Région réputée pour ses vins jaunes de type oxydatif, sa saucisse de Morteau et son fromage comté, le Jura, pays de Louis Pasteur, situé entre la Bourgogne et la Suisse, produit des vins particulièrement appréciés des sommeliers et oenophiles québécois.
Petite région
Le Jura ne compte que 2000 hectares de vignes (pour comparer, Bordeaux en compte 120 000) et environ 200 exploitations viticoles. Le vignoble jurassien, c’est seulement cinq cépages (savagnin, chardonnay en blanc et poulsard ou ploussard, trousseau, pinot noir) et six appellations d’origine contrôlée. Fait à souligner, c’est dans le Jura que la première appellation d’origine française a vu le jour, le 15 mai 1936 à Arbois.
Style oxydatif versus style fruité
Deux philosophies de maturation des pinards se côtoient. Le style traditionnel oxydatif (long vieillissement en fût de chêne) des vins blancs du Jura offre des arômes et des saveurs qui rappellent les vins de Xérès, en Espagne. Ce type de vieillissement sans ouillage (méthode consistant à rajouter du vin pour combler l’espace laissé par l’évaporation) permet de développer un voile de levures sur la surface du vin qui modère l’oxydation; on appelle ce genre de produits le vin de voile. Selon les inconditionnels, une certaine éducation s’avère nécessaire pour pleinement apprécier ces vins aux arômes de noix, de cari et d’épices, et aux saveurs souvent acides et amères.
Le niveau d’oxydation des blancs varie d’un producteur à l’autre. Mais heureusement, de plus en plus de domaines se concentrent sur l’élaboration de produits qui expriment "fruit mûr et terroir", plutôt que le caractère oxydatif traditionnel. Ces pinards subissent une courte période de maturation, tout en étant ouillés régulièrement, ce qui contribue à conserver leurs arômes fruités. Malgré l’austérité du "goût de jaune" (style oxydatif), ce style demeurera populaire auprès des connaisseurs et amateurs avertis. Grâce à cet endossement élitiste, le Jura risque de se faire une petite place au top de la pyramide des "Grands Vins" de la planète viticole.
Grands crus et bulles
Les réputés "vins jaunes" et "vins de paille" ne représentent que 4 % de la production totale de la région. Ces "Grands Crus" (non officiels) demeurent des curiosités. Les vins jaunes, vieillis au minimum 6 ans et 3 mois, se consomment avec certains plats de volaille ou de poisson, ou en fin de repas avec les fromages. Les vins de paille, riches, liquoreux et concentrés, seront plutôt servis au dessert. Les excellents vins effervescents élaborés selon la méthode traditionnelle (champenoise) portent l’appellation Crémant du Jura et comptent pour 25 % de la production. Mais ce sont les blancs et rouges secs qui dominent le paysage viticole jurassien avec 36 % et 30 % respectivement. Le Macvin, un vin de liqueur (fortifié d’alcool), complète le tableau (5 %).
Renouveau qualitatif et climat
Les tendances viticoles modernes du respect des sols, du contrôle des rendements et de la recherche de la maturité complète du fruit se répandent dans le Jura. Grâce à cette hausse qualitative, les blancs sont davantage savoureux, rafraîchissants et équilibrés. Le Jura demeure un excellent terroir apte à produire de superbes blancs, mais les rouges souffrent parfois d’une saison trop courte. Une saison courte et fraîche ne permet pas aux cépages rouges d’atteindre la maturité phénolique complète. C’est cette dernière qui assure les saveurs davantage séduisantes et équilibrées des rouges.
Suggestions de bouteilles
La sélection de vins du Jura de qualité offerte à la SAQ demeure pour l’instant un brin faible. Espérons que notre monopole d’État profitera de cette tendance jurassienne favorable pour magasiner dans le pays du vin jaune.
Deux blancs /
Domaine de la Renardière Jurassique 2006, Arbois-Pupillin, 11194365, 20,20 $
Chardonnay 2005 Côtes du Jura, Rolet, 858357, 20,45 $
Un rouge /
Pinot Noir En Barberon 2008 Côtes du Jura, Domaine André et Mireille Tissot, 10269661, 34,50 $
Un crémant /
Crémant du Jura 2006, Rolet, 10653380, 20,35 $