Restos / Bars

Taj Mahal : Merveilles de l'Inde

Sorte de corne d’abondance, le menu du Taj Mahal déborde de propositions toutes plus intrigantes et invitantes les unes que les autres. On y plonge avec empressement et on en sort ivre de saveurs.

Simple et populaire là-bas, insolite et exotique ici, la cuisine indienne est toujours une fête. Statut qu’elle n’a même pas à revendiquer puisque nos sens s’en chargent: la vue, l’odorat et le goût partent en vrille tandis que nous inspectons la vaste carte du Taj Mahal, parmi les meilleures du genre en ville.

Une promesse de fête, donc, et à la lecture de l’offre, notre mémoire et notre imagination échafaudent déjà des alliances de couleurs capiteuses, des unions d’épices riches et des communions d’effluves évoquant un monde lointain qui relève bien plus du fantasme que de la réalité.

Les masalas rogan nous catapultent dans le tourmenté Cachemire, le méphistophélique Bangalore phal intrigue autant qu’il effraie l’amateur d’épices puissantes, tandis que la liste des biryanis (plats sur riz) convoque le girofle, la cardamome, le cumin… Et au bout de la salle à la décoration amusante mais malhabile, Ganesh, la divinité hindoue à tête d’éléphant, veille sur les quelques convives qui, comme nous, parviennent mal à choisir.

Son inspiration divine se fait un chemin jusqu’à nous: ne choisissons pas. Commandons beaucoup, commandons trop. Les restes feront un excellent lunch demain, le tout-bureau bavant de jalousie en reniflant les émanations du proverbial (four à) micro-ondes.

Puisqu’on ne choisira pas, les entrées assorties s’imposent. Voilà un remarquable plat composite au centre duquel une sauce au tamarin et à la menthe sert de pivot à une célébration de saveurs que forment poulet tikka, pakora (une macédoine de légumes légèrement piquants), légumes samosa (enrubannés dans une pâte feuilletée) et de fabuleux kebabs que nous engouffrons avec la même absence de scrupules et de savoir-vivre que le chat quand il a passé la journée dehors et qu’on remplit son écuelle.

Les papadums boudés – puisque rarement inspirants -, le festin se poursuit avec les meilleurs pains naan de toute la ville, d’abord le classique, gonflé de chaleur (ou de fierté?), et un autre sucré et épicé, constellé de raisins secs. Tandis que nous déchirons ce dernier avec nos dents, nos yeux échangent ce regard allumé qui dit le plus simplement: wow. On conservera une pointe à ramener à la maison, c’est sûr.

Prestement, notre serveur – du type rigolo qui aspire à jouer les humoristes dans la tradition vaudevillesque d’un Gilles Latulippe du Bengale – déboule avec les plats principaux, des classiques à l’aune desquels on juge la qualité de la cuisine indienne telle qu’on la conçoit en Occident.

Madame, elle, a penché pour ce volatile, mariné dans un mélange de yogourt et d’épices qui lui confère sa teinte rosée et ensuite cuit dans un traditionnel four tandoor qui lui prête son nom. Le poulet tandoori se révèle irréprochable, sa cuisson équilibrée ayant grillé la croûte jusqu’à la faire craqueler (parfait alliage d’épices) tandis que la chair, elle, est encore tendre et juteuse. En accompagnement, le riz aux légumes ne risque pas d’aboutir dans le doggy bag: il n’est pas mauvais, seulement d’une fadeur ennuyeuse au coeur de ce spectacle haut en couleur.

Arrivé en piste au même moment, le masala (ou curry) de poulet tikka est onctueux, sucré, sa couleur splendide, la viande se désagrégeant sous la dent: si notre appétit désormais assouvi ne nous le défendait pas, on dévorerait tout.

Le dessert? Impossible de résister aux boules de fromage frites servies dans un sirop à la cardamome que je commande pour emporter, et qu’on me remet en même temps qu’une boîte et un sac pour y fourrer nos restes. Plus tard en soirée, je les ingurgiterai toutes, sans même en offrir à ma blonde, la décence m’interdisant cependant de boire le sirop à même le contenant.

EMBALLANT /
La carte qui invite à la découverte, les indications précises dans les descriptions des plats et, dans l’ensemble, une cuisine de qualité, livrée rapidement et avec le sourire.

DÉCEVANT /
Le décor, l’ambiance qui n’est pas au rendez-vous, le choix de vins plutôt mince.

COMBIEN? /
Pour deux, environ 25 $ le midi et 45 $ le soir (excluant boissons, taxes et service).

QUAND? /
Du lundi au vendredi de 11h à 14h et de 17h à 22h, le dimanche de 17h à 22h.

OÙ? /
Taj Mahal
24, boul. René-Lévesque Ouest
418 523-2007