Au Japon, les ramens, ou soupes de nouilles, font l’objet d’un véritable culte. Juste à Tokyo, on dénombre plusieurs milliers de comptoirs de ramens dont les plus courus ont à leur porte une file d’attente. Magazines, blogues et musée tout entier sont consacrés à cette soupe-repas simple et rustique, mais des plus conviviales. On n’a qu’à visionner le film japonais Tampopo de Juzo Itami (1987), dédié à la fameuse soupe, pour se faire une petite idée de cette ramen-mania.
À Montréal, on peut compter le nombre de maisons de ramens sur les doigts d’une main. Le Sumo Ramen, qui a fait son apparition dans le Quartier chinois il y a à peine quatre mois, fait partie de ce mini-écosystème. Contrairement aux authentiques shops de ramens japonaises où un comptoir offre une vue imprenable sur la cuisine ouverte et, donc, sur le travail du maître ès ramens, le Sumo Ramen présente une coquette salle à manger dont la cuisine est cachée à la vue. De plus, le resto vient d’obtenir un permis "apportez votre vin".
N’ayant personnellement jamais mis les pieds au Japon, j’ai invité un copain (Karl) ayant vécu sept ans à Tokyo à tester avec moi le Sumo Ramen. Du Japon, Karl n’est pas revenu totalement indemne: il y a trouvé l’amour et découvert une passion pour… les ramens!
À table!
En entrée, nous décidons de partager des raviolis japonais et une salade d’algues. Au goût de Karl, les raviolis, farcis de porc et d’oignons verts, ne sont pas assez frits et la salade n’a pas le parfum océanique qu’il a connu au Japon. À mon palais d’Occidentale, les deux, à défaut d’être top, sont tout à fait acceptables.
Vient ensuite le moment de vérité (roulement de tambour): les ramens. Au Japon, elles sont souvent faites à partir de bouillon de porc. Celles du Sumo Ramen sont de type végétarien: soya ou miso. Karl choisit la version classique, la Sumo Ramen, avec une base au miso. De mon côté, je commande celle au kimchi (chou fermenté), avec une base au soya. Premier constat: la soupe n’est pas assez chaude. On ne voit pas de volutes de fumée s’échapper des bols. L’une des caractéristiques des ramens, c’est la chaleur intense des ingrédients qui pousse les amateurs à aspirer leurs nouilles en faisant un bruit de succion continu. Et c’est encore mieux si ce long "slurp" est ponctué de "hum" de contentement. Au Japon, ce comportement sonore poursuit un double objectif: refroidir ses nouilles et exprimer sa satisfaction.
La Sumo recèle, bien entendu, des nouilles, mais aussi deux épaisses tranches de porc, un demi-oeuf au jaune mollet, une gerbe de champignons enoki, des algues wakame et… des grains de maïs. Haussement de sourcils de la part de Karl: "Hum… je n’ai jamais vu de ramen avec des grains de maïs à Tokyo." Bien que les bouillons soient savoureux, nous comprenons vite pourquoi ils ne sont pas assez chauds: les ingrédients mis sur le dessus sont froids (maïs, champignons et kimchi dans mon cas). Mais dès qu’on brasse les nouilles, la chaleur emprisonnée se libère. Ces dernières, aux yeux de mon invité, ne sont pas assez fermes. Il faut savoir que les ramens doivent être servies al dente, comme leurs consoeurs italiennes. Dans mon cas, mon bol contient les mêmes ingrédients que la Sumo, à l’exception de gros morceaux de kimchi (chou fermenté) marinés et bien épicés, et d’une algue nori. Les tranches de porc sont épaisses, non grasses et de bonne qualité. Le tout est bourratif mais réconfortant.
Petites douceurs
Les desserts se résument à deux options: des boules de crème glacée parfumées à différentes essences qui ne valent pas la peine qu’on en parle, et une salade de fruits. Cette dernière est plutôt surprenante: il s’agit de gros litchis déposés sur un lit de bâtonnets de gelée à la pêche baignant dans un sirop de même saveur. C’est différent et léger. On dirait un dessert d’enfant.
Emballant /
Les soupes ramens sont idéales durant la saison froide et une solution de rechange intéressante aux phos vietnamiennes que l’on trouve en abondance à Montréal. Assisterons-nous à une prolifération de comptoirs ramens à Montréal comme on l’a vu pour les sushis? On l’espère.
Décevant /
Ce Sumo Ramen, bien qu’honnête, n’arrive pas à la cheville des comptoirs ramens authentiques du Japon, selon l’opinion de mon invité expert. Malgré cela, il ne faut pas s’empêcher d’y aller car les soupes du Sumo sont quand même de qualité.
Combien? /
Vraiment économique. Le prix d’une ramen varie entre 7,95 $ et 12,95 $. Pour entrée, plat et dessert, comptez environ 30 $ pour deux avant taxes et service, midi ou soir.
Quand? /
Les mardis et mercredis de 11 h à 21 h, et du jeudi au dimanche de 11 h à 22 h.
Où? /
Sumo Ramen
1007, boulevard Saint-Laurent, Montréal
514 940-3668
Apportez votre vin
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