salade de fruits (frais) ou pouding chômeur. Une version aplatie du traditionnel dessert servie en forme de pointe de tarte, dense, accompagnée d’un caramel collant qui aurait gagné à être beurré et salé.

EMBALLANT /

À midi, le rapport qualité-prix est indéniable. La variété des plats servis en soirée en fait un restaurant qui plaira aux groupes. La carte des vins est assez bien composée, à des prix très acceptables. Les résidents du coin profiteront des brunchs de la fin de semaine et, pourquoi pas, de la soirée rosbif du dimanche!

DÉCEVANT /

Malgré le choix d’utiliser des ingrédients de bonne qualité et de ne pas user de sauces en poudre, la cuisine de 100 Secrets se révèle un peu brouillonne. Les assiettes chargées mélangent des goûts qui n’ont pas nécessairement de liens entre eux. Le chef gagnerait à alléger et soigner la présentation de ses assiettes.

COMBIEN? /

À midi, préparez une quinzaine de dollars par tête de pipe. Le soir, doublez.

QUAND? /

Du mardi au dimanche: de 11 h à 14 h et de 17 h à 22 h. Soirée prolongée les fins de semaine.

OÙ? /

100 Secrets

1440, rue Amherst, Montréal

Réservations: 514 845-1440

www.100secrets.ca