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Restaurant Méliès : Un chef, c'est bien; deux, c'est mieux

Dans les cuisines du Restaurant Méliès, le couple Rodriguez-Gonçalves sustente discrètement les cinéphiles et autres amoureux de la culture, depuis deux ans. On vous les fait découvrir.

Du mini-café hip des années 70, à l’époque où Claude Chamberlan (fondateur du Festival du nouveau cinéma) en était l’âme, jusqu’à sa rénovation et à son déménagement en 1999 dans l’eXcentris de Daniel Langlois, le Café Méliès en a parcouru, du chemin! Pas en termes de distance (il est passé du 3682 au 3540 Saint-Laurent), mais en termes de durée dans le temps et de style. Une constante: l’endroit est depuis toujours le rendez-vous des cinéphiles et des passionnés de culture.

Quand le Méliès est passé dans l’ère du 21e siècle, il a revêtu un habit futuriste, donnant aux convives l’impression d’être à l’intérieur d’une machine volante aux rouages et aux câbles apparents. Depuis, le décor a très bien vieilli. À mon avis, il est le plus authentique et le moins tape-à-l’oeil des établissements de la Main situés entre Sherbrooke et Prince-Arthur.

Dans les coulisses des cuisines, plusieurs chefs ont défilé. Depuis deux ans, cependant, un couple y officie sans vagues et sans bruit. Il a fallu la dernière édition du festival Montréal en lumière, dont la thématique était le Portugal, pour les mettre en lumière, justement, et qu’enfin les critiques gastronomiques les remarquent. À deux, ils couvrent la totalité de la programmation culinaire du Méliès: pendant que le chef José Rodriguez (dont les parents sont espagnols) orchestre les entrées et les plats de résistance, la pâtissière Anabela Gonçalves (d’origine portugaise) manie les desserts. Le duo propose une cuisine bistro raffinée, sans chichi mais de grande qualité, à laquelle chacun insuffle une touche de son pays natal. Au programme: peu ou pas de beurre, de crème et de sucre dans les plats, mais plutôt de l’huile d’olive et des bouillons à profusion.

À table!

Les classiques du resto s’affichent au menu: tartares, filet mignon, hamburger de boeuf Kobe, poissons. En parallèle à ces basiques, une carte intitulée "Cuisine du marché" propose quelques plats supplémentaires qui changent chaque jour au gré de l’inspiration du chef et des produits qui lui tombent sous la main, comme une soupe de moules et safran ou une surlonge grillée avec frites, champignons et sauce au vin rouge.

En entrée, je commande le tartare du chef, ce jour-là au canard. Un plat tout de même rare en ville. C’est délicieux, délicat, bien qu’un brin trop moutardé. Il est coiffé de jeunes pousses de moutarde et servi avec quelques croûtons minces et craquants. Mon vis-à-vis opte pour le velouté de petits pois verts. On lui sert dans une belle grande assiette blanche et contemporaine un délice vert tonique auréolé d’un concassé de pancetta bien croustillante. Les entrées nous mettent en appétit. La suite se révélera à la hauteur des entrées.

En plats principaux: un poisson et une viande. J’opte pour le flétan, une belle pièce délicatement cuite et servie avec des petites palourdes dans une sauce au vin blanc et sur un lit d’épinards crémeux. Quoiqu’un peu trop salé, ce plat d’inspiration espagnole est dans son ensemble moelleux et pur ravissement pour les papilles.

Le filet de boeuf poêlé, quant à lui, est un morceau généreux qui respecte la cuisson demandée par mon invité. Il est servi avec une purée de céleri-rave, des champignons portobello tranchés fin et revenus dans la poêle, et une goûteuse sauce bordelaise. Réconfortant, le plat contente.

Ce repas simple mais bien maîtrisé pourra être précédé par une pause apéro dans le lounge adjacent, au son de la compilation d’artistes variés de la collection Méliès.

Petites douceurs

Attention, dents sucrées: vous risquez de tomber sous le charme d’Anabela, car ses desserts flirtent avec les lois divines. À preuve, ce Septième Ciel, une interprétation d’un classique portugais, le natas do céu (littéralement "crème du ciel"), où des étages de meringue (et une touche de crème) s’intercalent avec des étages de biscuit moelleux, le tout présenté en verrine. Un péché! Ou encore ce renversé aux pommes caramélisées, une interprétation libre de la tarte tatin, suave et pas piqué des vers.

Emballant /

L’intéressante carte des vins d’importation et agrobiologiques, catégorisés selon des qualificatifs de goûts: Vifs et minéraux, Murs et concentrés, Fruités et aromatiques, Amples et boisés, etc.

Décevant /

Des petites choses, ici et là: la corbeille de pain servie une fois le potage terminé; le flétan trop salé. Rien de majeur. Comme on chérit le Café Méliès, on le voudrait parfait.

Combien? /

Ce souper à deux, avant taxes, vin et service, nous est revenu à 90 $.

Quand? /

Sept jours sur sept, midi et soir (et matin, les samedis et dimanches).

Où? /

Restaurant Méliès
3540, boul. Saint-Laurent
514 847-9218, www.cafemelies.com