Restos / Bars

Exposition À table : Je me souviens des bonnes choses

Avec l’exposition À table!, le Musée du Château Ramezay nous plonge dans l’histoire de la culture culinaire québécoise. Entrevue avec l’historien Yvon Desloges.

"La Nouvelle-France est une époque historique méconnue", affirme l’historien. Ce chercheur qui s’intéresse depuis longtemps à l’histoire de l’alimentation vient de publier À table en Nouvelle-France, un ouvrage sur l’alimentation populaire, la gastronomie et les traditions alimentaires dans la vallée laurentienne avant l’avènement des restaurants, soit de 1608 à 1791 (le premier restaurant dans le sens où on l’entend aujourd’hui ouvrira ses portes à Québec en 1792).

À TABLE EN NOUVELLE-FRANCE

Le projet du livre d’Yvon Desloges a mis 15 ans avant de devenir réalité. À table en Nouvelle-France a été lancé pour l’inauguration de l’exposition À table! Traditions alimentaires au Québec, à l’affiche au Musée du Château Ramezay depuis le 10 novembre. "L’exposition et le livre ne sont que la pointe de l’iceberg, pour ne pas dire de la banquise, nous explique Yvon Desloges. La devise du Québec a beau être "Je me souviens", on ne se souvient de rien. Un devoir de reconstruction de l’histoire s’impose, car un peuple s’identifie en partie en fonction de l’alimentation."

Si les premiers colons ont effectivement été influencés par les habitudes alimentaires des autochtones – entre autres avec la consommation du maïs et de la citrouille -, comme le veut la croyance, cette influence s’est grandement estompée au bout de quelques générations. "Quand les Français s’installent vraiment en Nouvelle-France, on voit s’effacer les traces de ce premier métissage, précise l’historien. On voit apparaître sur les tables des produits provenant de France, qui mettront trois ou quatre générations à s’imposer. Après la Conquête, on voit l’introduction, en 1764, de la pomme de terre au Canada." Le réel coup d’envoi de l’introduction de la pomme de terre est donné par l’arrivée des loyalistes. Mais pour Yvon Desloges, le cheval de Troie de l’implantation des habitudes alimentaires britanniques dans ce qui fut la Nouvelle-France fut le thé! "Parce que le thé n’arrive pas seul, précise l’historien. Les Anglais le boivent très sucré, soit environ de 8 à 10 portions de sucre pour une portion de thé." Le sucre arrive donc en sol canadien-français par la même occasion.

D’HIER À AUJOURD’HUI

Mais l’exposition À table! ne se concentre pas uniquement sur l’époque de la Nouvelle-France. On y découvrira près de 150 artefacts de la vie quotidienne reliés à la cuisine et au foyer, répartis en 7 sections, de l’arrivée des premiers colons français à aujourd’hui. De plus, le musée propose de découvrir les origines de 10 recettes traditionnelles québécoises comme la tourtière, le pâté chinois ou la dinde du temps des Fêtes.

Exposition À table!
Jusqu’au mois de septembre 2010
Au Musée du Château Ramezay, 280, rue Notre-Dame Est, Montréal Info: 514 861-3708; www.chateauramezay.qc.ca

À table en Nouvelle-France
d’Yvon Desloges
Éd. du Septentrion, incluant 40 recettes
En vente à la boutique du Musée du Château Ramezay