Portées par une envie de sushis depuis quelques jours, Bénédicte et moi arrivons au Enzô le coeur à la fête. Tonight is the night! Pour célébrer, nous entamons le repas avec un portini (vodka, porto et zeste d’orange) et un Enzo’s (yuzu, cassis et rhum), deux propositions de l’intéressante carte de cocktails. Et attention, nous le faisons les mains propres, puisque, fidèle à la tradition japonaise, le serveur nous a avant toute chose apporté des oshibori, petites serviettes humides et chaudes. Étaient-elles aussi parfumées? Je n’ai pas vraiment remarqué, absorbée que j’étais à admirer le mur baigné de lumière fuchsia, là, juste derrière le comptoir où s’affairaient deux sushimen. Nous aurions pu s’y asseoir, à ce comptoir, mais nous avons finalement opté pour une table "en vitrine" – un peu coincée, d’ailleurs.
Les panures katsu et tempura occupent une place de prédilection dans la page des appétissantes entrées chaudes; légumes, poulet, crevettes, beignets ont droit à ces fritures. Nous nous tournons plutôt vers le tofu agedashi et les rouleaux Gyokai. Cubes de tofu légèrement dorés, garnis de flocons de bonite séchée et d’échalote, dans une sauce tempura (à base de sauce soya et de bouillon dashi): vraiment pas mauvais, mais on doit manger vite, car les cubes deviennent mollassons après avoir fait trempette quelques minutes. Quant aux rouleaux, leur panure croquante n’est ni lourde ni grasse, et leur garniture de crabe, thon, chou et nouilles nous arrache un soupir de satisfaction.
Voici qu’arrive le Geisha, premier service du menu pour deux que le serveur nous a fortement conseillé, le "Choix du chef Nambu" (trois spécialités chaudes avec sauce plus un sashimi). Thon rouge et blanc, saumon et riz se pressent au coeur d’un rouleau enveloppé d’une feuille de soya blanche, nacrée comme les écailles d’un poisson. Tièdes et de taille parfaite, les makis sont escortés, à même l’assiette et non dans un bol, d’une surprenante sauce au basilic, onctueuse et à la saveur juste assez marquée. On aime… et on arrose d’un verre de bourgogne aligoté (Marquis de Jouennes, 2008).
Suit le Ryu, rouleau qui contient sensiblement la même garniture et dont chaque morceau est coiffé d’une tranche de thon légèrement flambé. La sauce aux oursins remporte moins de succès que sa prédécesseure. Trop sucrée? Peut-être. Un peu fade, en tout cas. En troisième service, le sashimi d’hamashi (thon à queue jaune) à la sauce ponzu nous ravit! Les épaisses tranches fondent agréablement dans la bouche, laissant exhaler un goût fumé sous leur croûte un brin épicée. Nous remontons donc en haut de la montagne russe… avant de redescendre au dernier service, le Enzo, un maki de saumon, thon rouge et asperge légèrement frit dans la tempura et accompagné d’une sauce aux champignons et porto (!) qu’on imaginerait mieux accompagnant un steak. Dans le doute, abstiens-toi, dit-on? Tant pis, nous goûtons… Ouille. Le mariage est boiteux: la sauce est trop lourde, son goût trop prononcé pour le poisson. La majorité des morceaux resteront dans l’assiette.
Parlant de poisson, dommage que le menu dégustation n’aligne que des rouleaux aux contenus similaires (thon, saumon), alors que l’établissement propose des sushis de maquereau mariné, de loup de mer, de pieuvre… La prochaine fois, on commandera à la carte.
Emballant /
Le sashimi d’hamashi, qui laisse penser que ses semblables doivent être aussi bien réussis; les feuilles de soya en remplacement des feuilles d’algue; le joli décor lounge aux accents japonais.
Décevant /
La redondance du menu dégustation malgré une carte de sushis variée; la présentation trop épurée des assiettes; le mauvais mariage créé par certaines sauces.
Combien? /
Le midi, environ 30 $ pour deux pour un repas trois services (avant taxes, boissons et pourboire); le soir, 75 $.
Quand? /
Midi et soir en semaine, le soir seulement la fin de semaine.
Où? /
Enzô sushi
150, boul. René-Lévesque Est, suite 130
Québec
418 649-1688
www.enzo-sushi.com
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable