C’est le déluge, et Noé n’est pas là pour nous sauver. Mais la bouffe, si. Trempés, on s’engouffre à la hâte dans le hall du Fin Gourmet, et pouf! La grisaille et la pluie disparaissent comme par enchantement dans cet environnement chaleureux comme il ne s’en fait pas assez, avec ses boiseries, ses couleurs chaudes, ses plantes, ses tableaux gigantesques et ses lumières tamisées. Quelques clients qui cadrent parfaitement dans le décor sont affairés à refaire le monde devant une bonne bouteille.
Nous prenons place à l’une des charmantes tables texturées aux insertions de céramique rouge, fabriquées par un ami charpentier-ébéniste de la propriétaire, nous raconte la serveuse. Nos estomacs n’en peuvent plus d’être creux. Au grand dam de David, je tergiverse de longues minutes entre les pâtes aux fruits de mer, l’osso buco à l’orange, les pizzas, les burgers sur ciabatta et l’intrigante poutine au fromage 1608 et à la sauce au whisky. "Nous commanderons les entrées tout de suite", annonce-t-il à la serveuse, à bout de faim.
Quelques minutes plus tard, elles arrivent, dans de fort jolies assiettes carrées aux coins retroussés. Pour lui, un gravlax de saumon tranché en épaisses lanières, avec câpres et mesclun. Le poisson n’a pas dû cuire très longtemps dans le sel, car son goût est très présent – tant mieux! David n’en fait pratiquement que trois bouchées, mais me laisse tout de même le temps de lui en voler une toute petite. Je m’attaque ensuite à mes rillettes de veau, juste assez grasses mais un brin trop froides. Elles sont accompagnées de cornichons sucrés minces comme du papier qui révèlent un agréable goût de sirop d’érable. Notre faim a la couenne dure… Nous nous retenons de vider la corbeille de pain en patientant avec un tempranillo (Castilla y Leon) et un vin de Cahors (Comte André de Monpezat).
Merci à la promptitude de la serveuse, ma cuisse de canard de Charlevoix sauce bécassine me fait vite l’honneur de sa présence. Couvert d’une peau divinement croustillante (mais sèche par endroits), le volatile trouve toute sa grâce dans son union avec cette crémeuse sauce safranée qui flirte avec l’orange. Même enthousiasme de l’autre côté de la table pour l’incroyable sauce forestière, prodigue de champignons, qui nappe une escalope de veau bien tendre. Pour compléter le tableau, des légumes vapeur irréprochablement al dente et des frites gigantesques, qu’on mangerait sans fin.
Parlant de fin, il est temps de se brancher question desserts. Tâche ingrate, puisqu’ici, les dents sucrées ont plus que l’embarras du choix devant l’invitante armoire-frigo qui abrite les desserts de Marina, la proprio: gâteau aux dattes avec glaçage au sucre à la crème et aux pacanes, gâteau au fromage coiffé de croustade aux pommes, tarte aux poires de grande réputation… Allez, un petit effort. David opte pour la tarte au sirop d’érable, mémorable. Et moi, pour ce que je ne tarderai pas à désigner comme le souverain du royaume des gâteaux aux carottes – dense à souhait, rempli de gros morceaux de fruits et couvert d’un glaçage au fromage à se rouler par terre. Après avoir avalé la bouchée que je lui tends, abasourdie, David me lance, les yeux ronds: "C’est le meilleur gâteau aux carottes que j’ai mangé de ma vie." Élu à l’unanimité!
EMBALLANT /
Des plats variés et de grande qualité, des desserts décadents, un service aimable et sans prétention, une ambiance de café de quartier, un rapport qualité-prix difficile à battre.
DECEVANT /
Rien, sinon qu’on voudrait ce resto tout près de chez nous.
COMBIEN? /
Pour deux, environ 55 $ le soir, 30 $ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
QUAND? /
De 11h à 22h en semaine (fermeture à 15h le lundi), de 17h à 22h le samedi, fermé le dimanche.
OU? /
Le Fin Gourmet
774, rue Raoul-Jobin, Québec
418 682-5849
www.lefingourmet.ca