Restos / Bars

Brasserie T! : T comme… Toqué!

Un autre resto s’est installé sur la place des Festivals. Bienvenue à la Brasserie T!, une brasserie française pilotée par l’équipe du Toqué!.

Tandis que ma collègue Andrée Harvey est allée essayer le resto voisin, le F Bar (dont la chronique est aussi publiée dans cette édition), je me suis porté volontaire pour tester le nouveau jouet de Normand Laprise, chef émérite et fondateur du célèbre restaurant Toqué!. Cette brasserie, c’est d’abord un étrange local tout en longueur, très lumineux, conçu, tout comme celui du F Bar, par les architectes Daoust Lestage. D’aucuns leur trouvent l’air de conteneurs déposés sur le trottoir; vus de devant, je leur trouve plutôt une ressemblance avec des wagons de tramway des temps modernes.

À l’intérieur, la déco est chaleureuse grâce à des tons d’orange et d’aubergine mettant en appétit. La terrasse donne directement sur la place: autant vous dire qu’en plein festival, c’est très animé et tout aussi bruyant. En salle, on parvient à trouver un peu de calme. La cuisine, elle, est dissimulée au sous-sol. C’est là qu’on prépare ce menu de brasserie très carnivore: cochonnailles, casse-croûte, tartares et plats classiques. Le grand chef se fait donc plaisir et fait un pied de nez à son image de restaurateur haut de gamme. Son équipe concocte plutôt le genre de cuisine qu’il a sans doute lui-même envie de savourer après une longue journée de travail. Simple et sympathique.

Au menu

En entrée, nous avons commandé une grande planche de charcuteries variées. Elles sont préparées maison, sauf le jambon. Un saucisson en brioche, délicieux. Des cretons de porc, traditionnels et grassouillets. Un cromesqui de tête fromagée tout à fait savoureux. Explication: il s’agit d’une charcuterie préparée à base de tête de porc, puis panée et frite. Dire que c’est riche relève du pléonasme, d’autant qu’on le sert avec une sauce gribiche, sorte de mayonnaise montée à l’oeuf cuit, rehaussée de cornichons et d’herbes fraîches. La touche Laprise, c’est aussi (et surtout) le choix des produits, comme ce prosciutto La Quercia élaboré par un couple de fermiers de l’Iowa (et, paraît-il, amish), vraiment remarquable.

Évidemment, toute brasserie a son tartare. Et comme vous le savez peut-être, c’est aussi l’obsession de votre chroniqueur. Ici, il est traité de façon très simple. Trop, même. Avis aux amateurs, il est haché très fin à la moulinette, comme on l’aime en Belgique. Par contre, il manque cruellement d’assaisonnement. Quelques échalotes émincées, du persil et trop peu d’huile d’olive. Heureusement, on peut toujours utiliser la moutarde des charcuteries pour lui donner un coup de fouet. En accompagnement, un mesclun de jeunes pousses à la vinaigrette mielleuse. Voilà un tartare qui ne fera pas l’unanimité en ville.

La coquille Saint-Jacques est un autre classique: pétoncles, épinards, crevettes et champignons de Paris s’entremêlent dans une sauce béchamel, cerclés d’un trait de purée de pommes de terre. Pas mal. La côte levée de porc est fidèle à la tradition: fondante, relevée d’une sauce BBQ sucrée et accompagnée de quelques frites (ordinaires) et d’une salade de chou.

La saucisse de Montréal, élaborée par l’équipe de Normand Laprise pour détrôner la saucisse de Toulouse, est succulente. À base de chair de pintade douce, elle est servie sur salade tiède d’oignons et de poivrons rouges fondus. À essayer.

Douceurs

Au moment des desserts, nous constatons que l’éclair a eu chaud; il faut dire que dehors, c’est la canicule. Il est recouvert d’un beau glaçage de chocolat noir et rempli de crème pâtissière. Le nougat glacé en pot ne restera pas dans les annales. Le taux de sucre élevé en assomme la délicatesse. Et le gâteau aux carottes? Ben, c’est un gâteau aux carottes.

Emballant /

Le soin apporté au choix des produits. Les cocktails très originaux. La carte des vins, intéressante. Les prix doux qui rendent l’expérience accessible.

Décevant /

Évidemment, quand on sait qu’on a affaire à Normand Laprise, le degré d’attente est élevé! Mais ici, on découvre une cuisine somme toute sans artifices. Disons que c’est davantage l’emplacement stratégique de la Brasserie T! et l’assurance de produits de qualité qui nous incite à y revenir, plutôt que sa créativité culinaire.

Combien? /

À midi comme en soirée, préparez au minimum une trentaine de dollars par personne.

Quand? /

Tous les jours, dès 11 h 30.

Où? /

Brasserie T!
1425, rue Jeanne-Mance, Montréal
514 282-0808, www.brasserie-t.com