On prend vite ses aises dans le chouette local aux allures de bistro français ascendant urbain, égayé du chant de Thomas Fersen. Près du mur ouest trônent des comptoirs réfrigérés qui hébergent boissons et divers produits fumés sous vide, laissant croire – à tort! – à un petit resto où on grignote sur le coin de la table, quand on n’apporte pas son souper à la maison… Nous découvrirons rapidement notre méprise. Enfin, lorsque mon amie Catherine, victime de sa légendaire indécision, aura finalement tranché entre le sauté de pétoncles, le smoked meat maison, le tartare de saumon et le poulet fumé grillé au caramel de balsamique…
Je profite de ses tergiversations pour discuter avec la sympathique serveuse, qui m’apprend que le Saumum est ouvert depuis septembre dernier, qu’il abrite un fumoir – habituellement offert aux regards, sauf certains soirs – et qu’il est le seul resto au Québec à servir du saumon blanc (qui doit sa couleur à sa diète de harengs). Pourquoi ce privilège? Semble-t-il que le copropriétaire Pierre Fontaine, aussi à la tête du Fumoir Grizzly à Saint-Augustin, a d’excellents contacts. Tant mieux pour moi, qui raffole de ce poisson mais n’en ai jamais goûté à la chair d’ivoire.
Mais d’abord, les entrées – et du vin, en l’occurrence un Picpoul de Pinet Reine Juliette 2008. Catherine a fini par choisir une terrine de jambon fumé aux pistaches avec confit d’oignon grenadine. Très dure sous le couteau, la terrine ne laissait pas présager une texture aussi agréable, sans parler du goût, délicatement épicé. Le confit, d’un beau rouge rosé, s’avère un partenaire idéal. Je craque de mon côté pour les minces tranches de canard fumé qui chapeautent ma verrine: je les mangerais volontiers seules. Mais elles se marient si bien au chèvre et à la compotée de poires qui complètent cette copieuse entrée! Le "potage" est une soupe au boeuf et légumes, nous apprend la serveuse en déposant les bols devant nous. Catherine et moi nous regardons furtivement, connaissant notre peu d’attrait pour la chose. Surprise, encore une fois! Le bouillon est savoureux, sans excès de sel, et le boeuf, très tendre, se défait presque sous la simple action du regard. Décidément…
Tout fier sur son monticule de quinoa, mon pavé de saumon blanc – non fumé, chose rare ici – arrive en même temps que Martha Wainwright commence à chanter Piaf. Sa blancheur est rehaussée de vives couleurs – merci à l’émulsion de mangues et aux asperges grillées sur lesquelles il est "empalé". Impatiente, j’y plonge ma fourchette pour découvrir un goût un peu plus fin que celui du saumon de l’Atlantique; je tente de ne pas trop le masquer sous les saveurs prononcées de la mangue. La serveuse m’avait avertie que le saumon blanc était plus gras: rien n’y paraît. La chair, floconneuse et assez légère, se détache en tendres et fines lamelles. Franchement délicieux. Devant moi, Catherine fait honneur à son sauté de pétoncles au miso sur lit de nouilles croustillantes, très bon malgré le goût fumé un brin envahissant des mollusques.
Nous n’avons plus faim, mais prenons tout de même quelques bouchées de nos desserts. Si le "Somptueux à l’érable" s’avère plus spongieux que somptueux, la croustade aux pommes et à la mousse de canneberges se charge de clore ce repas d’une fort agréable façon. Tout comme l’excellent allongé de Catherine, dernière surprise mais non la moindre.
Emballant /
Le saumon blanc en exclusivité, les nombreux produits fumés sur place, les accompagnements santé, l’ambiance sympa
Décevant /
Certains desserts, la maigre carte des vins
Combien? /
Le soir, 65 $ pour deux (avant boissons, taxes et pourboire); le midi, 30 $ pour deux (incluant une bière).
Quand? /
De 11h à 21h en semaine (fermeture à 20h le lundi), le samedi de 8h à 21h, le dimanche de 9h à 20h.
Où? /
Saumum café bistro
1981, rue de Bergerville, Québec
418 687-1981
www.saumumcafebistro.com
LÉGENDE /
Cuisine
Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable