Jamais on ne penserait pouvoir commander du foie gras au restaurant M. Wells si l’on ne se fiait qu’à la première impression que nous laisse l’extérieur de la bâtisse. Hugues Dufour, ancien sous-chef du resto Au Pied de cochon qui accompagnait Martin Picard dans ses pérégrinations dans les émissions Martin sur la route et The Wild Chef, a passé cinq mois à astiquer ce diner typique des années 50 pour atteindre un niveau de salubrité impeccable. Le resto étant situé dans un quartier semi-industriel de Queens, la question du choix de l’emplacement est inévitable: "J’habite juste au coin de la rue avec ma femme et cela faisait quelques mois que j’avais ce mystérieux diner en tête. Un jour, j’ai fait une offre et je ne le regrette pas", affirme Hugues. Il faut dire que le chef a quand même une idée de ce qu’il fait. Premièrement, il se trouve à deux stations de métro de Grand Central, point névralgique de Manhattan. Deuxièmement, l’offre gastronomique est quasi absente aux alentours et son menu est hyper abordable en comparaison de la moyenne new-yorkaise. Troisièmement, il est déterminé à populariser le foie gras, n’en déplaise à sa clientèle: "Il y a des gens qui froncent les sourcils quand ils lisent le menu. C’est sûr que mes plats sont plus élaborés que ce à quoi ils s’attendent parfois. Mais les prix sont vraiment ridicules pour le marché." Ainsi, une omelette soufflée au foie gras coûte 18 $ et il s’agit du plat le plus cher de la carte. C’est avec cette tactique sournoise qu’Hugues compte bien convaincre les Américains d’adopter le foie gras québécois: "Le problème, c’est que les restaurants de cuisine française ont vraiment exagéré les prix ici. Les Américains ont commencé à manger du steak avant d’avoir des patates. Payer 318 $ pour un morceau de viande, ça ne les dérange pas. Pour des portions de quelques grammes de foie gras toutefois, ça leur semble ridicule."
Même s’il ne veut pas subir la pression de faire de la poutine parce qu’il s’affiche comme québécois, le menu du restaurant M. Wells précise que plusieurs produits sont issus du Québec. "Je vais cuisiner un pâté chinois parce que j’aime ça, pas pour recréer le folklore québécois dans mon restaurant. Ça, ça ne m’intéresse pas." Parions toutefois que la tourtière trouvera sa place sur sa carte pendant le temps des Fêtes, lui qui en a fait une production clandestine l’an passé: "On devait en vendre pendant un marché de Noël mais notre kiosque a été annulé à la dernière minute. On a dû rôder autour du marché avec une cinquantaine de tourtières dans la voiture pour les vendre aux gens", se rappelle Hugues. Heureusement, il pourra cette année compter sur ses fourneaux au M. Wells.
Info: www.mwellsdiner.com