Restos / Bars

La Calebasse : Le temps d'une paix

Les temps sont durs pour tout le monde? La Calebasse réussit à vous le faire oublier, le temps d’une soirée.

"C’est certainement pas ici qu’on va se ruiner", commente mon amie en examinant une fois de plus la carte que nous connaissons déjà assez bien. Dois-je avouer que, souvent, je téléphone à ce restaurant africain pour me faire préparer un mets que je passerai prendre un peu plus tard? Faiblesse avouée est à demi pardonnée. Bref, aujourd’hui, en réservant, j’avais aussi commandé "mon" poisson, me disant qu’il aurait le temps de mariner une heure ou deux. Ma compagne, elle, ne prémédite pas ce genre de choses. Elle se fie à l’instant, à son instinct… et quelquefois à ce qu’elle voit servir à une table ou à une autre.

Ce soir, nous sommes les premiers arrivés. La voilà donc livrée à elle-même, hésitante et heureuse de l’être. Par jeu, sans doute, elle commence par la rubrique des cocktails: le nectar de gingembre maison, le "Tropical", le "Port-au-Prince"… Elle saute aux jus de fruits (goyave, mangue, orange), musarde un peu du côté des bières rosées, puis s’enquiert du vin servi au verre. Elle rythme doucement de tout son corps une chanson de Bob Marley – la première d’une série qui nous tiendra compagnie jusqu’au dessert. Poulet à la dominicaine (pollo guisado), matoutou, yassa, mafé (poulet aux arachides) et autres spécialités aux arômes d’ailleurs: choix pénible, semble-t-il. Moi, j’ai le sourire et l’humeur de celui qui… sait. J’ai déjà en bouche le goût et la texture de ce qui m’attend; mon assiette ne fera que confirmer la chose – et calmer ma faim aussi, sans doute. Il ne me reste qu’à choisir une entrée, mais j’ai le temps. D’autres clients sont arrivés et se sont installés dans la seconde partie de la salle à manger. Ils savent eux aussi ce qu’ils veulent, car on leur a déjà servi du vin et des entrées. La jeune serveuse nous adresse chaque fois un sourire en passant. J’y déchiffre un sous-entendu: "Quand vous serez prêts…" Le potage à l’oseille me tente bien, de même que les sambos, savoureux petits pâtés à la viande dont les moins gourmands ne font qu’une bouchée. En face de moi, l’indécision s’estompe à vue d’oeil. "Je vais prendre la soupe de courge pour commencer…" À la bonne heure! Deux ou trois petits caprices à surmonter, puis nous passons commande.

Tout un potage! Abondance de légumes ne nuit point, c’est connu. Il y a là du chou, des carottes, des poireaux, des oignons, tout cela dans un bouillon rendu onctueux par la courge qui lui a aussi transmis un peu de sa couleur. Chaque bouchée vous veloute la langue et le palais. Les saveurs s’épanouissent en bouche et, comme mon amie n’a pas lésiné sur la pâte de piment africaine, elle a bientôt les yeux un peu rougis et… lubrifiés de larmes. Avant d’en arriver là, je m’étais rabattu sur mon entrée, à savoir une salade d’avocat. "Seulement d’avocat", avais-je précisé. Ni laitue ni tomate, cette fois; c’est mon caprice. Mais il y en a trop: un avocat entier (et pas des plus petits), détaillé en tranches. Il s’entend à merveille avec les grandes tranches de pain qui emplissaient la corbeille et dont il ne reste déjà presque plus rien. Mon amie se fait servir un verre de vin rouge maison (The Little Penguin); moi, une infusion de citronnelle. Poulet yassa pour ma compagne: recette typique, au citron et aux oignons, servie sur du riz blanc avec, à côté, une salade mouillée d’une vinaigrette à la mangue. Là encore, la pâte de piment montre tout ce dont elle est capable. D’une bouchée à l’autre, on prend le temps de s’étonner que la saveur piquante n’étouffe pas les autres. Magnifique! Je parle de mon tilapia, entier, grillé, livré à ma merci sur son nid de riz blanc, semé de tomates, d’oignons crus et de poivrons verts. La sauce pâteuse patiente dans un petit bol métallique; je ne la fais pas languir. Ah! je reconnais ce tilapia, ce goût qui me ramène si souvent ici. J’en abuse donc, étonné comme chaque fois, jusqu’à ce qu’il ne reste plus dans mon assiette qu’une "structure" décharnée de poisson mêlée à des vestiges de salade et de riz. Repue et incrédule, mon amie m’entend commander ensuite un tapioca au lait de coco.

La Calebasse
220, rue Saint-Vallier Ouest
Québec
Tél.: 418 523-2959
Plats à la carte: 12,95 à 14,95 $
Table d’hôte: 16,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 49,56 $

LÉGENDE /

Cuisine

Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable