Restos / Bars

L’Un des sens : L'empire des sens

Le restaurant L’Un des sens s’affiche comme une table responsable, créative et bistronomique. Le sens du goût et de la citoyenneté!

C’est le genre de nouveau resto qui allèche le chroniqueur gastronomique. Deux chefs réputés, Laurent Prosper (anciennement au Verses) et Rémy Morency (anciennement au resto L’Autre Version), s’allient pour le meilleur et pour le pire. Un mariage intéressant, vu le bagage gastronomique des deux compères. Et qui promet! Le tandem s’est installé dans un local avenue Laurier Ouest, près de la rue Saint-Urbain. Ils en ont fait un lieu plutôt chic, en noir et rouge. Très étroit, mais grâce à des miroirs qui se font face, l’espace s’ouvre à l’infini. Au fond, pas de cuisine ouverte mais un sombre bar. À retenir: c’est un chouette endroit pour manger à bon prix en fin de soirée avec un menu à 20 $ après 22 h. En fond sonore, musique diffusée en boucle, éclectique, d’Aznavour au Gotan Project. Au menu, on affirme le pari d’une cuisine véritablement de saison doublée d’une présence marquée de produits locaux et, si possible, biologiques. Mais, on le sait, ce n’est pas toujours facile pour les restaurateurs de respecter ces bonnes intentions au quotidien, alors même si tout n’est pas écologiquement parfait au final, on salue le bel effort de l’équipe. Les poissons sont soigneusement sélectionnés parmi les pêches durables et les viandes viennent du coin. Le tout est exécuté avec beaucoup de précision dans les présentations. C’est parfois un peu compliqué mais très joli.

Au menu

Nappes blanches et coutellerie haut de gamme: la table est mise. Ce "restaurant urbain" joue la carte du professionnalisme. Une carte également verbeuse et complexe à lire mais, heureusement, votre serveur est là pour vous en détailler toutes les subtilités. Le pain chaud arrive, avec huile d’olive et balsamique, et un pesto de tomates séchées. Puis une excellente mise en bouche, du magret de canard fumé avec feuille de shiso et mangue, au bel équilibre. L’inspiration du moment? Un gaspacho très glacé de tomate et pastèque, avec morceaux de homard et trait d’huile d’olive "biologique". Estivalement parfait. Un peu trop sucré, par contre, mais bon, c’est la pastèque. Le mi-cuit de saumon "naturel" intrigue. Notre serveur nous explique qu’il s’agit de saumon sauvage. Plus tard, un des propriétaires nous précisera qu’il s’agit plutôt de saumon d’élevage, mais biologique. Peu importe, il est surtout très tendre, agrémenté de brunoises de poire asiatique et de radis, rehaussé de gelée de thé et de perles de coriandre, clin d’oeil à la cuisine moléculaire, mais bien peu parfumées. Les plats portent des noms à rallonge, c’est ainsi, comme ce médaillon de porc "du mont Laurier mariné, grillé, foie gras poêlé, coucous israélien carbonara, compotée d’oignons cippolini au jus de veau". Mais tout est bien là, y compris quelques légumes racines bios. Le couscous est délicieux, le foie gras aussi, mais le reste est un peu vague et laisse nos papilles dans le doute. L’omble chevalier, quoiqu’un peu trop cuit, nous régale avec son quinoa aux poireaux en forme de risotto et son trait de purée de ratatouille bien aromatisée. Le vainqueur de la soirée.

Douceurs

Excellent, ce soufflé au chocolat (et plus léger que les fondants) et sa crème glacée aux pistaches. À la manière du désormais célèbre pot au chocolat de Patrice Demers, on nous propose aussi une panna cotta avec mousse au café, crème et crumble. Aussi riche que cochon.

Emballant /

Une cuisine créative, fraîche et stimulante. Un service très attentionné. Une carte des vins des plus intéressantes. Choix au verre très convenable.

Décevant /

Le "trou normand" en forme de granité de raisin, melon, gingembre et vinaigre de coquelicot: trop sucré après l’entrée. Des plats un peu trop complexes où se bousculent les tonalités. Malgré l’effort mis dans les préparations, on trouve que ce travail culinaire est plus intellectuel que vraiment sensuel.

Combien? /

À midi, comptez une bonne vingtaine de dollars par personne. En soirée, préparez plutôt 50 $. Sans les vins. Menu spécial à 20 $ après 22 h.

Quand? /

Ouvert les midis du mercredi au vendredi. En soirée, du mardi au samedi.

Où? /

L’Un des sens
108, avenue Laurier Ouest, Montréal
514 439-4330, www.lundessens.com