Restos / Bars

La Salamandre : Entre terre et mer

Au coeur du Plateau, La Salamandre. Pas une p’tite bête, non. Un p’tit resto.

"Entre les pieds d’une haie vive, nous avons vu une belle salamandre noir et jaune qui s’avançait de ses pattes dentelées et traînait sur la poussière sa longue queue mince remuant aux ondulations de son corsage tacheté." C’est du Flaubert, les amis. Beau, non? La salamandre est un animal mythique qui évoque aussi le soufre et le feu. Et c’était même l’emblème du roi François 1er! Mais la salamandre nous parle aussi de nourriture. D’un vieux poêle à combustion lente ou, plus couramment, d’un four servant à griller les plats. Ce drôle de batracien amphibie, donc, on le retrouve en vitrine de ce petit restaurant de la rue de La Roche, qui s’est longtemps appelé La Découverte. Ici, on retrouve Pascal Gellé, qu’on a connu auparavant dans le fort sympathique Poisson rouge, en face du parc Lafontaine. Si, dans son ancien établissement, notre chef mettait l’accent sur les produits de la mer, dans son nouveau resto, il cultive la mixité. Un menu de style bistro, personnalisé, aux appellations des plus alléchantes. Escargots et shiitakes à la pomme, gâteau de foie de canard aux canneberges confites, épigramme de chèvre, bar rayé au curcuma et tamari, émincé de cerf aux champignons sauvages… ce ne sont là que quelques exemples d’une carte qui change régulièrement. La Salamandre est un petit local décoré de tons sobres, blancs, beiges, avec une touche de mauve. Sur un grand tableau noir, on trouve à la fois les suggestions du jour et quelques remerciements de clients ayant particulièrement apprécié leur passage. En soirée, la lumière est tamisée. C’est sombre, et un peu froid. Peut-être à cause du carrelage, mais aussi de la température qui commence à tomber. Heureusement, l’accueil est chaleureux, faisant preuve d’humour et d’enthousiasme.

Au menu

Dans l’assiette, on s’amuse moins. La terrine de crevettes? Oui, bonne, avec son pesto de cresson et sa purée de poivrons pimentée. La salade "mesclun", elle, se contente d’afficher quelques feuilles de chêne et ce qui semble des jeunes pousses d’épinard. Les deux petits croûtons qui s’y cachent exposent un fromage de chèvre fondu ma foi ordinaire, un chouïa amer, et surtout pas doré.

Comme on se souvient du talent de Pascal Gellé pour traiter le poisson, aucune raison de ne pas essayer l’aile de raie (malheureusement, encore un poisson menacé de surpêche) et son beurre noisette. La chair est très fine, et le beurre noisette a été manié en sauce. À côté, quelques légumes (rapini, haricots verts, patate douce, fenouil, courgette) de cuissons variées et pas toujours justes. Et un joli quinoa au poireau monté à l’emporte-pièce.

Ce sont les mêmes accompagnements que l’on retrouve dans l’assiette d’aiguillettes de canard (un peu trop cuites), dont la sauce réduite est honnête, servies avec un mélange de riz blanc et sauvage des plus banals. On sent ici la volonté de bien faire, mais l’ensemble manque de punch.

Desserts

Le gâteau de crêpes est délicieux: imaginez plusieurs couches de fines crêpes alternant avec une douce praline, décorées d’une sauce au chocolat. C’est bon, ça. Sympathique clafoutis aux canneberges décoré d’une bizarre explosion de menthe séchée.

Emballant /
Remercions le service, enjoué et dynamique. Les desserts sont très chouettes. Et aussi? C’est un "apportez votre vin".

Décevant /
Des plats qui manquent de finition et d’éclat en bouche. On cherche encore la petite touche distinctive du chef qui ferait toute la différence… De plus, il fait sombre dans le resto. On peine à distinguer les différents éléments de l’assiette, et on en perd les vives couleurs.

Combien? /
Très simple et économique: 35 $ la table d’hôte, entrée, plat, dessert et café inclus (et vous apportez votre vin).

Quand? /
Du mardi au samedi de 17 h à 23 h.

Où? /
La Salamandre

4350, rue de La Roche, Montréal
514 529-8377