Restos / Bars

Les Bossus : Esprit simple

Pourquoi faire compliqué quand on peut servir une cuisine goûteuse, habilement exécutée et loin du tape-à-l’oeil? Aux Bossus, l’esprit bistro français s’incarne dans chaque bouchée.

L’endroit grouille de touristes et de familles qui, on le devine, sont venus souper avant de se rendre au Moulin à images ou au spectacle extérieur du Cirque du Soleil, tout près. À côté de nous, un Français se plaint du vin maison (Finca Flichman). "Je m’attendais à avoir un vin local, nous glisse-t-il à l’oreille. Mais c’est un argentin!" Après lui avoir expliqué qu’au Québec, vin "maison" signifie habituellement vin à bas prix, nous épluchons le menu où trônent maintes spécialités bistro: foie et ris de veau, salade landaise, tartares de boeuf et de saumon, boudin aux poires, confit de canard, rognons de veau à la moutarde…

Le serveur, l’air stressé, vient nous voir quelques fois avant qu’enfin, nous passions commande. Nous avons mis le temps, c’est vrai. Mais pas autant que la corbeille de pain, qui brille longuement par son absence, et que nos entrées, qui tardent atrocement à se matérialiser devant nous. Bon prince, le serveur remplit de nouveau nos verres (Grande Toque pour moi, pinot gris Pfaffenheim pour Catherine) afin de nous aider à patienter.

Enfin! Voici mes rillettes de lapin. Mon enthousiasme est malheureusement terni par leur carence d’épices et leur légère sécheresse. Pourtant, les rillettes, c’est comme les oies de l’aubergiste belge Mannekenpix dans Les Douze Travaux d’Astérix: c’est bon parce que c’est gras.

Je pardonne tout lorsque je goûte aux escargots au Pernod dont Catherine se délecte devant moi. D’une texture délicieusement fondante, égayés d’un goût anisé juste assez présent, les mollusques forment une jouissive union avec le feuilleté aérien qui les accompagne.

Autant nous avons attendu nos entrées, autant nos plats principaux ne font ni une ni deux avant de débarquer sur la table. On a à peine le temps de commander un autre verre (Grande Toque de nouveau pour moi, Pascual Toso pour Catherine).

Amatrices de boeuf, mais peu enclines à nous en cuisiner, nous avons opté pour le tartare et la bavette. Le premier se révèle très satisfaisant, malgré une surdose de mayo. Les morceaux de viande sont d’une grosseur parfaite et l’oignon ne s’impose pas. Mais Catherine l’avait demandé assez relevé, ce qu’il n’est pas. Une bouchée test aurait été appréciée… Les frites, elles, oscillent entre un croustillant agréable et une navrante mollesse. On se réjouira plus de leur voisine, une mesclun rehaussée d’une pimpante vinaigrette.

Les mêmes accompagnements se retrouvent dans mon assiette, encerclant ma bavette de boeuf, très goûteuse, mais un peu plus "médium" que saignante, malheureusement. Les saveurs de la sauce aux échalotes, bien serrée, explosent en bouche, nous faisant oublier son léger excès de sel. La viande est tendre, quoique l’extérieur accuse une certaine sécheresse par endroits.

Nous mangeons de bon appétit, stimulées par les divers accents et langues étrangères qui retentissent dans l’élégant local garni de boiseries sombres, de miroirs format géant et d’un long mur de brique. Les serveurs, vêtus de chemises blanches et tabliers noirs, comme il se doit, se démènent adroitement. Il n’en manquerait pas beaucoup pour qu’on se croie à Paris, vraiment.

Nous terminons sur une note bien française avec une délicieuse crème brûlée, légère et fluffy à souhait, couverte d’une croûte parfaitement caramélisée, craquante comme l’aime sans doute Amélie Poulain. "Vous travaillez pour le Guide du routard, Le P’tit Futé?" me demande notre voisin de table, me voyant griffonner dans mon calepin. "Je vais vous dénoncer, moi…" blague-t-il. Trop tard, le repas est fini. Nous lui souhaitons bonne chance avec le vin maison, et nous partons.

Emballant /

Les classiques bistro bien exécutés, l’ambiance chaleureuse, la déco simple mais élégante.

Décevant /

Le service inégal, le mince choix de vins français.

Combien? /

Environ 40 $ pour deux le midi et 60 $ le soir (excluant boissons, taxes et service).

Quand? /

De 11h à 22h en semaine, de 9h à 22h la fin de semaine.

Où? /

Les Bossus
620, rue Saint-Joseph Est, Québec
418 522-5501
www.lesbossus.com

LÉGENDE /

Cuisine

Du grand art!
Très bonne table
Bonne table
Satisfaisante
Passable