Au Québec, l’engouement pour la cueillette des champignons et des herbes sauvages va de pair avec le souci de privilégier les produits locaux. Ainsi, les ateliers et autres causeries informatives se multiplient. Pierre Noël, directeur à la Mycoboutique de Montréal (un magasin totalement dédié aux champignons) le confirme: "C’est effectivement une tendance croissante. Alors qu’il y a 10 ans, les gens qui pratiquaient la cueillette de champignons étaient une minorité. Cependant, au Québec, on cueille environ 30 tonnes de champignons annuellement seulement. En comparaison à l’Ouest canadien dont les collectes vont jusqu’à 20 fois ce chiffre, c’est peu: moins d’un champignon par habitant!" Il note que la clientèle qu’il sert est avant tout familiale, se réjouissant de l’excursion autant que des potentiels gains au panier.
La crainte de l’empoisonnement est un facteur qui dissuade plusieurs amateurs de tester leurs connaissances en solo. Cette crainte est d’ailleurs bien fondée, d’après Pierre Noël, puisqu’il reste des milliers d’espèces à identifier et à classifier comme comestibles ou non sur le territoire québécois. Un souci qui se corrige rapidement avec le développement de la technologie génétique. Est-ce que cueillir et manger ses trouvailles est un sport dangereux? "Beaucoup moins dangereux que le VTT! Mais il faut se renseigner et ne pas prendre de risques. Les enfants sont particulièrement susceptibles de porter un fruit ou un champignon non comestible à la bouche", met en garde l’expert.
Course aux champignons
Axées sur la gastronomie, les randonnées offertes par la Mycoboutique se déroulent à la mi-juillet et à la mi-septembre, en fonction de la météo. Elles s’adressent aux débutants et fournissent les informations de base telles que l’identification, la méthode de collection et de conservation des champignons. De plus, la présence de personnel expérimenté est précieuse pour une première expérience puisque les champignons convoités sont quelquefois difficiles à repérer.
Plantes à la rescousse
Les Amis du Jardin botanique proposent des ateliers favorisant l’autocueillette: l’activité "Trousse verte pour le plein air" renseigne les participants sur les vertus de 25 herbes qui pourraient les dépanner lors d’un séjour en camping alors que l’activité "Herbes et fleurs sauvages comestibles" traite des végétaux sauvages qui peuvent égayer les assiettes. Un cours d’une seule soirée en classe, des projections pour identifier les espèces et une dégustation incluant des fleurs sont au programme au coût de 40 $ pour les non-membres.
Les bois de François
À Saint-Roch-de-l’Achigan, La Table des Jardins Sauvages est un resto champêtre dédié aux produits du terroir. François Brouillard, alias François-des-bois, est l’héritier d’une longue tradition de coureurs des bois, une filiation qu’il assume avec passion. Avec sa partenaire Nancy Hinton, chef, ils initient le public non seulement à leurs goûteuses créations mais aussi à l’exercice de la chasse végétale. Les derniers dimanches de chaque mois, de mai à septembre, le forfait Cours, cueillette et repas prévoit deux heures de sortie guidée aux alentours et un repas cinq services concocté avec les plantes sauvages et les champignons cueillis. Prix: 115 $ par convive. On apporte son vin.