Gourmande et curieuse invétérée, je sais qu’en 2011, mes pérégrinations gastronomiques m’entraîneront sans doute, au fil des tendances, à manger de la cervelle de mouton au petit-déjeuner, des whoopie pies à tous les parfums (puisque ce petit gâteau est, paraît-il, sur le point de supplanter le fameux cupcake) ou des spécialités méconnues de la Chine orientale.
Mais pour notre premier rendez-vous de l’année, au-delà de la dégustation gastronomique, je voulais partager avec vous le plaisir tout simple d’une sortie au restaurant.
Un soir rue Saint-Denis
Chaque fois, c’est le même rituel. En poussant la porte, on est accueilli par une bouffée d’air chaud, le sourire du maître d’hôtel penché sur son gros cahier de réservations et le bruit des pièces de vaisselle qui s’entrechoquent mêlé aux conversations animées des clients. De l’entrée, on perçoit déjà de bonnes odeurs émanant de la cuisine, présage du régal à venir. Impatiemment, on accroche son équipement d’hiver au portemanteau et on se dirige vers les sièges qu’on a réservés au bar, prêt à en découdre avec le menu. À côté de nous, un groupe de touristes accoudés au comptoir porte de joyeux toasts, leurs verres remplis de bulles. Plus loin, un convive solitaire, sa casquette vissée au front, fait honneur à un plat de raviolis maison. Derrière nous, un tandem d’hommes d’affaires aux cravates soigneusement nouées se déride un peu tandis qu’on apporte le dessert. Tout autour, les serveurs exécutent leur ballet habituel, se pressant d’une table à l’autre, apportant qui un café, qui une bouteille de vin, qui des assiettes brûlantes… Cette scène, intemporelle, pourrait se jouer dans un restaurant, un soir sur Terre. Elle se déroule en fait à L’Express, cet établissement montréalais plus que trentenaire qui est sans doute celui qui correspond le plus, pour moi, à l’image mythique et éternelle du "bistro français" avec son comptoir en zinc, ses lampes en forme de globes et son joli carrelage noir et blanc.
À table!
Évidemment, avec une ambiance pareille, la tentation est forte de commander des huîtres. Servies au naturel, elles viennent du Nouveau-Brunswick. Petites et sucrées, je leur fais la fête avec un morceau de baguette tartiné de beurre salé, tandis que mon compagnon se régale de céleri rémoulade à la sauce assaisonnée d’une pointe de moutarde, qu’il accompagne joyeusement des cornichons maison piochés dans le bocal. Ensuite, continuons sur un air connu: tartare frites, servi en généreuse portion. Un classique, une référence. Bien moutardé, coupé au couteau, avec des câpres, des échalotes et tout ce qu’exige la recette traditionnelle, sans excès de sauce piquante. Juste comme je l’aime, avec des frites bien croustillantes à plonger dans une excellente sauce dijonnaise (eh oui, le chef aime la moutarde!). Mon comparse s’est offert un petit plat de luxe: des cailles rôties s’il vous plaît, servies sur un lit de riz sauvage et accompagnées d’oeufs de caille durs. Les cuissons et assaisonnement sont parfaits. Un repas à L’Express ne saurait se conclure sans la fameuse île flottante et/ou la tartelette au citron. Recouvert de caramel, le dôme d’oeufs en neige a fière allure tandis qu’il vogue sur une mer de crème anglaise. La tartelette maison est crémeuse, acide et sucrée à la fois dans son enveloppe de pâte brisée.
Emballant /
Vif, efficace, professionnel, souriant, le service, hors pair, fait toujours l’honneur et la réputation de cette maison si justement baptisée L’Express.
Décevant /
Ce n’est pas grand-chose… mais on aimerait un peu plus de choix de vins au verre à la carte.
Combien? /
Comptez environ 60 $ le midi et 90 $ le soir pour deux personnes, hors taxes, service et boissons.
Quand? /
Du lundi au vendredi de 8h à 3h du matin, le samedi de 10h à 3h du matin et le dimanche de 10h à 2h du matin.
Où? /
L’Express
3927, rue Saint-Denis, Montréal
514 845-5333