Restos / Bars

Savini : Ni chaud ni froid

Rapidement devenu un point de chute sur Grande Allée, le Savini mise sur l’ambiance, un vaste choix de vins au verre et la convivialité du service. Reste cependant quelques efforts à fournir en cuisine pour que l’offre soit complète.

À la table d’à côté, trois cinquantenaires palabrent sur les aléas du célibat, décrivent un voyage ennuyeux dans je ne sais quelle destination exotique et s’interrogent sur les vertus de la parentalité tandis que j’observe leurs assiettes: presque aussi tristes que leurs vacances.

Dans ce genre de resto au décor étudié où l’on a investi un budget faramineux afin d’en mettre plein la vue au client, on escomptait un peu plus de raffinement côté présentation. Au moins, un certain effort.

Côté goût? Résumons que si on s’activait en cuisine à faire à moitié aussi bien qu’en salle où, de l’accueil au service, le personnel s’avère compétent, diligent et attentionné, sans doute mangerait-on ici comme des dieux.

Pas que ce soit mauvais. Seulement, compte tenu du prix des plats commandés, on était en droit de s’attendre à mieux.

En entrée, les calmars ne sont pourtant pas vilains. Peut-être un peu huileux, mais leur panure est croquante, et la bestiole, aussi goûteuse qu’agréable sous la dent. La sauce tomatée qui l’accompagne est efficace, parfaitement épicée. Mais à ce prix (13 $), on espérait, à défaut d’être transporté, un panier plus généreux que celui-là.

De mon côté, les croquettes de riz, fromage et prosciutto ne payent pas de mine. Degré zéro de la présentation, elles flottent, indolentes, sur une sauce tomate anonyme qui se révèle cependant salvatrice, puisque les croquettes en question sont d’une incontestable fadeur. La fraîcheur et le sucre de la tomate parviennent presque à racheter ce plat que je ne terminerai toutefois pas, par manque d’intérêt.

Suivent les plats principaux. Pour elle, pâtes au homard, garrochées dans l’assiette, mais cuites à la perfection, gorgées d’ail (faut aimer), et généreuses, cette fois. On n’a pas lésiné sur la chair de crustacé, présente dans presque chaque bouchée, mais les pinces sont bien trop cuites, et donc coriaces. De mon côté, j’ai eu du mal à choisir dans ce menu de trattoria assez vaste pour y consacrer un bon moment. Tenté par un risotto aux champignons et foie gras, par un des 16 choix de plats de pâtes et par l’escalope de veau citronnée, j’ai finalement penché pour un classique: le jarret d’agneau. Déception, c’est du basilic haché qui a remplacé la gremolata promise au menu. Pour le reste, la pièce de viande est un peu grasse, correctement braisée, la sauce onctueuse, bonne mais sans plus. Il lui manque le oumpf que lui aurait justement conféré la gremolata. Les pâtes qui accompagnent le plat, elles, sont irréprochables.

Côté vin, là aussi, le choix est grand, surtout qu’on se trouve dans une vinothèque qui promet un éventail considérable de vins au verre. On aurait bien pris un Beaucanon (sublime!), mais à 22 $ pour un verre de cinq onces, on se rabat sur un Messias du Douro, moins intéressant, mais à un prix décent. En face, on réclame les services oenologiques du serveur qui connaît bien sa carte, et dont les conseils sont judicieux: un Papa Luna San Gregorio, dont l’assemblage se révèle d’une finesse certaine, le fruit bien présent, avec une agréable touche d’épices en prime.

L’ambiance vire au lounge et les clients s’agglutinent au bar tandis que nous commandons les desserts. Tortoni (gâteau glacé) pour elle, indémodable tiramisu pour moi. Malgré l’abus de cacao en surface, je m’en régale, mais l’enthousiasme est plus modéré pour le tortoni. La facture arrive promptement et, si le montant total n’est pas une surprise, puisqu’on a vu les prix au moment de consulter le menu, nous vient cette petite amertume en bouche qui accompagne l’impression d’en avoir eu trop peu – soit en quantité, soit en plaisir – pour notre argent.

Emballant /
Le service et l’accueil chaleureux, la cuisson des pâtes et le choix de vins au verre.
Décevant /
La présentation bâclée, le manque de finesse dans la confection des plats et les prix parfois prohibitifs.
Combien? /
Environ 35 $ pour deux le midi et 75 $ le soir, excluant boissons, taxes et service. Tables d’hôte de 27 à 36 $ par personne.
Quand? /
Tous les jours de 11h30 à 23h30, pizzas jusqu’à 1h.
Où? /
Savini
680, Grande Allée Est, Québec
418 647-4747
www.savini.ca

LÉGENDE /

Cuisine

Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable