L’air est frais, le temps à la pluie en ce jeudi soir. Ça n’empêche pas des hordes de jeunes, bruyants et excités, de déferler dans l’escalier Casse-Cou, qui donne accès au Petit-Champlain. Trois restaurants s’y succèdent; si les hôtes postés devant les deux premiers font des pieds et des mains pour attirer les passants, personne pour faire de même à l’extérieur du Marie-Clarisse. D’ailleurs, à notre arrivée, nous sommes les seuls clients. Trois ou quatre tables trouveront preneur au cours de la soirée.
Ce n’est certainement pas le décor qui est en cause; situé dans un superbe local aux murs et voûtes de pierre, le restaurant est chic, mais pas trop, joli avec ses fleurs jaunes disposées sur les tables. Ni le service, assuré par deux jeunes hommes gentils et avenants.
Reste le menu, qui tient sur une page. Nul doute, on est ici dans un resto qui fait des produits de la mer sa spécialité – la carte change d’ailleurs selon les arrivages. En entrée, huîtres fraîches, trio de poissons fumés, calmars… En résistance, homard, pétoncles et crevettes, marmite du pêcheur – la "spécialité", nous dit le serveur. Quelques viandes émergent ici et là: pâté de foie gras, mignon de boeuf en poivrade… Mais soyons donc poissons! Telle est la résolution.
À L’ABORDAGE!
À la suite des bigorneaux (escargots de mer), servis en mise en bouche, les entrées se présentent sous des jours prometteurs. L’homme a succombé aux moules, servies dans une sauce cari et coco, qu’il qualifie de "très bonne". En moins de deux, il ne reste dans l’assiette que des coquilles vides. De mon côté, c’est plus ardu, techniquement parlant, car j’ai devant moi de bien belles pattes de crabe des Îles, servies avec sauce aïoli ainsi que carottes et navets en julienne. La mayonnaise me semble peu aillée, mais les pattes de crabe sont si fraîches qu’elles n’ont pas nécessairement besoin d’accompagnement. Je m’en lèche le bout des doigts!
Comme nous avons choisi la table d’hôte, on nous apporte soupe aux légumes (un peu trop claire) et salade (mesclun, légumes en julienne, amandes effilées, sauce mayonnaise). Rien à redire, rien à déclarer non plus.
C’est donc avec espoir que nous attendons la suite, alors que je sirote un verre de vin blanc (L’Orpailleur, île d’Orléans). Devant l’homme, se pose la "spécialité", une bouillabaisse où flottent, dans un bouillon clair, pétoncles, moules, saumon, crevettes et (les mêmes) légumes en julienne. Servie avec une sauce rouille au goût trop discret et des légumes blanchis en à-côtés, il y manque cette étincelle qui change un plat correct en délice gastronomique. La faute au bouillon, à la rouille? Toujours est-il qu’on a déjà goûté mieux en matière de bouillabaisse.
De mon côté, même déception… gustative. Ce n’est pas que la pâte feuilletée de mon brick de flétan ne soit pas légère et croustillante, que le flétan ne soit pas frais, au contraire. Mais la sauce claire au vin blanc n’a pas beaucoup de goût. Et dans le brick, les légumes en julienne (encore!) et les lanières de poivron rouge ne se marient pas si bien au poisson. Ce n’est pas mauvais, c’est seulement… fade. Même les légumes d’accompagnement ont l’air tristounet.
Nous tentons de ragaillardir nos ardeurs avec une tarte au citron et une tarte renversée pomme-caramel. Et partons, en pesant les pour et les contre…
Emballant /
La fraîcheur des produits de la mer, qui changent selon l’arrivage, le cachet du local, le service gentil à souhait.
Décevant /
Des assiettes fades, le restaurant vide, les prix élevés.
Combien? /
Le soir, pour deux, compter un bon 120 $ à la carte et 105 $ en table d’hôte, et au moins 60 $ le midi.
Quand? /
De 11h30 à 22h chaque jour.
Où? /
12, rue du Petit-Champlain
Escalier Casse-Cou
418 692-0857
www.marieclarisse.qc.ca
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable