Nous avions pris le risque de ne pas réserver. Pour un peu, nous ne trouvions pas de places. On nous donne néanmoins le choix entre l’une des trois tables encore libres, et qui ne le restent pas longtemps après notre arrivée. Loin devant nous, près du vestiaire, brille faiblement ce qui semble être une énorme boule de Noël. En deçà, sur la gauche, des clients se sont installés devant le bar. "Un dîner de filles!" Mon amie me désigne d’un signe de tête les clientes attablées, sur la gauche, près de l’immense baie donnant vue sur la terrasse pour le moment blanche de neige. Une serveuse souriante s’amène et nous propose l’apéro. Mon amie opte pour un verre de vin blanc (Masi, pinot grigio, 2008). Je prendrais bien une bière italienne si… Eh oui! on peut boire ici autre chose que la Moretti, en l’occurrence une Menabrea. Vendu! Le temps d’être servis, de trinquer et de nous assurer que le décor n’a pas changé depuis notre dernière visite, nous passons commande. Nous n’avions pas mis de temps à choisir nos entrées; nous avions par contre tataouiné un peu avant de nous décider entre la salade de thon, la pizza capretta, les cubes d’agneau sauce tomate accompagnés de linguine au beurre, sans compter les petits changements auxquels le chef a bien voulu consentir. "La serveuse a bien plaidé ta cause…" Je réponds que la gentillesse authentique est toujours payante. "Quelle modestie!" rigole mon amie. Mon entrée se compose de tomates en quartiers et de bocconcini mouillés de bonne huile d’olive et de vinaigre balsamique. L’acidité y domine un peu trop, à mon goût. Beau sujet de désaccord avec celle qui me fait face, car elle déguste des citrons comme s’il s’agissait de pêches mûres. Son champignon mariné me plaît davantage, surtout qu’on le lui a servi avec une suave mayonnaise au pesto. Quelques cuillerées plus tard, nous permutons nos assiettes et nous sommes aux anges. De temps à autre, nous échangeons quelques mots avec un couple voisin. Notre conversation devient de moins en moins sporadique, semée de petits éclats de rire. L’ambiance y est sans doute pour quelque chose, car l’humeur générale semble avoir gardé un peu de l’euphorie des Fêtes. Jour des Rois, dernière journée d’insouciante allégresse… Ici et là, le vin et la bière vous arrosent tout ça. Et voici venir mon pangasius – tel que je l’ai demandé, c’est-à-dire non pané et accompagné de pasta plutôt que de riz aux légumes, la sauce à part. Cette dernière est une "réduction d’orange", légèrement sucrée et avec la juste pointe d’acidité qu’il faut pour relever le goût un peu trop discret du poisson. Les pâtes sont parsemées d’oignons verts et cuites al dente. Le parmesan râpé leur ajoute du caractère, mais j’éprouve beaucoup plus de sympathie pour les spaghettis carbonara de mon amie. Ils m’emballent. Leur liant d’oeufs et de crème, le bacon abondant (tendre quoique cuit), le parmesan râpé dont on les a généreusement saupoudrés, autant d’ingrédients qui composent là un plat on ne peut plus savoureux, auquel on goûte même au-delà de la faim. Mon amie ne se plaint pas de mon intrusion répétée, car elle a déclaré forfait. Nous conversons de plus belle avec nos voisins. Au moment du dessert, nous parlons de galette des Rois et autres gourmandises. Il se trouve qu’ils doivent passer en chercher à la même pâtisserie que nous! La coïncidence nous amuse et, comme le rire donne faim, nous ne faisons que deux ou trois bouchées de notre imposante portion de panettone en partie nappée de crème à l’érable.
Il Matto
850, avenue Myrand
Québec (Québec)
Téléphone: 418 527-9444
Menu du jour: 13 à 16 $
Plats à la carte (le soir): 14 à 29 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 64,91 $
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable