Restos / Bars

Conti Caffè : Un rendez-vous avec l'élégance

Sympathique et raffiné, monsieur le Conti Caffè. Il nous baigne dans le feutre de son décor urbain, où l’art des plats italiens nous saisit l’oeil et le palais.

Ça sent l’automne rue Saint-Louis. Le vent frais se faufile à travers un contingent à kodaks qui me bloque l’accès au trottoir, son essaim de lentilles rivées sur le Château Frontenac. Mon ventre grogne.

J’ouvre la porte à mon amie et, d’une galanterie affectée, l’invite à entrer. Le tumulte du dehors s’étouffe et fait place au murmure du lounge, à la chaleur de la brique et de la pierre, au rouge des banquettes au-dessus desquelles s’élèvent des tableaux colorés. On vient nous accueillir, tout sourire, et nous savons que la courtoisie, ici, n’est pas affectée.

Sans ambages, on nous propose l’apéro. Le chardonnay (Rodney Strong) possède une telle finesse boisée en bouche qu’il conquiert la demoiselle assise en face de moi. Alerte à mon regard indécis, le serveur m’offre de goûter à l’Orvieto Cecchi, plus sec, plus timide, un choix agréable qui me permet d’amorcer la soirée avec légèreté.

Oh, mais j’oubliais, nous sommes affamés! Muets, nous parcourons le menu, incapables de nous empêcher de souffler des "mmmh" lorsque notre doigt s’accroche à l’encre d’un risotto, d’un carpaccio, d’un tartare de saumon, d’une escalope de veau au citron, d’un filet mignon de boeuf coiffé de gorgonzola ou d’une aventure épicée en compagnie des penne all’arrabbiata.

Et puis, ben, on choisit. Pis c’est l’émerveillement. Mes calmars frits, flanqués d’une sauce all’arrabbiata, se prélassent sur une salade au vinaigre balsamique. Des fleurs jaunes, un bouquet de persil italien. Bien qu’un peu tièdes, les petits gars sont croquants comme il faut et se laissent doucement pétrir sous la dent. Je jubile et les noie de sauce. Joëlle, elle, s’enorgueillit de ses crevettes roulées au prosciutto que l’on a déposées sur une salsa de mangue et de poivron assaisonnée à la perfection. Devant l’énormité de ma portion, je l’entends me demander: "Vas-tu avoir encore faim, après ça?" "Hey, chui un gars", que je lui réponds en léchant mes doigts, parce qu’au Conti Caffè, on ne se sent pas l’envie d’être guindé.

J’éprouve alors le désir d’arroser mon gosier d’un sangiovese (tandis que ma compagne poursuit son aventure avec le chardonnay, qui se mariera bien à son risotto), mais la carte au verre ne me le permet pas. J’opte pour un bon vieux Masi, assez épicé pour affronter mon osso buco nappé de sauce tomatée. Mes papilles y détectent le respect de la trinité culinaire italienne: des carottes, du céleri et des oignons. La viande est tendre, bien goûteuse, mais n’impressionne pas. Le risotto au homard, lui, se révèle parfaitement exécuté; très crémeux, il ne colle pas à la fourchette. Nous déplorons la rareté des asperges qui devaient l’accompagner et, bien que satisfaits, nous ne retrouvons pas l’enthousiasme suscité par le premier service.

C’est le tour du sucre. Je me gonfle d’envie. Pourtant, la cassata glacée de l’amie déçoit, l’attaque du Cointreau y est trop forte. Pour moi, le croquant au chocolat, bien que dense à souhait, ne possède pas ce je ne sais quoi qui me ferait fermer les yeux.

Avant de sortir, dans le bruit et les rires, je souris malgré quelques pointes de déception. Et je me promets un second rendez-vous avec l’élégance.

EMBALLANT /

L’ambiance romantique parfaite pour un repas entre douces moitiés, la pureté stylée du décor, le service engagé et sans maniérisme, la qualité et le raffinement omniprésents des produits.

DÉCEVANT /

Le choix de vins au verre, maigre et trop commun.

COMBIEN? /

Pour deux, environ 80 $ le soir et 30 $ le midi (excluant boissons, taxes et service).

QUAND? /

Tous les jours, de 11h30 à 23h.
OÙ? /

Conti Caffè
32, rue Saint-Louis
418 692-4191
www.conticaffe.com