Un mardi soir pas différent des autres, sinon qu’en cette veille de tempête, il y a plus que de la fébrilité dans l’air. Partout. Alors, en franchissant le seuil de ce restaurant, on croit entrer dans un havre de paix. Les clients sont nombreux, bien sûr, et il en arrivera régulièrement au cours de la soirée. Mais le personnel garde le sourire et s’empresse au moindre signe de votre part. Mon amie a choisi notre table, tout contre la colonne-aquarium dont j’aime le voisinage. En face de moi, le bar, ses bouteilles, sa rutilance – et les clients qui dégustent au comptoir un tartare de saumon ou des fusilli au confit de canard. On avance jusqu’à nous les propositions du chef, en l’occurrence un tableau noir qui ne saurait laisser personne indifférent. Je commencerai par le velouté de légumes, c’est décidé. Mais ensuite? Je marmonne comme on chante une comptine: ravioli de poulet à l’asiatique, rillettes de saumon, penne aux quatre fromages (bleu, cheddar, chèvre et brie), requin grillé à la tomate séchée, magret de canard aux pommes et pancetta… On m’apporte le verre de champagne (Pol Roger) que j’ai commandé. Mon amie carbure encore à l’eau pour le moment, mais elle est sûre d’opter bientôt pour un rosé. Notre serveur lui en suggère deux. Elle décidera entre eux quand elle saura ce qu’elle veut manger. Cela ne tarde pas: "Je prendrai seulement deux entrées: les ris de veau et le gâteau de crabe, rien d’autre." Alors, simplement pour le plaisir des yeux, elle détaille la carte, les rubriques sous lesquelles s’ordonnent boeuf Angus grillé, jarret d’agneau, côte de veau de lait, linguine, steak de thon rouge, risotto de homard et pétoncles au sauternes. C’est fait exprès pour que vous saliviez. Et ça marche! Entre le moment de la commande et l’arrivée des premiers plats, nous passons le temps à nous demander ce que nous avions "essayé" la dernière fois. Des noms nous reviennent en vrac. Des fumets nous grisent, mais ce sont peut-être ceux des plats qui se mangent autour de nous.
Ma verdurette se pointe, consistante, pas trop chaude, gorgée de saveur. Elle réconforte dès la première cuillerée. Quant au gâteau de crabe servi à mon amie, moelleux, bien épicé et même assez relevé, il s’accompagne d’un cappuccino de homard qui en tempère l’ardeur et en précise les nuances, tandis que le vin chilien (Rosé Pivoine, shiraz-carignan, 2008) en exalte encore les saveurs. Ma compagne médite pendant un long moment, sans doute émue, une fois l’assiette repartie. Arrive sa poêlée de ris de veau couchée sur une tapenade de betteraves à l’huile de noix, brie et porto. Un pinot noir californien (Black Stone) lui fera la causette en bouche, pour le plus grand plaisir de celle dont le regard étonné ne s’adresse pas à moi – mais me convie tout de même à prendre part à la fête. J’acquiesce d’un clin d’oeil, puis d’un coup de fourchette. Ma sole de Douvres est sur le point de refroidir! Je la rejoins. Son beurre citronné et persillé s’étend un peu partout dans l’assiette, mouillant un peu le riz basmati (cuit à point) et les délicieux légumes qui complètent le plat (asperges, brocoli et haricots verts). La salle s’est un peu vidée entre-temps, mais d’autres clients arrivent et s’apprêtent à commander. Je les envie, le temps qu’arrive le dessert: tiramisu à la confiture d’orange et citron vert, riz au lait coiffé d’une crème de framboises. En plus de ces deux verrines, nous avons droit à un financier – riche, comme tout financier qui se respecte, en pâtisserie et dans la vie.
Le Bistango
1200, av. Germain-des-Prés
Québec
Tél.: 418 658-8780
Menu du jour: 14 à 18 $
Table d’hôte: 30 à 37 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 141,09 $
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable