Cette fois, ça y est: il y a du changement. Des plats cuisinés. On vous les détaille sur un grand tableau fixé au mur, non loin d’un plus petit, bien connu, proposant kir, kir breton et Ricard. Au fond de la pièce, sur la droite, des clients occupent deux des trois tables de la micro-mezzanine. Il reste quelques places libres au rez-de-chaussée, où nous nous sommes installés. Vive et souriante, la serveuse qui nous a reçus nous apporte de grandes cartes plastifiées. Nouvelles d’aspect, elles nous semblent tout à coup familières en raison de ce qui y figure, soit les "Spécialités" et les crêpes traditionnelles – "La Béarn", "L’Argoat", "La Gwened", "La Provence", "La Lutèce", etc., parmi les premières. Les autres, on s’en doute, sont au beurre, à l’oeuf, au fromage suisse et autres. L’une d’elles, garnie d’andouille, d’oeuf et de fromage, retient d’abord mon attention qui, l’instant d’après, se porte sur la "Bénédictine". Une nouvelle venue, celle-là? Mon amie dodeline de la tête. Peu importe. Elle avale une gorgée d’apéro, en l’occurrence un kir breton (cidre pétillant et crème de cassis). Moi… j’avais fait tourner quelques têtes en commandant d’entrée de jeu une camomille. Et alors? Une fois n’est pas coutume. Mon amie s’était retenue de rire et s’était replongée dans la lecture de la carte. Maintenant, tous les deux, nous nous faisons à mi-voix la lecture du grand tableau: cassoulet au canard confit, maquereau à la moutarde, ris de veau en croûte feuilletée (sauce aux champignons de Paris et pleurotes)… Il y a aussi la cotriade, bouillabaisse bretonne qui, en plus des poissons et fruits de mer qui la composent, se présente décorée d’une brochette de crevettes. Tout pour vous faire saliver!… Mon choix se porte finalement sur le dernier de la série, soit l’aile de raie pochée. Ma compagne hésite encore un peu avant d’opter pour la "Gwened". Dans les haut-parleurs, Renaud succède à Jacques Brel. Nous attendons. Avant qu’arrivent nos premiers plats, mon estomac a tout loisir de protester une demi-douzaine de fois. C’est que nous attendons un peu… longtemps. Dans ces cas-là, pour se consoler, on se dit que ce sera meilleur. Meilleur que quoi, je l’ignore: l’aile de raie est bonne, pas exceptionnelle. La présentation se révèle originale: on dirait trois îlots blancs dans le bol qui contient aussi une tombée de courgettes en rubans et des rubans de carottes; dessous, des tranches de pommes de terre rôties et le bouillon où l’on a fait pocher le poisson. Sur un plateau, à côté, j’ai droit à trois petits bols: le reste de la tombée de courgettes, une salade verte de bon goût, du beurre blanc aux câpres. Pas grand-chose à redire, sauf que le bouillon aurait pu être plus serré et la raie, conséquemment, plus goûteuse. Repliée en triangle, la large "Gwened" se pare en abondance de saumon fumé; garnie de fromage suisse, elle se complète d’une salade (tomates, laitue, pacanes, pignons) mouillée d’une vinaigrette au citron confit. De quoi se régaler. D’où mes fréquentes incursions dans l’assiette qui fait pendant à la mienne. Mais je reviens néanmoins à celle-ci, de loin en loin, jusqu’à ne plus en avoir envie – par lassitude ou par satiété. Mon amie n’a épargné qu’un quartier de tomate et un morceau de pacane. Les crêpes-desserts au froment… Je craque à tout coup et ne ferai donc aucune exception ce soir. Et, tout comme la dernière fois, la "Salidou" s’impose d’elle-même et, qui plus est, ne se fait pas trop attendre. Pliée en quart de cercle et traversée d’un large coulis de caramel au beurre salé, elle s’orne de trois gros pompons de crème chantilly. Elle vaut le coup d’oeil… Et le coup de fourchette ne trahit pas les bons souvenirs qu’en avaient gardés nos papilles.
Le Billig
526, rue Saint-Jean
Québec
Téléphone: 418 524-8341
Plats cuisinés: 18 $
Crêpes traditionnelles: 4 à 12 $
Spécialités: 9 à 18 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 59,19 $
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art! Très bonne table Bonne table Satisfaisante Passable