Partout à travers le Mexique, le Día de los muertos, le jour des Morts, est une des célébrations les plus importantes de l’année, voire la plus importante. Les 1er et 2 novembre, de Torreón à Veracruz, en passant par San Cristobal et Oaxaca, des autels apparaissent dans les maisons et on fleurit les cimetières, églises et places publiques. Dans les foyers, on prépare les plats préférés des chers disparus: tamales, mole negro, mole poblano, haricots noirs…
Deux incontournables du jour des Morts sont les têtes de mort en sucre ou en chocolat ainsi que le pan de muertos, le pain des morts. "Il y a différentes façons de le préparer, raconte Nadia Roldan, propriétaire de l’épicerie mexicaine Mestiza, rue de la Roche. Le plus classique est une petite boule ronde avec une croix sur le dessus, saupoudrée de sucre et aromatisée à l’orange, cannelle et vanille. D’autres ont des formes allongées pour représenter un corps ou un os."
"El Dia de los muertos est la dernière fête gastronomique encore célébrée au Mexique, affirme Dario Lopez, copropriétaire de la boutique-restaurant Chipotle & Jalapeño, rue Amherst. Le chocolat y tient une place importante car le cacao a longtemps été un aliment luxueux. Dans certaines régions, on prépare de la citrouille confite dans du sucre de canne roux. Le plus important est d’offrir aux morts ce qu’ils préféraient de leur vivant. Pour ma grand-mère, par exemple, je mettrai des haricots noirs, de la tequila et des cigarettes, puisque c’est ce qu’elle aimait. Dans presque toutes les maisons, on prépare aussi les tamales, un des derniers mets vraiment indigènes." Des fruits locaux comme les tejocotes, le mole poblano, le pudding au riz, la tequila, le mezcal, le chocolat chaud et le café épicé sont des incontournables de la tradition. Dans le sud du pays, le mole noir est apparemment très apprécié des chers défunts.
PIQUE-NIQUES DANS LES CIMETIÈRES
"Il y a des différences régionales, explique Nadia Roldan. Dans le nord du pays, l’événement est plus familial, alors qu’au centre du Mexique, c’est une fête plus colorée." Ce rituel, qui permet aux décédés de revenir dans leur foyer, prend ses sources dans l’empire aztèque. Avec l’arrivée des Espagnols, la fête s’est mâtinée d’influence chrétienne. "Le 31 octobre, on commence à préparer les autels et on y met des fruits, des fleurs et des papel picados (papiers découpés comme ceux que font les enfants d’ici en flocons de neige), précise Nadia Roldan. Puis, les familles vont visiter leurs morts dans les cimetières, avec de la nourriture et des boissons. Le 1er est réservé aux enfants morts trop tôt – los angelitos – et le 2 novembre est pour les adultes. On fait de vrais pique-niques dans les cimetières, on joue la musique que la personne décédée aimait, on chante, on parle au mort. Ce n’est pas une occasion triste!"
C’est dans la ville d’Oaxaca, dans l’État du même nom, que ces journées sont les plus folkloriques. Devant les autels, des saints sont dessinés avec du sable ou en grains de couleur. La fête est devenue, avec le temps, un véritable événement touristique. À Muxuacan, les familles dorment, mais surtout mangent et boivent dans le cimetière.
En 2003, l’UNESCO a reconnu les fêtes indigènes dédiées aux morts du Mexique. Elles ont été inscrites parmi les chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité; Dario Lopez estime que depuis lors, la journée des Morts appartient à tous les peuples. "Les Québécois peuvent donc la fêter, mais ils mettront du sirop d’érable sur les autels, lance-t-il dans un grand éclat de rire. L’important est de faire un pont entre les morts et le monde des vivants."
À FAIRE /
Les propriétaires de Chipotle & Jalapeño (1481, rue Amherst, 514 504-9015) veulent faire découvrir les traditions de la journée des Morts aux Québécois. Du 29 octobre au 3 novembre, les curieux pourront faire un tour à la boutique afin d’admirer un autel typique et déguster des plats traditionnels (pour une douzaine de dollars), plus particulièrement de Puebla, lieu de naissance du chef Alejandro Tamariz. Le 29 octobre, les propriétaires présenteront des vidéos du Dia de los muertos de différentes villes du Mexique.
Toujours le 29 octobre, l’épicerie Mestiza (6699, rue de la Roche, 514 670-6997, www.mestiza.ca) organise un atelier-repas Dia de los muertos. On y apprendra comment faire un mole coloradito. Au menu, entrée, plat principal, accompagnements, dessert et boisson.
Pour découvrir le pain des morts, on peut aussi aller faire un tour au supermarché Andes Sabor Latino (436, rue Bélanger, 514 277-4130) ou encore à la boulangerie-pâtisserie Carol Sarah (1365, rue Beaubien Est, 514 807-1294).