C’est du lard ou du cochon? Suspendue à un mur à l’angle de l’avenue Papineau et de la rue Ontario, une grosse truie tatouée et vêtue d’une robe noire fait de l’oeil aux automobilistes qui patientent au feu avant de se diriger vers le pont Jacques-Cartier. Racoleuse, elle a été postée là pour nous inciter à visiter un restaurant baptisé "Chez ma grosse truie chérie" exprès pour faire jaser les Montréalais. Dans ce coin de la ville, juste en face du Lion d’Or et du très apprécié resto Au Petit Extra, ce nouvel établissement au nom rigolo remplace avantageusement l’ancien comptoir à pizza.
À l’intérieur, changement d’ambiance. Nous sommes accueillis par des serveurs habillés en noir et blanc et cravatés. Très chic. La déco est tout simplement magnifique. On se croirait dans le décor rétro-futuriste d’un roman de Jules Verne. Les murs sont revêtus de métal argenté martelé, le plafond haut est orné de globes de lampadaires antiques récupérés chez Hydro-Québec. Sur un mur, une oeuvre d’art en métal représente la lune avec ses cirques et ses cratères. Mon coup de coeur? La superbe terrasse avec son sol noir et blanc psychédélique, décorée d’une installation électrique monumentale, des turbines géantes également récupérées auprès d’Hydro-Québec. On en a plein la vue.
À table!
Avis aux amoureux et aux tandems d’inséparables, il n’y a pas de table pour deux Chez ma grosse truie chérie (sauf en terrasse). Mon compagnon et moi avons donc pris place côte à côte sur les chaises hautes (une autre particularité de l’endroit) à l’une des superbes tables (d’anciennes pistes de bowling recyclées) pouvant accueillir une douzaine de convives. En face de nous, un autre couple tentait désespérément de préserver son intimité. Peine perdue: le restaurant a été pensé pour accueillir des groupes et pour que le party pogne. D’ailleurs, certains soirs, il y a même des musiciens live pour s’occuper de l’ambiance. Le menu est conçu dans le même esprit convivial: entrées et plats à partager, généreux plateaux de fruits de mer… voilà de quoi réjouir les groupes d’amis et les familles nombreuses.
Cela dit, nous avons été un peu déçus par l’entrée que nous avons commandée. D’abord parce que cette assiette "tout saumon", supposément préparée pour deux, n’était pas très copieuse. Ensuite parce que les différentes déclinaisons de saumon qui la composaient – carpaccio de saumon, saumon mariné à la betterave, saumon fumé à la pomme et tartare de saumon -, bien que joliment présentées, manquaient de saveur.
Heureusement, nous nous sommes régalés avec les plats principaux: un porcelet de lait (on ne pouvait pas passer à côté) servi avec une goûteuse polenta au cheddar et des petits légumes de saison pour moi, et le plat du chef pour mon convive, ce soir-là un magret de canard fumé accompagné de pétoncles cuits et servis dans leur coquille. Les deux viandes, des morceaux de grande qualité issus d’élevages locaux, étaient cuites à la perfection. Le chef, contrairement à la mode actuelle, est généreux avec la sauce, et c’est tant mieux. Un mot sur la vaisselle: elle vient de l’ancien restaurant Hélène de Champlain, sur l’île Sainte-Hélène, fermé en janvier 2010. Elle donne une allure rétro à tous les plats. On les dirait sortis d’un vieux livre de cuisine des années 80. Charmant.
Douceurs
Les desserts, frais et délicieux, sont le clou de la soirée: une salade de petits fruits de saison parfumée au muscat et recouverte d’une coque de nougatine pour monsieur, et pour moi, un assortiment de crèmes glacées maison (mon vice pas si secret) aux parfums de saison, melon, pêche, fraise, vanille et morceaux de macaron et gingembre et yogourt. Amusant mais pas très pratique: les cuillères à dessert sont en fait de grandes cuillères à cocktail torsadées.
Emballant /
Le superbe décor et le soin apporté aux détails dans les présentations. L’ambiance festive et conviviale. Cette grosse truie chérie est assurément un animal de caractère!
Décevant /
Il faut se laisser embarquer dans le concept et faire fi du haut niveau sonore. Au sortir du restaurant, on ne comprend toujours pas très bien le pourquoi de son nom et de l’enseigne à l’effigie d’une truie coquine.
À suivre /
En plus de Chez ma grosse truie chérie, les propriétaires de l’établissement, Le Clos Papineau-Ontario, prévoient installer deux autres restos à ce coin de rue, Le Trottoir (ouverture imminente), un comptoir de prêt-à-manger, et L’Effet boeuf, qui verra le jour à l’automne.
Combien? /
Comptez facilement de 50 $ à 60 $ par personne hors taxes, service et boissons.
Où? /
Chez ma grosse truie chérie
1801, rue Ontario Est, Montréal
514 522-8784, www.chezmagrossetruiecherie.com