Jeudi matin. Attablée à Camellia Sinensis devant Jasmin Desharnais, je l’observe faire le thé. Dans un petit récipient posé sur une soucoupe, il couvre les feuilles d’un thé vert chinois, le Hui Ming, d’eau chaude, puis referme avec un couvercle. Quelques instants plus tard, il verse le liquide, en tenant et déplaçant à peine le couvercle, dans des récipients. Une méthode chinoise de faire le thé, appelée dégustation en zhong.
Desharnais, qui est un des quatre fondateurs de la maison de thé Camellia Sinensis, qui a ouvert ses portes à Montréal en 1998, vient tout juste de revenir d’un séjour d’un mois dans ce pays unique qu’est la Chine, où il a rencontré une quinzaine de producteurs dans huit provinces différentes, pour recueillir le meilleur des thés verts, blancs et oolong. En tout, c’est près de sept tonnes de thés d’une fraîcheur incomparable qui ont été ramenées cette année par Jasmin Desharnais et trois autres importateurs dégustateurs de la maison qui sont allés au Japon, en Inde et à Taiwan. Ce qui fait de l’entreprise la seule au Québec et au-delà à offrir presque exclusivement (à 85 %) des thés du terroir achetés directement de producteurs artisanaux, et non de grossistes.
Histoires de thé
Au-delà de la fraîcheur et du choix, ce qui fait l’unicité de Camellia Sinensis, c’est sans contredit le contact humain avec les producteurs, qui permet d’associer à chaque thé une histoire. Comme ce thé que nous buvons, qui vient de M. He, installé dans la région du Zhejiang en Chine, un des producteurs préférés de Desharnais, qui le connaît depuis huit ans. Grâce à Camellia Sinensis, le thé de M. He a d’ailleurs été certifié biologique par Ecocert en 2009. Pour remercier l’importateur, l’homme l’attendait lors de sa visite cette année-là avec une immense banderole de bienvenue! "En Chine, explique-t-il, tout est possible, à l’image des proportions démesurées du territoire, ce qui peut donner lieu à des moments assez psychédéliques! Une fois, dans un village, on a même relancé une chute assez gigantesque – qui était normalement détournée par un barrage – pour moi!"
La mémoire encore pleine d’images de son plus récent périple, Desharnais évoque un de ses coups de coeur de l’année, les théiers uniques. "C’est un théier qui n’est pas taillé, et les feuilles sont récoltées sur un seul arbre. C’est un peu plus dispendieux, raffiné, mais c’est vraiment une expérience!" détaille-t-il. Du côté indien, lieu désigné pour le thé noir, un de ses confrères a eu l’occasion de découvrir le nord-est du pays, dans une région tribale où il a visité de minuscules plantations dans la jungle!
Vous pourrez en savoir plus sur cette histoire – et les autres – lors de l’événement Thé du printemps, que la maison organise chaque année, où vous entendrez des récits de voyage et dégusterez les thés nouveaux. Faites vite, les places s’envolent! ?
Thé du printemps
Le 19 juin à 10 h et 14 h
Au cinéma de la CinéRobothèque
Maison de thé Camellia Sinensis
351, rue Emery, 514 286-4002
7010, rue Casgrain, 514 271-4002
camellia-sinensis.com
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À découvrir /
Quelques choix de thés, des préférés aux inusités:
– Anji Bai Cha: C’est LE thé favori de Jasmin Desharnais. Thé vert chinois, il l’aime pour "son goût particulier, très aromatique".
– Feng Huang Gou Tou: Un thé oolong unique, issu d’un théier de 350 ans. Gou Tou signifie "tête de lion" et les Chinois le disent bon pour le chi! Vendu aux 10 g.
– Pu Er: Thés vieillis, c’est une des seules familles qui "se détériorent de façon positive" – le dégustateur en a déjà goûté un de 1934! Séchés en galette, ils dégagent des effluves de terre. La variété Meng Song, de la région du Yunnan, a été son coup de coeur de l’an 2009 lors de son voyage en Chine.