Restos / Bars

Noël d’ailleurs : À chacun son festin

En cette fin d’année de récession, on a besoin de s’évader. Venus du Royaume-Uni, d’Italie, de Pologne, du Pérou ou d’Haïti, cinq chefs montréalais évoquent les goûts de Noël d’ailleurs.

Londres: pudding, dinde et choux de Bruxelles

C’est le 25 décembre en après-midi que les familles britanniques célèbrent le repas de Noël. "Tout dépend du niveau d’organisation de la personne qui reçoit", s’amuse Marc Cohen, chef et copropriétaire du Moineau, dans le Mile-End. "On sert normalement la dinde – farcie à la sauge et à l’oignon, accompagnée de canneberges et de gravy – vers 13 h, mais généralement, la cuisson n’est pas terminée et il faut attendre encore une heure ou deux. La dinde peut être remplacée par de l’oie dans les familles plus aventureuses, mais il y a toujours des pommes de terre rôties et des choux de Bruxelles." Des choux de Bruxelles? "Oui, c’est LE légume de Noël!" confirme le chef. Le repas de Noël ne saurait être complet sans le pudding de Noël – le plum-pudding, cher major! – généreusement arrosé de brandy butter et dont la préparation commence dès le lendemain de Noël de l’année précédente. "Ma grand-mère commençait à le préparer juste après Noël, l’arrosant de brandy tout au long de l’année, se souvient Marc Cohen. On le sert après l’avoir cuit à la vapeur pendant deux ou trois heures, arrosé d’encore plus de brandy et flambé. On termine le tout avec un gâteau aux fruits, un dessert que tout Anglais se sent dans l’obligation de servir, mais que personne n’attend vraiment avec impatience."

Venise: grappa, panettone et marrons

Les Noëls vénitiens de l’enfance d’Angelo Baggi, chef du restaurant Salute, sentaient bon les plats cuisinés au four, le poulet rôti et le panettone. On allait à la messe de minuit avec la nonna et le nonno. Et la soirée se terminait en musique à la maison. "À Venise, le repas du réveillon peut être un agnello, un jeune agneau de tout juste deux mois tué pour l’occasion, du poisson, du poulet ou des pâtes au four, comme de la lasagne ou des cannellonis", raconte le chef italien. "On cuisine aussi avec la grappa, que l’on boit également. Chaque famille a sa recette de cannoli et de panettone." Ce dont se souvient le plus Angelo Baggi, ce sont les marrons cuits au four, que l’on décortique et que l’on flambe à la grappa dans un bol au milieu de la table.

Varsovie: soupe de betteraves, pierogi et gâteau au pavot

Suavec Krupop, propriétaire de l’épicerie-bistro Euro Polonia, énumère les plats comme des souvenirs de ses Noëls polonais. "Il y a d’abord le barszcz, cette soupe de betteraves, presque un bouillon, auquel on ajoute les uszka, des petits pierogi en forme d’oreilles qu’on farcit à la viande ou aux champignons. On sert aussi la choucroute garnie, mais avec des pruneaux et des champignons. Les pierogi sont incontournables parce que, à une époque, les mères les faisaient à la main, c’était donc un plat de grandes occasions." Sans oublier les harengs, crus ou marinés. Et en dessert, la kutia, un pudding de graines de pavot et de blé, et le gâteau au pavot arrivent sur la table. Les pruneaux se retrouvent aussi en jus, non alcoolisé. Et si le vin n’est pas très répandu, la vodka, et particulièrement la vodka à l’herbe de bison, est populaire.

Lima: pisco, piments et cacao de Cuzco

Mario Navarrete Jr., chef-propriétaire du Madre et de Raza, a grandi à Lima, au Pérou. Ses souvenirs de repas de Noël sont très précis: la dinde traditionnelle farcie avec du pain, de l’ail et des herbes, mais aussi d’autres viandes, comme un morceau de porc à la peau croustillante et le gigot d’agneau rôti, des viandes marinées aux piments ou au pisco (eau-de-vie péruvienne). "Pour finir le repas, peut-être à cause de l’influence italienne, nous mangeons du panettone, servi traditionnellement avec un chocolat chaud fait avec du cacao de Cuzco", ajoute le chef péruvien. "Dans ma famille, le repas du 24 décembre commençait à 22 h à la maison, avec toute la famille. Il y avait tellement de nourriture qu’on pouvait manger pendant trois jours sans s’arrêter. Et comme, à Lima, c’est l’été à Noël, nous allions à minuit dans le parc, allumions des feux d’artifice et jouions avec les enfants du quartier. Puis nous rentrions à la maison pour ouvrir les cadeaux. Le 25, on continuait de manger les plats de la veille. Je me souviens que nous allions ensuite chez mes oncles et mes tantes, toujours pour manger… Ça durait jusqu’au 3 janvier!"

Port-au-Prince: soupe au giraumont

En Haïti, les célébrations du temps des Fêtes se passent en trois temps. Le 24 en famille restreinte, le 25 en famille élargie et le Nouvel An avec amis et famille, dans une grande fête. Mais c’est surtout le 31 décembre qu’on ripaille sérieusement en Haïti! "Le 31 décembre, on met une petite orange dans sa poche, que l’on mange à minuit, se souvient Christine Deetjen du restaurant Ïbiscus. Et on garde les pépins toute l’année." Les gens sortent, vont au bal, se rendent chez des amis. Et une nouvelle année ne commence jamais sans la soupe de giraumont (aussi appelée soupe du jour du 1er janvier, soupe de la Libération ou encore soupe Joumou), une soupe jaune à base de courge giraumont. "Et on donne à chacun un petit bol de soupe, avec du riz, lorsque les invités repartent, sans oublier d’en ajouter un pour la tante malade qui n’a pas pu se déplacer."

Voir également notre les recettes pour mitonner un souper de réveillon aux saveurs d’ailleurs.

Carnet d’adresses /

Le Moineau / The Sparrow
5322, boulevard Saint-Laurent, Montréal
514 690-3964

Salute
234, avenue Laurier Ouest, Montréal
514 273-9378

Euro Polonia
1565, rue Amherst, Montréal
514 223-4240, www.europolonia.ca

Raza
114, avenue Laurier Ouest, Montréal
514 227-8712, www.restaurantraza.com

Ïbiscus
343, rue Saint-Paul Est, Montréal
514 866-1515