Tout récemment, le directeur de la mise en marché des vins australiens au Canada, Geoff McFadzen, est venu discuter du sujet avec la presse spécialisée québécoise. Il faut dire qu’en matière de pinards, l’Australie occupe le 6e rang des ventes au Québec (6 % du marché), loin derrière la France (31 %) et l’Italie (23 %). Curieusement, les vins australiens performent très bien dans les autres provinces canadiennes.
L’Australie est réputée pour ses crus riches, intenses et savoureux. Ce magnifique pays viticole bénéficie d’un climat particulièrement chaud qui permet de produire des vins aux saveurs fruitées et mûres; des vins peu acides, rarement amers, qui plaisent généralement d’emblée. Au cours des dix dernières années et au fil de nombreux cours et dégustations que j’ai animés, les commentaires favorables de plusieurs oenophiles débutants m’ont convaincu: les vins australiens aux saveurs mûres sont fort charmeurs. Mais comment explique-t-on leur piètre performance au Québec?
Notre province est un marché assez traditionnel et conservateur. Pendant une trop longue période et jusqu’aux années 2000, la sélection de produits de l’Australie et plus généralement du Nouveau Monde était beaucoup trop limitée à la SAQ. La plupart des intervenants, journalistes, sommeliers et acheteurs à la SAQ, demeurent fidèles à leur éducation. Jusqu’aux années 2000, la sommellerie québécoise était surtout l’affaire de profs français, et la plupart des spécialistes d’aujourd’hui ont appris à apprécier des pinards plutôt légers, nés de climats frais, souvent issus de raisins en sous-maturité et aux saveurs davantage acides et amères; bref, typiques de la vieille Europe. Ce style demeure la référence au Québec puisque la relève journalistique et sommelière continue de favoriser et de répandre le type délicat européen, au détriment des vins ensoleillés des nouveaux pays.
Résultat: au Québec, le consommateur n’a pas toujours l’heure juste quant aux pinards provenant de pays comme l’Australie. Il est temps que certains professionnels québécois du vin descendent dans la rue déguster avec de simples consommateurs. De nombreuses régions ensoleillées (australiennes et autres) produisent aujourd’hui de magnifiques crus équilibrés qui peuvent séduire bon nombre d’amateurs.
Voici quelques crus australiens… dégustés en présence de consommateurs qui ont beaucoup apprécié:
Un blanc /
Riesling 2007, Eden Valley
Rolf Binder, 11155753, 21,95 $
/89
Un bel exemple de riesling australien. Son nez typique de produits pétroliers est rehaussé de notes florales et de pêche. Un vin équilibré, doté d’une tendre acidité, d’un brin de sucre résiduel et d’une belle allonge. Un excellent riesling de facture moderne pour l’apéro et les canapés de poissons et fruits de mer.
Et trois rouges /
Cabernet Sauvignon Premium Selection 2006 South Australia
Wolf Blass, 10944224, 25,95 $
/90
Voici un excellent cabernet qui vous en donne pour votre argent. Robe profonde, nez de fruits noirs mûrs rehaussé d’un boisé bien dosé. Tout à fait séduisante, la bouche suit avec une matière riche et ample et des tannins veloutés. Un pinard persistant et sans exagération qui vous en met plein la gueule. Un compagnon idéal pour le gigot d’agneau.
Pinot Noir Gulf Station 2008 Yarra Valley
De Bortoli, 11181978, 24,65 $
/88
Son nez typique et charmeur à la fois offre des arômes de framboise et d’épices, de même qu’un effluve de cuir. Souple, coulant et de bonne intensité, voici un beau pinot fin et délicat, rond et velouté. Un vin australien charmeur pour accompagner les suprêmes de volaille au vinaigre de framboise. Servir frais: 14-15 °C.
L’aubaine de la semaine /
Cabernet Merlot Stamp of Australia 2008
South Eastern Australia, Hardy’s, 10754578, 12,85 $
/86
Ce rouge plutôt facile à boire a particulièrement charmé les membres de ma famille (maman en tête). Tout à fait représentatif des produits de tous les jours élaborés en Australie, il offre un très bon rapport qualité-prix. Les grillades de porc et de veau, de même que le saumon ou le thon grillés, feront l’affaire.