Étrange idée, me dis-je en parcourant la carte des vins, que de détailler les propositions au verre par leur cépage uniquement: zinfandel, pinot noir… Mais encore? La serveuse tente de nous renseigner, mais ne connaît vraisemblablement pas la carte sur le bout des doigts. Allons-y au pif, dans ce cas, avec un chianti et un valpolicella.
Nous avons commandé nos plats rapidement, aidés par une faim foudroyante et un service très prompt, vu le nombre restreint de clients. Normal pour un mardi soir, surtout juste avant les Fêtes. Les chefs s’activent discrètement, qui derrière son comptoir de sushis, qui dans sa cuisine à aire ouverte. C’est qu’au Paparazzi, deux univers culinaires séparés par près de 10 000 km cohabitent. Se côtoient donc au menu bruschettas et sashimis, antipasti et raviolis japonais, pastas en tout genre et sauté de pétoncles au gingembre. Malgré mon légendaire blocage envers ces restos à double identité, j’ai confiance: j’ai toujours bien mangé ici.
Premier arrêt: le pays du théâtre nô et des motos sport. L’ebi tempura n’est vite plus qu’un souvenir. De ces légumes et crevettes délicatement frits dans la tempura, je chipe rapido les courgettes et la courge musquée, laissant à David les oignons, poivrons et crustacés. Dorée comme le soleil levant, la panure est parfaitement croustillante, dense mais sans lourdeur. Suivent deux makis pigés dans la carte des sushis, soit celui au homard épicé, avocat, concombre, laitue et tobiko et le maki Toyota, garni de poisson épicé pané et nappé d’une sauce aux allures de caramel au beurre. C’est en fait un genre de mayonnaise un peu sucrée, qui se marie assez bien avec le rouleau de poisson. Tout est frais, rien à redire.
J’ai à peine le temps de m’essuyer la bouche que me voilà déjà en Italie grâce à une escalope de veau flambée au marsala, servie avec sauce demi-glace, crème et champignons. Quel dommage! La sauce est d’une fadeur désolante, malgré la pincée de sel ajoutée. Heureusement, la viande est tendre et les linguine sauce tomate sont cuits à point. La présentation générale gagnerait quant à elle à être améliorée; plutôt que des légumes tranchés mince et aux rebords dentelés, pourquoi pas des légumes entiers, blanchis puis rôtis, par exemple?
Le bonheur est au beau fixe du côté asiatique: David se régale d’un filet mignon de boeuf en sashimi légèrement saisi (et non "braisé", comme l’indique le menu). Il a raison de s’extasier devant ce tataki: la viande est de belle qualité et se marie bien avec la sauce soya au gingembre, échalote et sésame. Relevée d’une vinaigrette que l’on devine wafu, la salade du chef est également très réussie. Le tout est servi dans une jolie assiette rouge et noir laquée, mais la disposition des tranches de boeuf aurait pu être plus esthétique.
Je me cale dans ma massive chaise de bois pendant que la serveuse débarrasse notre grande table ronde, hésitant à me laisser tenter par le vice – aussi connu sous le divin nom de dessert. Un autre serveur s’amène et nous précise que seuls trois desserts sont maison. "Où sont faits les autres?" que je lui demande. "À l’extérieur", répond-il avec un laconisme amusant. Allons-y donc avec le made in Paparazzi: une crème brûlée vanille et bourbon ainsi qu’une crostata de pommes en pâte feuilletée. La crème est excellente, malgré qu’elle ne goûte ni la vanille ni le bourbon. Quant au chausson carré, sa pâte est aérienne comme un flocon de neige et bien humide au centre, et sa garniture, délicieuse, surtout accompagnée de glace à la vanille et de sauce au caramel. L’Italie s’est bien rattrapée en finale!
EMBALLANT /
Des plats réussis dans l’ensemble, une carte des vins bien fournie.
DÉCEVANT /
Des présentations qui manquent de relief, un assaisonnement parfois insuffisant, les vins au verre anonymes.
COMBIEN? /
Pour trois services, pour deux personnes, 75 $ le soir, 35 $ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
QUAND? /
Samedi et dimanche dès 17h, en semaine de 11h à 15h et dès 17h.
OÙ? /
Paparazzi
1363, av. Maguire
418 683-8111
restaurantpaparazzi.com