Ce soir-là, j’ai eu l’impression de me réconcilier avec un coin de la ville que j’ai toujours un peu… évité. Vous savez, cette rue près du Château Frontenac où s’alignent les restos "à touristes", les artistes de passage proposant portraits et caricatures, les musiciens de fortune. Cette rue où nous, citoyens de la ville, nous sentons un peu hors de notre zone de confort.
Parmi ces restos un peu tous pareils, une petite perle, pas évidente à première vue, qui recèle pourtant des trésors délicieux, fruits d’une cuisine inventive, délicate et surprenante: le Pain béni. L’établissement a connu des jours malheureux en 2009, après être passé au feu avec l’Auberge de la place d’Armes, située dans la même bâtisse. Relevant leurs manches, les proprios ont refait la déco, dégarni les murs, dévoilant une vieille pierre grise, et installé un mur de végétaux à l’arrière. C’est joli, blanc, rouge et vert. Épuré et classe.
Mais l’homme et moi, nous sommes dehors. Il fait chaud et nous profitons du temps avant que le ciel menaçant n’éclate. Un vieux couple d’anglophones s’installe pas trop loin dans la rue et la dame roucoule du Édith Piaf avec son accent irrésistible. L’ambiance est au rendez-vous!
MANGEONS!
Le serveur, empressé, sympathique, répond à toutes nos questions. Le menu regorge de détails, de mots inconnus, de saveurs à explorer. On y retrouve aussi, tourisme oblige j’imagine, des pâtes et pizzas plus "standards" ainsi qu’une fondue au fromage. Déjà à la première lecture, la description des desserts, faits maison, attise ma convoitise…
Je commence par vous raconter la fin de mon repas, car ma faim déjà pleinement comblée s’est réveillée à nouveau devant les desserts les plus originaux qu’il m’ait été donné de voir et de goûter. Ma longue assiette divisée en trois me fait un triple clin d’oeil: la vedette, le pavé de dattes au sésame, simple mais charmant. À gauche, un "bonbon", où s’entremêlent à l’intérieur d’une pâte feuilletée courge butternut, clémentine confite et menthe. Parsemées dessus, autour, des noix et des pistaches caramélisées. À ma droite, une glace à la coriandre et abricot, surprenante et délicieuse. L’homme n’est pas en reste. Son assiette a trois couleurs: le blanc, pour le risotto au lait de coco, l’orangé, pour la purée de mangue, et le vert, pour la glace au thé vert. Déposé joliment sur le tout, un crumble fait de noix d’acajou et de pois au wasabi.
Cette conclusion est à l’image du repas. Qu’il s’agisse de l’entrée, avec mon parmentier dans une mini-cocotte où sont étagés agneau braisé, lentilles vertes, aubergines, courgettes et mousseline de chou-fleur au chèvre, ou de l’assiette hallucinante de chéri, composée de foie gras poêlé, d’une barre sucrée-salée avec gelée aux cerises griottes et glace aux shiitakes. Ou encore, du plat de résistance, où l’homme s’est enfilé un osso buco de cerf au thé du Labrador avec ravioles à la courge et bulles de parmesan, alors que de mon côté j’ai soupiré d’aise devant mon boudin en pâte feuilletée et son accompagnement de purée de légumes raves et roquette à l’émulsion de pomme.
Si défauts il y avait, ils étaient mineurs – par exemple, mon vis-à-vis a trouvé son apport en légumes un peu trop faible avec l’osso buco.
C’est que le paradis n’est pas encore de ce monde. Pourtant, on n’en était vraiment pas très loin…
Emballant /
Le décor, l’originalité des assemblages de saveurs, les meilleurs desserts en ville!
Décevant /
Un peu plus de verdure et de légumes dans certaines assiettes n’aurait pas fait de tort.
Combien? /
Environ 50 $ pour deux le midi et au moins 75 $ le soir (excluant boissons, taxes et service).
Quand? /
Tous les jours de 11h30 à 22h30 de mai à octobre. Le midi en semaine et le soir du mardi au samedi le reste de l’année.
Où? /
Pain béni
24, rue Sainte-Anne
Québec
418 694-8495
www.aubergeplacedarmes.com
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable