Avertissement: manger au Cercle peut engendrer un appauvrissement radical de vocabulaire. "Mmhh… que c’est bon! Goûte!" "Mmhh… Délicieux!" Mon amoureux et moi ne savions dire autre chose alors que nous allions d’extase en extase au fil des créations inventives du chef David Forbes. Inutile de chercher des synonymes, surtout la bouche pleine. Nous sommes tombés dans les tapas comme deux ivrognes dans un tonneau de vin: tartare de saumon; calmars et saucisson soudjouk à la plancha; salade de canard confit, riz sauvage et orange; gravlax de flétan et salade de tomates cerises; grilled cheese à la mozzarella et au chorizo; salade de betteraves jaunes parsemées de copeaux de parmesan et de pistaches; épaules de lapin sauce BBQ à la carotte… Un festin qui nous a enlevé les mots de la bouche pour les remplacer par d’ingénieux mélanges de saveurs, de textures, de couleurs.
Ai-je retrouvé ma mémoire lexicale depuis? Un peu. Assez pour vous vanter les mérites de la salade de betteraves, une stupéfiante réussite malgré sa simplicité; pour évoquer le craquant du pain grillé imbibé d’huile qui suffisait à transformer un grilled cheese en délice; pour décrire le moelleux des épaules de lapin, dissimulé sous une peau croustillante, sans sécheresse, imprégnée d’une sauce BBQ dont on paierait cher la recette. Oh! Mais voilà que me revient le souvenir du plat de mon copain, une succulente – et fondante – cuisse de volaille braisée, aux allures de tajine avec ses olives vertes, accompagnée de tranches de chorizo et d’un orzo au fromage.
Avons-nous trop mangé? Peut-être. À notre décharge, il faut préciser que certaines portions (celles du spécial Mardis tapas à 2$) étaient plus légères, comme leur prix. Avons-nous aussi bien bu? Certainement. On n’en attend pas moins d’un établissement qui s’enorgueillit d’un imposant cellier, spectaculaire derrière ses grandes vitres, garni d’importations privées et de vins bios. Suivant les pertinentes suggestions de notre serveur, nous avons dégusté un très bon Sarabande (Côtes du Roussillon, 2006) et un exquis Erta e China (Rosso di Toscana, R. Masi, 2007), qu’on nous a servi au verre malgré qu’il ne se vende habituellement qu’à la bouteille.
Seule ombre au tableau: les desserts, un brin décevants. Bonne idée que d’escorter le pouding chômeur d’une sauce érable et rhubarbe, mais il en aurait fallu plus, surtout que le gâteau accusait une certaine sécheresse – tout comme la mousse au chocolat qui coiffait l’interprétation de gâteau Sacher à laquelle j’ai eu droit. Dommage, il ne restait plus de crème brûlée, dessert que la maison réussit à merveille…
Puisqu’au Cercle, gastronomie et art s’entendent comme larrons en foire, nous avons conclu le repas en regardant quelques courts métrages d’animation silencieusement projetés sur le mur à côté de nous. Une belle façon d’actualiser ce métissage dans le nouvel espace restauration, complètement séparé de la partie bar-spectacles. Métissage. Voilà un terme qui résume parfaitement Le Cercle, où de jeunes hipsters et des trentenaires à laptop côtoient des hommes d’affaires cravatés avec le plus grand naturel, et où une cuisine raffinée vous est apportée par des serveurs aux bras tatoués…
Le mot de la fin? Bravo. ?
Emballant /
Pratiquement tout ce qui se mange et se boit, l’ambiance coolissime.
Décevant /
Certains desserts.
Combien? /
Le midi, environ 40 $ pour deux pour un repas trois services (avant taxes, boissons et pourboire); le soir, 60 $.
Quand? /
Du lundi au vendredi de 11h30 à minuit et les samedis et dimanches de 10h à minuit.
Où? /
226 1/2 et 228, rue Saint-Joseph Est
Québec
418 948-8648
www.le-cercle.ca
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable