Ichibei incarne la constance et l’immuabilité d’une cuisine japonaise traditionnelle où la gamme restreinte de produits alimentaires en harmonie avec la nature est compensée par une extrême diversité de méthodes. Un art appuyé par le protocole strict du service et autant de codes culturels qu’on ne perce pas en une seule visite au restaurant.
Sachant cela, je donne rendez-vous à mon amie Yuko, qui partage avec moi son expérience de la cuisine japonaise. Avant d’entrer dans le restaurant, on remarque près de la porte la reproduction en plastique d’un plat japonais, un petit détail grâce auquel on peut s’imaginer dans une rue de Tokyo. Une serveuse en kimono nous accueille et, comme Yuko parle japonais, tout le service se déroule sans que je ne saisisse un seul mot, ce qui ne m’empêche pas de constater qu’on nous traite aux petits oignons.
À table
Après une mise en bouche offerte par la maison et le service du thé vert, on nous apporte un entremets que Yuko voulait me faire goûter: le natto. Un aliment traditionnel à base de fèves de soja fermentées et gluantes qui se mange avec du riz nature et dont l’odeur rappelle nos fromages les plus mûrs. Selon un dicton japonais, "quiconque goûte un mets pour la première fois allonge sa vie de 75 jours". Curieuse, j’y plante mes baguettes, mais heureusement pour moi, Yuko raffole du natto. Je prends ma revanche avec l’agedashi dofu, des cubes de tofu frits servis dans un bouillon avec des flocons de bonite séchée, et profiterai de ces 75 jours de sursis pour développer mon palais nippon.
Selon la séquence du repas japonais, la soupe et le plat sont servis en même temps. En effet, en un clin d’oeil notre table se couvre d’une multitude de plats et de raviers de couleurs et de matières différentes. J’ai choisi le spécial du jour, qui se révèle être un très bon choix. Le vivaneau à queue jaune teriyaki (c’est-à-dire cuit au gril avec un assaisonnement de mirin et de sauce soja) décoré de kombu et de carottes ciselées est délicieux. En accompagnement, six morceaux de sushi au saumon épicé présentés sur une jolie assiette en demi-lune et une soupe miso dans un petit bol à chapeau noir et rouge.
Le repas de Yuko est présenté dans un grand plat de porcelaine peint avec raffinement. Au centre se dressent les crevettes tempura soutenues par des vermicelles frits; en contrebas, un morceau de saumon grillé au sel et des yakitori, de petites brochettes de poulet. Il reste tout juste un peu d’espace sur la table pour poser la soupe miso et le bol de riz vapeur.
Douceurs
Nous terminons le repas avec des pâtisseries japonaises. Des azuki yokan, cubes de pâte de haricots rouges en gelée, et des daifuku, boulettes de riz glutineux fourrées à la pâte de haricots rouges. Sans être très sucrés, les daifuku sont une touche agréable à la fin du repas.
EMBALLANT /
La tradition immuable de la cuisine japonaise.
DÉCEVANT /
Le défaut de sa qualité, il ne faut pas y chercher de nouveauté. De plus, malgré l’authenticité de l’expérience, l’ambiance manque de chaleur.
COMBIEN /
Repas pour deux personnes, 60 $ (30 $ le midi) avant taxes et pourboire.
QUAND /
Ouvert du lundi au vendredi de 11h30 à 13h30, et du lundi au samedi de 17h à 21h30. Fermé le dimanche.
OÙ /
Ichibei
197, rue Bank
Ottawa
613 563-2375
Le Guide Restos Voir est aussi à la télé: l’animatrice Anne-Marie Withenshaw convie un invité dans trois restaurants différents. Le vendredi à 20h sur Évasion (rediffusion le samedi, à 15h). Invitée du 16 octobre: Valérie Blais.