Les meubles sont en place sur la longue galerie convertie en terrasse. S’il fait encore un peu trop frais pour y souper, rien ne vous empêche d’aller y déguster votre apéro – rien, sauf la paresse, comme c’est le cas pour moi en ce début de soirée. L’autre terrasse, en contrebas, attend la frondaison pour renaître dans les jardins où se faufileront les fumets du Napa Grill… Viandes, poissons, grosses crevettes… "À quoi penses-tu?" Sur le point de prendre une gorgée de vin blanc (New Harbor, sauvignon, 2009), mon amie a suspendu son geste et me regarde. Que lui répondre? La vérité – toute nue et mouillée d’une lampée de champagne (Roederer Brut Premier): j’anticipe déjà le temps des grillades en plein air tout en me rappelant le sashimi de thon dont je m’étais régalé en ces lieux lors de ma dernière visite. Une bonne nouvelle me réjouit: nous sommes parmi les premiers à expérimenter le tout nouveau menu du Monte Cristo. Et, pour nous mettre en train, voici les amuse-gueule: deux sushis – délicieux, mais un petit peu plus froids qu’il n’aurait fallu. Puis la carte. Elle s’ouvre sur une entrée de foie gras – tranche à peine poêlée et mangue Fat Cats. On a ensuite le choix entre le cylindre de boeuf mariné, le veau… Les entrées, ici, n’ont rien de chétif. Les plats de résistance non plus. Aiguillette de boeuf braisée, agneau cuit au gros sel, poitrine de canard caramélisée aux épices et agrumes, morue charbonnière, thon rouge en croûte de noix de coco: mon amie n’a pas eu besoin de relire cela deux fois avant de prendre une décision. Moi, je lanterne un peu et, tout à coup, ça y est! Et tandis que nos désirs se matérialisent dans les cuisines, nous nous offrons une lecture conjointe de cette magnifique carte des vins, aussi riche qu’intelligente. Rares, précieux ou plus courants, les produits sont de toute provenance… Nos premiers plats s’amènent presque avec discrétion. D’abord, l’émotion… visuelle. De petites oeuvres d’art qui vous donnent envie de taper des mains comme un enfant le jour de son anniversaire. Devant amie s’alignent, dans une même assiette oblongue, une eau de tomate au basilic parfumée à l’anis, un gros cube de gelée de tomates, un tartare du même légume-fruit. Moi, l’anti-végétarien, je défaille à chacune des petites bouchées que je me permets. Dans ma propre assiette se prélasse un roulé de saumon confit à 55 degrés (dans l’huile d’olive extra-vierge) et strié d’une délicate mousse de salade César évoquant une trace de wasabi, tout cela posé sur un damier de betteraves jaunes et rouges. Le plus goinfre des hommes mangerait cela avec lenteur et respect, attentif à chaque petit frisson de plaisir. L’une des rares fois où j’adore le saumon frais!… Mon amie, elle, est déjà passée à un Château des Tourelles (Le Grand Amandier, Costières de Nîmes, 2007). Nous nous redisons pour la nième fois que nous sommes heureux. Nous nous le répéterons quand, pour accueillir son plat principal, elle se sera fait servir son troisième verre de vin (Pétales d’Osoyoos, Vallée d’Okanagan, 2006). Le serveur qui lui a recommandé ce rouge pour sa morue charbonnière nous a toujours bien conseillés à chacune de nos visites. Nous l’en félicitons, cette fois encore. La morue? Un gros bloc "voilé" d’une mousse de lait d’amandes, accompagné d’asperges fraîches et d’une soyeuse purée de chou-fleur aux champignons Candy Cap (du genre lactaire). La cuisson en est parfaite. En bouche, les goûts s’allient ou se succèdent, également subtils. Dans un tout autre registre où l’on ne perd pas au change, le veau! Une trilogie s’offre à moi: filet tonato (mince et semé d’un condiment à base de thon, oignons et tomates), pop-corn de ris de veau, et une bajoue braisée qui se défait… à l’effleurement de votre fourchette. Vous avez là toute une gamme de saveurs qui semblent se nuancer à l’infini. Une dernière gorgée de champagne pour calmer l’émotion, une fois l’assiette vidée… longtemps après la première bouchée. Nous terminons par un moelleux de coco en trois temps décoré d’une tuile en cerceau.
Monte Cristo Resto-Lounge
3400, chemin Sainte-Foy
Québec
Téléphone: 418 650-4550
Entrées: 14 à 28 $
Plats de résistance: 37 à 48 $
Menu du jour: 20 à 28 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 165,82 $
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable