Restos / Bars

Mistral gagnant : C'était un petit bonheur

"Bonne cuisine et bon vin, c’est le paradis sur terre", annonce le menu du Mistral gagnant. Sans nous téléporter au septième ciel, les plats de ce coloré resto du Vieux-Port parviennent à nous arracher plusieurs soupirs de félicité.

Quoi de mieux, pour prolonger l’été, que de laisser les plaisirs de la table nous transporter en douce Provence? Tout de suite, on pense bouillabaisse, huile d’olive, pastis, aïoli, tapenade, poissons frais, pissaladière… Et on est contente de constater que le décor du Mistral gagnant, simple et ensoleillé, évoque cette chaude région de France avec ses tons de jaune et de bleu, ses nappes ornées de branches d’olivier.

Même si le menu n’affiche pas tous les classiques de la cuisine provençale – et s’en écarte quelquefois; que fait donc là la salade César? -, il met en appétit. Pour moi, un tartare deux saumons parfumé à la limette; pour Catherine, un feuilleté d’escargots au pastis. Je rechigne un peu en voyant apparaître mon entrée, dont les morceaux détaillés très petit lui donnent une apparence un brin vaseuse. Pas de panique: en bouche, le tartare se tient comme un grand. Le goût du saumon fumé prend un peu trop de place, et celui de la limette ne sort pas de sa cachette, mais peu importe. Le feuilleté? Il manque de… feuilleté, justement, puisque la pâte joue les lourdaudes. Rien à redire des escargots cependant, ni du pastis, qui se manifeste juste assez. Catherine a ensuite droit à un gaspacho correct, mais qui n’a rien de mémorable, en raison de son excès d’ail et de quelques grumeaux malvenus.

Ça rit, boit et jase fort alentour, les deux serveurs sautillent d’une table à l’autre, une chaude brise entre par la fenêtre ouverte: je passerais bien deux ou trois jours à Marseille, tiens. Quelques gorgées d’un rafraîchissant Jardins de Bouscassé d’Alain Brumont, et voilà les plats principaux qui font leur entrée. Amatrices des divins fruits que la mer daigne nous donner, nous avons écarté les linguine au pistou, suprême de volaille farci au chèvre, ris de veau aux champignons, magret de canard aux pêches et autres côtelettes d’agneau thym et basilic. Comment passer à côté de la bouillabaisse? Ce serait comme manger une salade dans un steakhouse. Dans un excellent bouillon tomaté et juste assez relevé, moules, pétoncles, saumon, mahi-mahi et crevettes font trempette. Je les sauve vite de la noyade, fière de mon exploit. La rouille, la rouille! D’une onctuosité désarmante, elle n’est rien de moins qu’exquise. Je me questionne quelques secondes sur la justesse de l’appellation bouillabaisse, qui implique, il me semble, des poissons servis entiers en plus de la soupe de poisson. Catherine interrompt mes réflexions lexicographiques en m’offrant une bouchée de son "arrivage de la mer", un mahi-mahi au beurre blanc et à l’huile de basilic. Le pauvre a passé trop de temps sur le feu, mais ses accompagnements sauvent la mise: savoureuse huile de basilic, surprenante purée de pommes de terre et olives noires.

Du sucré pour terminer? Bien sûr. La crème Mistral me soutire quelques cris de surprise: cette crème brûlée au pastis ne manque pas de charisme! Croûte parfaite (on ne mangerait que ça!), crème légère mais pas trop, enivrant goût de pastis. Dommage pour la tarte au citron, qui récolte moins de points… et d’exclamations. La responsable: sa pâte, plus qu’ordinaire. Je me rabats sur ses colocataires: bleuets, menthe et coulis de fruits rouges. Frais et santé.

EMBALLANT /

Plusieurs plats bien exécutés, la constance du service malgré une salle bondée.

DÉCEVANT /

La carte pas toujours provençale, des prix parfois dignes du secteur touristique du Vieux-Port.

COMBIEN? /

Pour deux, environ 80 $ le soir, 30 $ le midi (excluant boissons, taxes et service).

QUAND? /

Du mardi au samedi de 8h à 14h et de 17h30 à 21h. Ouverture à 11h30 à partir du 1er octobre.

OÙ? /

Mistral gagnant
160, rue Saint-Paul
418 692-4260
www.mistralgagnant.ca