Restos / Bars

Le Canard Huppé : L'île aux canards

L’auberge champêtre Le Canard Huppé célèbre le terroir insulaire avec une cuisine riche, inventive, en phase avec les saisons et l’air du temps.

Chaque fois, je traverse l’île d’Orléans avec l’impression de refaire le même vieux rêve agréable, réconfortant de beauté et de tranquillité familière. La route est bordée de ces paysages qui ravissent l’oeil, le chemin ponctué de cabanes plus ou moins bancales dont les étals croulent sous les petits fruits. J’ai la sensation d’être un touriste chez moi, ce qui ne me déplaît pas du tout.

Dans la cour de l’Auberge du Canard Huppé, des touristes, de vrais ceux-là, attendent l’heure du souper en discutant mollement. L’été idyllique nous a gratifiés d’une de ses innombrables journées de beau temps, les sourires semblent imprimés sur tous les visages.

Accueillis par la voix de Frank Sinatra (Strangers in the Night), nous sommes diligemment guidés à notre table, au coeur d’un décor champêtre qui, pour ceux qui n’apprécient guère le genre, n’en fait heureusement pas trop. La salle est presque déserte, il est un peu tôt.

Peu importe, nous mourons de faim.

Apéros en main, nous attaquons donc le menu. Rapidement, Soph y va pour le canard (qu’on a brillamment accompagné de fines tranches de cantaloup et melon d’eau). Tenté par la crème brûlée au foie gras et la terrine de gibiers, je penche pour un tartare de boeuf dont j’ignore à ce moment qu’il sera parfait. Couronné de légumes frits qui craquent en bouche, il se révèle admirablement relevé, sa texture fine – mais pas en bouillie -, le goût de la viande soutenu plutôt que masqué par l’assaisonnement. Ma blonde, que la viande crue n’excite guère, ne tarit pas d’éloges. Lorsqu’elle réclame une deuxième bouchée, on la devine en pleine séance de réconciliation.

Déçus par le peu de choix de vins au verre, nous nous rabattons sur une demi-bouteille d’un Cahors (Château St-Didier-Parnac, 2006) qui fera parfaitement l’affaire, surtout avec ce qui s’en vient.

Pour moi, un magret de canard serti d’une poêlée de champignons qui nagent dans une sauce au vin rouge et qui m’obligent à revisiter mon héritage catholique. "!%# @* que c’est bon", dis-je, en tendant une fourchette sur laquelle j’ai empalé une large tranche de canard et des champignons ruisselant de sauce. Une purée de pommes de terre (et peut-être de céleri rave, aussi?), des fèves jaunes et des carottes forment un lit de saison pour le délicieux volatile, dont la cuisson est impeccable.

J’en ai presque oublié son assiette à elle.

C’est bon?

Son regard indécis me dit que sa côtelette de cerf brille un peu moins que mon magret. Il faut dire que le goût du charbon de cuisson est un peu envahissant, mais après quelques bouchées, on s’y habitue, et les autres saveurs reprennent leur place. En particulier lorsqu’on y ajoute quelques bleuets qui font exploser le goût du gibier.

Nous échangeons des bouchées, regardons autour: la salle s’est remplie. Le personnel, empressé, jauge efficacement sa clientèle, et selon le type, oscille efficacement entre la déférence et une familiarité qui n’est jamais grossière.

Moi, par contre, je le suis un peu – grossier – au moment du dessert, tandis que j’inhale un pudding renversé aux petits fruits en oubliant presque de faire goûter, plongeant ensuite à corps perdu dans la trilogie de desserts qui s’étale, indécente, de l’autre côté de la table. Je suis ivre de sucre. ?

EMBALLANT /

Le menu décomposable qui permet d’y aller simplement ou de se faire un festin à plusieurs services, le respect des produits de base et l’intelligence de la conception.

DÉCEVANT /

Les vins au verre, il y en a trop peu.

COMBIEN? /

Environ 80 $ pour deux personnes pour l’entrée et le plat principal (excluant boissons, taxes et service). Ensuite, tout dépend de ce qu’on décide d’ajouter (potages, mises en bouche, salades, desserts).

QUAND? /

Tous les jours pour le souper. Ou petits-déjeuners pour les chambreurs et sur réservation, dès 8h.

OÙ? /

2198, chemin Royal
Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans
418 828-2292
www.canard-huppe.com