Le Kaza Maza a maintenant un grand frère: le Damas. Alors que le premier est un tout petit café baba cool sympathique où l’on peut partager un mezze, le second est cossu et confortable. La filiation entre les deux: le chef Fuad Alnirabie, qui concocte pour les deux destinations des spécialités syriennes. À la différence qu’il peut se permettre de la plus haute voltige au Damas.
La cuisine syrienne a des liens de parenté avec celle du Liban, son voisin. Elle est ensoleillée, complexe, goûteuse, riche, colorée… mais robuste. Appétits d’oiseau: s’abstenir!
À table!
Les convives prennent place sur la banquette aux coussins brodés rouges. De petits abat-jour de perles rouges et bleues pendouillent joyeusement du plafond. Sur notre petite table de bois verni, la serveuse dépose une assiette d’entrées froides plus délicieuses les unes que les autres, à partager: duo de dolmas (feuilles de vigne), grosse courgette farcie, mouhammara (purée de betteraves), moutabal (purée d’aubergines grillées) recouvert de graines de grenade qui éclatent sous la dent et font gicler leur jus frais, kebbé nayyé (tartare de boeuf et boulgour épicé). Autant de monticules de toutes les couleurs – rouge, ocre, beige – aux saveurs riches et intenses. C’est la fête!
Pour la suite, nous imitons nos voisins (un trio d’origine libanaise) et commandons deux spécialités que la serveuse dépose au centre de la table. La première est un friki, c’est-à-dire un jarret d’agneau braisé ultratendre, servi sur un lit de blé entier fumé qu’on nous dit d’origine syrienne. Le goût profond, qui me rappelle un peu celui du sarrasin, est très particulier. Mon invité adore! Tant mieux. La deuxième est un fattet makdous, un genre de ragoût composé d’aubergine, d’agneau haché et de lanières de pain pita grillé. Le tout est immergé dans une riche sauce tomate, yogourt et tahini, et coiffé d’amandes effilées. C’est copieux! Trop pour moi. La serveuse m’offre d’emporter les restes à la maison.
Petites douceurs
La liste des desserts est assez courte: baklavas, un (énorme) morceau de gâteau au chocolat agrémenté d’une sauce aux griottes, et des halwet el-jebn. Des quoi? Des petits rouleaux à la semoule et au fromage frais nappés d’un sirop à la fleur d’oranger et saupoudrés de poudre de pistache. C’est étonnamment délicieux. Après les plats principaux que je qualifierais de "terriens", ces rouleaux sont d’une finesse… céleste! Ces douceurs venues d’ailleurs s’accompagnent d’un nectar réconfortant: café turc, thé noir au safran et cardamome ou thé à la menthe…
Emballant /
L’aura de mystère qui se dégage de ces riches saveurs venues du Proche-Orient. Pour les semaines à venir, le chef mijote des surprises: des brunchs le matin et des lunchs le midi, un deuxième étage qui devrait ouvrir prochainement, et des importations privées autant du côté des vins que des aliments. Ces nouveautés redemanderont une visite!
Décevant /
Les portions des spécialités sont tellement copieuses qu’on a du mal à terminer les assiettes. Une solution de rechange consiste à partager de plus petits plats, en mezze.
Combien? /
Environ 80 $ pour deux, incluant une entrée, un plat et un dessert, avant vin, taxes et service.
Quand? /
Pour le moment, du mardi au dimanche, le soir seulement.
Où? /
Damas
5210, avenue du Parc, Montréal
514 439-5435