J’avais soupé au Soba quelques jours après son ouverture, fin mai. La nourriture autant que le service m’avaient laissée sur ma faim, je dois l’avouer. Ainsi revenais-je pleine d’espoir en ce mardi automnal, misant sur les bénéfices qu’apportent quelques mois d’adaptation.
Mes attentes n’auront pas été déçues en ce qui concerne le service. La jeune femme qui s’occupe de nous ne faillit pas à sa tâche de veiller à ce que nous ne manquions de rien.
Côté bouffe, par contre, les progrès escomptés ne sont pas au rendez-vous. À commencer par ma crêpe fine à l’effiloché de canard avec réduction à la prune et sauce hoisin. Sur papier, ça paraît divin. Mais je déchante lorsque l’assiette se pose devant moi. Dans ce plat tendance do it yourself, trois "crêpes" qui se rapprochent drôlement des tortillas mexicaines – farineuses, qui plus est – côtoient un monticule de canard effiloché et une trilogie de condiments: purée d’ail, concombres marinés et gingembre mariné. On doit se concocter son plat soi-même, alors que les aliments proposés semblent si peu s’accommoder l’un de l’autre. Peu tentée, je préfère manger les meilleurs éléments séparément: le canard, à l’agréable goût de cinq épices, et les fines tranches de cornichons.
Les dumplings de porc poêlés sauce aux arachides commandés par mon amoureux sont plus satisfaisants malgré une présentation sommaire. La sauce est bien goûteuse, contrairement à la farce des dumplings, qui manque d’assaisonnement.
En plat principal, monsieur a droit à une tempura de pétoncles au curry jaune escortée d’une roulade de concombre contenant champignons enokis, salade wakamé et daïkon (radis blanc). Sous les mollusques, une "émulsion de gingembre" qui ressemble dangereusement à de la sauce Wafu du commerce. Si l’accompagnement s’avère d’une fraîcheur bienvenue, la panure, elle, nous déconcerte. Mince, molle et sans l’ombre d’un croquant, elle révèle un désagréable goût d’huile surutilisée. Dommage, car dessous se cachent de délicieux pétoncles, dodus et fondants. On n’a qu’une tentation: les dévêtir de cette friture mal fichue. Voilà qui est fait.
Quant à mon sauté de porc à l’ananas, lait de coco et curry, il ne passera pas à l’histoire. Si la viande et les légumes sont correctement cuits, ils flirtent avec une certaine fadeur; on cherche en vain les saveurs de coco et de curry. Et la présentation laisse à désirer, surtout le riz – un peu sec – parsemé de rondelles d’oignons verts.
Le demi-litre de Côtes du Rhône (Domaine de la Maurelle 2008) est déjà vide. Le point culminant du repas arrive, mais nous ne nous en doutons pas encore. Bénis soient le fondant au chocolat et épices, sa délectable croûte et sa glace à la banane. Mêmes louanges pour mon sandwich glacé à la vanille, aux poires et au basilic. Très intéressant mélange de saveurs, agréablement dominé par le basilic. Avec un thé vert, ça aurait été parfait. Malheureusement, malgré ma commande, on m’a apporté un thé que je soupçonne chai. Enfin, il goûte la cardamome.
Le Soba a-t-il trop misé sur le look et pas assez sur la bouffe? Peut-être. L’endroit est d’un chic moderne, c’est incontestable: teintes dominantes de chocolat, touches de rouge savamment disposées, énormes abat-jour en papier, musique électro-lounge… La fin de semaine, la place grouille de groupes enjoués venus passer un bon moment. Or, une ambiance pétillante ne suffit pas à faire d’un resto un incontournable.
EMBALLANT /
Les desserts, la déco et l’effet "cocon", qui nous fait oublier que le resto se trouve sur le site d’un hôtel, près des autoroutes.
DÉCEVANT /
Un menu aux promesses pas toujours tenues, des présentations sommaires, des plats qui manquent de finesse.
COMBIEN? /
Pour deux, environ 65 $ le soir, 35 $ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire). Menu Bonheur d’Asie à deux à 47 $ pour trois services.
QUAND? /
En semaine, de 11h30 à 14h et dès 17h. Le soir seulement la fin de semaine.
OÙ? /
Soba
3121, boulevard Hochelaga
418 780-3338
www.lesoba.ca