Vendredi soir, la vie est belle, l’été est arrivé. Quoi de mieux qu’une petite virée au Château Frontenac pour entamer le week-end, je vous le demande. Ah, la vie des gens… riches! C’est sous cette identité empruntée que l’homme et moi arrivons au restaurant Le Champlain, fief du réputé chef Jean Soulard.
Dans la verrière avec vue sur le fleuve, nous prenons place, parmi quelques couples et solitaires. Tapis à motifs, chaises rembourrées, luminaires luxueux… Le décor évoque un romantisme suranné auquel on s’attend dans un château digne de ce nom.
Chaque mouvement des serveurs fait penser à une danse exécutée au quart de tour. "Eau plate ou pétillante?", "Baguette française, pain aux olives, aux tomates?"… Nul doute, nous sommes ici roi et reine, pour un soir seulement. Aussi bien en profiter!
La carte sait être succincte, ce que j’apprécie. Le service au guéridon est au menu et permet d’apprécier à sa juste valeur le savoir-faire du serveur qui y est attitré et qui cumule 40 ans d’expérience! Châteaubriand, salade César, tartare de boeuf seront tous préparés pour nos voisins à un moment de la soirée.
Outre le guéridon, le menu, d’inspiration française, propose hors-d’oeuvre froids et chauds, potages et plats de résistance, ainsi qu’une table d’hôte avec descriptions détaillées et appétissantes. L’heure du choix a sonné, homme!
À TABLE!
Savoir bien commencer: alors qu’on déguste les premières gorgées de notre malbec français (Château La Gravette) s’amènent deux bouchées de mousse saumon et pétoncle avec rosette de fromage de chèvre. Malheur! Les pétoncles et moi faisons très mauvais ménage… En moins de deux, on remplace par une mise en bouche où se côtoient bocconcini, tomate cerise et pesto.
Mon appétit se faisant discret, j’opte pour une soupe en entrée, après avoir été tentée par le carpaccio d’émeu. Sans regret, car cette crème de pois verts et poireau, avec sa garniture de homard, morilles et lardons fumés flottants, est un délice où les ingrédients se répondent harmonieusement. À côté, l’homme s’extasie devant sa fricassée d’escargots baignés dans une sauce aux champignons shiitakes.
Voilà qu’un sorbet canneberges et pommes, servi en verrine, s’invite à notre table. Une pause essentielle avant d’attaquer mes deux bonnes pièces de mignon de veau – de lait, si mes papilles disent vrai. Trempant dans deux sauces qui s’entremêlent – une réduction de la cuisson et une crème de morilles -, ce veau est exquis, son rosé, égal, et sa tendreté, à rendre jaloux. Bref, avec ma purée de panais et romarin et mes légumes en julienne où fondent des morceaux de Cantonnier, je suis comblée. Même état chez l’homme, qui fait honneur à une ballottine de pintade farcie à la poire servie sur sauce à l’érable et légumes d’été et, surplombant le tout, un tendre morceau de foie gras. Régal!
Au final, si les assiettes, plutôt sobres dans leur présentation, n’ont rien de tape-à-l’oeil, les assemblages de goûts, les excellentes sauces et la maîtrise de la cuisson montrent que nous avons affaire à des cuisiniers en total contrôle de leur art. Nul besoin de faire dans l’artifice lorsqu’on possède ces qualités.
Le guéridon nous intrigue et c’est à notre tour de voir le pro à l’oeuvre. Bananes Foster flambées… chaud devant! Maintenant, dégustons, en regardant la nuit tomber et les mille lumières qui flottent sur le fleuve.
Emballant /
Se faire traiter aux petits oignons, l’exécution irréprochable et le service au guéridon, qui donne vie à la salle.
Décevant /
Ne pas avoir une bourse assez remplie pour y aller plus souvent…
Combien? /
Pour un service complet (entrée, plat, dessert) pour deux: 150 $ à la carte et 110 $ en table d’hôte. Accord mets-vins trois services pour un supplément de 39 $.
Quand? /
Tous les jours de 18h à 22h.
Où? /
1, rue des Carrières, Québec
418 692-1751
www.fairmont.com/fr/frontenac
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable