Bien calée dans une banquette de velours qui invite à la détente, tout près du foyer central qui égaie cette morne soirée d’automne, je laisse le charme de l’endroit opérer. Poutres bicentenaires omniprésentes, murs de vieilles pierres, grandes fenêtres de bois: l’ambiance est plus qu’appropriée pour la saison froide. Quel plaisir ce doit être de prendre un repas ici en pleine tempête de neige…
"Alors, tu as choisi?" s’impatiente David, qui décide plus vite que son ombre. Je croyais que oui, mais voilà qu’un serveur vient nous annoncer les suggestions du soir: tartare et tataki d’émeu en entrée, râble ou hachis parmentier de lièvre en plat principal. Tentant… Mais je m’en tiendrai à ma première idée.
Une excellente mise en bouche de tartare de saumon à l’estragon et aux agrumes nous met en appétit. David poursuit côté mer avec une assiette comprenant une huître rehaussée d’une vinaigrette mignonnette et de caviar d’esturgeon (sans reproche), un pétoncle mariné aux canneberges et citron confit chapeauté d’un granité au champagne (splendide) et un gravlax de saumon sur crème aigrelette (très bon, mais moins époustouflant que ses comparses). Que dire de mon irréprochable flan au parmesan, dont le goût vous explose en bouche comme un feu d’artifice? J’en aurais fait mon repas. Joliment complété par un oeuf mollet, des asperges, du pain grillé et une vinaigrette à la truffe, il a de quoi vous faire tourner la tête… Un mariage parfait avec la suggestion du sommelier (chenin blanc, Château de la Roulerie).
Service numéro deux: bar sauvage de l’Atlantique nappé d’une sauce au jus de viande et au fenouil. Alliance surprenante qui relève fort habilement la saveur de ce poisson à chair ferme. C’est cependant son accompagnement qui m’ensorcelle: un risotto coiffé d’une mousse de courge musquée – bel hommage à un produit de saison -, tellement crémeux qu’on a envie de crier au scandale… Mais non. On crie plutôt au génie. David, lui, ne saura jamais trop remercier le serveur qui lui a conseillé la côte de veau de lait cuite sous vide, puis grillée. Sa présentation, d’abord, charme: bien en évidence, l’os trône dans une assiette dépouillée, où patiente un ragoût de chanterelles au foie gras qui, une fois en bouche, incite au pincement. Rêvé-je? Ayant profité de son séjour sous vide pour retenir tous ses jus, le veau fond dans la bouche comme de la crème glacée. Si nous ne nous étions pas trouvés dans un restaurant qui demande bonne tenue, je crois bien que nous aurions nettoyé nos assiettes avec un morceau de pain…
Le temps de finir nos verres (limoux rouge Château d’Antugnac et cabernet-sauvignon Foxglove), et déjà nous devons choisir de nouveau. "Chocolat, chocolat, encore du chocolat": comment écarter un dessert si invitant? Six bouchées s’offrent à nos ventres repus. Le gâteau opéra, la mousse et la glace au chocolat retiennent moins nos faveurs, mais le coup de coeur est total pour le Oreo réinventé, composé de deux sablés au chocolat enserrant une ganache au chocolat blanc et crème sure, pour la décadente version de la barre Aero et pour la ganache au chocolat enrobée de noix de coco rôtie, servie sur purée de bananes caramélisées. Cuillère à la bouche, nous rigolons comme deux possédés, sorte d’hommage maladroit au grand sorcier de cet antre des délices, François Blais.
EMBALLANT /
La bouffe, en long et en large, des entrées aux desserts; l’impressionnante carte des vins; le service courtois mais pas coincé; la déco chaleureuse, rustique mais raffinée.
DÉCEVANT /
Rien, sinon la musique de type station FM de madame. Nina Simone, Gainsbourg, ça cadrerait mieux.
COMBIEN? /
Pour deux, environ 135 $ le soir, 45 $ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
QUAND? /
Tous les soirs de 18h à 22h, tous les matins (de 6h30 à 10h30 en semaine et de 7h à 11h le week-end), et le midi du mercredi au vendredi.
OÙ? /
Panache
10, rue Saint-Antoine
418 692-2211
www.restaurantpanache.com