Restos / Bars

Il Pagliaccio : Le temps des bouffons

Si vous cherchez un restaurant de cuisine italienne des plus classiques, Il Pagliaccio est pour vous. C’est convenu, certes, mais sans faute.

Avec ce titre, vous allez sûrement vous demander: mais de quoi parle-t-il, ce chroniqueur déjanté? C’est pourtant bien le nom de ce nouveau restaurant italien de l’avenue Laurier, à Outremont. Il Pagliaccio, c’est le clown, le pitre, en italien. Ça tombe bien en plein Festival Juste pour rire et Montréal Complètement Cirque! Ne me demandez pas pourquoi le propriétaire a voulu le baptiser ainsi, car ce Pagliaccio a des airs plutôt sévères. D’ailleurs, l’homme aux commandes, Manuel Silva, a passé l’essentiel de sa carrière au Latini, une référence en matière de restaurants italiens à Montréal, le genre de cuisine où l’on prend la chose très au sérieux.

Il s’est installé dans les locaux de l’ancien Bazaar, lesquels, dans mon souvenir, étaient fort lumineux. Il en a fait une salle plus sombre, boisée, légèrement kitsch avec ces vitres translucides et colorées qui cachent la cuisine. Un choix surprenant en pleine mode de cuisine ouverte, mais Manuel préfère le calme, et éloigner les clients des odeurs de graillon. Étonnant, Manuel est d’origine portugaise. Mais il préfère la cuisine de la botte, si réputée, si populaire. C’est sûrement pourquoi il a aussi tenu à ce que la carte soit claire comme de la San Pellegrino. Courte, simple, facile à décrypter, elle permet de faire son choix en moins de deux minutes. C’est rare.

Au menu

Vrai, on a fait le tour du menu en quelques minutes seulement: neuf entrées, cinq pâtes et un risotto, quatre plats principaux. On y retrouve les archiclassiques salade de roquette et parmesan, calmars grillés, crevettes marinées et salade de fenouil et orange. Et, bien entendu, la mozzarella di bufala et son cortège de tomates. En l’attendant, on nous sert du pain frais que l’on trempe dans une excellente huile d’olive laissée à portée de main sur la table. La salade caprese, donc, est un incontournable. Eh bien, c’est une jolie tour de Pise dans l’assiette, alternance de tranches de tomates savoureuses et de mozzarella fondante, rehaussée d’huile aromatisée au basilic. C’est frais, bien fait, très satisfaisant.

Le carpaccio est un autre classique dont je raffole. Les tranches de filet de boeuf sont fines, presque translucides, décorées d’une salade de roquette et de copeaux de parmesan. La salade sur le dessus est trop chargée de vinaigrette à mon goût (et, du coup, trop molle) mais c’est un plat délicieux. Pour la fascinante petite histoire, le rouge vif de la viande rappelle celui des peintures de Vittore Carpaccio, un artiste italien du 16e siècle qui a inspiré l’inventeur de ce célèbre plat, Giuseppe Cipriani, au milieu du 20e siècle.

Côté plats, il faut évidemment goûter aux pâtes. Les gnocchettis (des petits gnocchis, vous aurez compris) sont farcis de fromage ricotta et servis dans une sauce tomates et fines herbes tout en légèreté. C’est fin, très fin, ça se mange sans faim.

Le risotto, que bien des restaurateurs inscrivent à leur menu dans la section pâtes (mais pourquoi?), est une surprise. Bien qu’il apparaisse croquant, il est très moelleux. Et peu crémeux. Il est rehaussé de petits dés de courgettes et de speck, ce merveilleux jambon sec italien. On vous sert à volonté du parmesan frais, grâce à une superbe râpe à fromage. Personnellement, j’aime y ajouter un trait d’huile d’olive. Un goût fruité très enrichissant.

Douceurs

Tout aussi classiques: le tiramisu, soyeux, fin, légèrement alcoolisé, est une petite merveille. La panna cotta est un peu gélatineuse à mon goût, mais somme toute bien réussie.

Emballant /

Une cuisine italienne des plus attendues, et précise, à un prix raisonnable. Un service professionnel, attentif et sympathique.

Décevant /

Ça manque un peu de folie ici. L’ambiance est très sage, tout comme la cuisine. La climatisation est quelque peu déficiente en période de canicule.

Combien? /

À midi, comptez une vingtaine de dollars par personne. En soirée, pensez plutôt à une cinquantaine de dollars. Carte des vins limitée, en attendant les importations privées, bientôt.

Quand? /

Du lundi au vendredi de 11 h 30 à 14 h 30. Du lundi au samedi de 17 h 30 à 22 h.

Où? /

Il Pagliaccio
365, avenue Laurier Ouest, Montréal
514 276-6999