C’est une cuisine économe en ce sens qu’elle ménage les flaflas, se déclinant sur une carte d’une minceur famélique. Derrière l’apparente simplicité se trame pourtant le souci du détail dans la fabrication.
Ici, donc, avant le décor et les distractions cosmétiques d’un écrin chaleureux sis dans l’ancien local de la pizzéria Chic Alors, il y a le désir d’émulation des grands barbecues manière sudiste: des viandes fumées à chaud au bois d’érable, préalablement frottées d’un mélange d’épices, finalement enduites de sauce maison.
Au menu: pulled pork burger (à l’effiloché de porc), poisson fumé, poulet BBQ, mini-burgers… Heureusement, on peut goûter à presque tout avec l’assiette dégustation pour deux, alors nous n’hésitons pas bien longtemps.
Pourquoi bouder les entrées? D’abord, parce que le plateau qui s’en vient suffira à rassasier deux féroces appétits, mais aussi, avouons-le, parce qu’aucune ne nous captive. Mesclun et balsamique? César maison? Plateau de produits fumés à froid? Chili? Bof. Il n’y a que le plat de légumes grillés et fromage de chèvre qui nous fait douter un moment… et puis non. Une autre fois.
Je partage tout de même l’assez bon potage compris dans le copieux menu pour enfants de ma fille. Elle a penché pour les côtes levées, avec frites et salade. Ladite soupe, une boisson et un dessert (carré aux Rice Krispies trempé dans le chocolat!) accompagnent son plat.
En attendant de voir reparaître notre aimable et efficace serveuse, nous jetons un coup d’oeil autour. Murs de pierre, foyer, planchers immaculés dont le vernis rougeâtre évoque des essences nobles, stores de bois: l’ensemble est joli et harmonieux sans être inutilement précieux.
Notre plateau arrive sans trop tarder. Bonheur! Je me rue sur le burger au pulled pork et en arrache deux féroces bouchées. Pas mal, le goût de fumée est assez présent, mais pas trop. Sauf que c’est un peu sec, faut ajouter de la sauce. Beaucoup. Et surtout, c’est froid. Pas tiède, froid. La texture comme le goût du poisson ne déçoivent pas, tandis que le poulet, qui a absorbé goulûment la boucane, fait exploser les arômes boisés sur les papilles. Faut aimer. Ça tombe bien, j’aime. Mais là encore, on est à la limite acceptable de la tiédeur.
Nous engloutissons tous trois impitoyablement les côtes levées, les doigts couverts d’excellente sauce maison, ainsi que les délicieuses frites blondes et élancées que je saisis par poignées, trempe dans une des mayonnaises assaisonnées et gobe sans autre considération.
Les haut-parleurs comblent le silence de la mastication. Portishead succède à Jack Johnson qui succède à Morcheeba qui succède à Weezer… Une trame sonore à l’image de la carte des vins, blaguons-nous, puisque dans un cas comme dans l’autre, on a affaire à d’agréables valeurs sûres, sans surprise, mais sans déception non plus (pensez Ménage à Trois, Beringer, Wolf Blass Red Label, Shiraz Errazuriz…).
Nous étudions la question des desserts. C. partagera avec moi la succulente mousse aux trois chocolats qu’elle avait remarquée dans la vitrine à notre arrivée. Par pure gourmandise et pour le renvoi instantané aux souvenirs d’enfance, Sophie et moi croquons dans le carré aux Rice Krispies.
Nous avons soudain tous les trois six ans. Bénis soient les plaisirs simples.
EMBALLANT /
Le vivifiant goût de fumée, la sauce maison, les côtes levées, le service sympa, le menu pour enfant copieux et abordable.
DÉCEVANT /
Les entrées peu inspirantes, la température des viandes fumées à chaud, mais servies trop froides.
COMBIEN? /
Le midi, menu du jour à 12 $ par personne, et le soir, environ 50 $ pour deux personnes pour entrée, plat principal et dessert, avant boissons, taxes et service.
QUAND? /
Mardi, mercredi et dimanche, de 11h à 22h, jeudi et vendredi, de 11h à 23h, fermé le lundi.
OÙ? /
Les Boucanes
955, route Jean-Gauvin
418 704-7043
www.lesboucanes.com