Voro: voilà un nom de resto qui me plaît. Pourquoi? Ressortez votre vieux dico de latin! Voro, à l’infinitif vorare, nous a donné de jolis mots comme… dévorer, carnivore et même vorator, le glouton!
Le décor de ce qui était encore récemment le Café Tredici n’a pas tellement changé. Comme un immense loft, les plafonds y sont toujours aussi hauts et impressionnants. Le comptoir de granit noir contraste avec les tables en bois, plutôt conviviales. Il y en a même une immense, qui peut accueillir 20 personnes. Une belle tablée comme dans le temps, surplombée d’imposantes étagères de produits fins. Oui, c’est beau.
Puis on découvre la carte, très méditerranéenne. Bizarrement, on ne peut s’empêcher de songer à l’humeur géopolitique du moment. Le menu, éclectique, se situe au coeur de cette mer entourée de pays qui subissent tant de soubresauts, crises économiques et politiques. Mais au-delà de ces réalités difficiles, les franges de la Méditerranée, du Maroc à l’Italie, sont aussi des sources intarissables de bonheurs gastronomiques. Jesse MacDonald, l’heureux chef et copropriétaire du Voro, l’a bien compris.
Au menu
La cuisine du Voro, disais-je, est un joli tour de la Méditerranée. Antipasto, calmars farcis au chorizo, agneau en pâte filo: la rime est riche. Les entrées, comme les plats, vous baladent aux quatre coins de territoires très séduisants. Tajine ou moussaka? Tout est possible. Le chef aligne avec une certaine précision des petits plats plutôt simples mais diablement parfumés. La morue portugaise, par exemple, est servie en brandade, froide, rehaussée d’une huile d’olive embaumante, accompagnée de crostini de focaccia. Douce texture pimentée de lambeaux de chair de morue bien dodus… C’est excellent.
Plus difficile, l’exercice de la tomate rôtie et sa mozzarella di bufala sur polenta grillée et pesto. Parce que ce n’est pas la saison de la tomate, c’est sûr, mais aussi car la mozzarella nous semble un peu vieille, plutôt sèche. La polenta est cependant surprenante et fringante, loin d’être ennuyeuse.
Du côté des saveurs grecques, la moussaka nous a séduits. L’agneau, haché, est délicieusement parfumé d’épices "à la phénicienne", comprenez qu’il exhale le cumin et autres aromates exotiques. Il est surmonté de très fines tranches de pomme de terre, de tranches d’aubergine marinées et d’un filet de sauce béchamel, vraiment pas envahissant. Enfin une moussaka à la viande abondante mais cependant digeste et savoureuse!
Le mijoté de boeuf et ses légumes-racines était peut-être moins exotique, mais néanmoins assaisonné de truffe. D’où l’intérêt. C’est très bon, vraiment. Viande tendre, sauce intense, légumes cuits à point. Ne manquait que la saveur de… truffe, en fait.
Desserts
Les propositions ne sont pas vraiment nombreuses, mais aucune importance. Vous devez juste commander ce tiramisu digne des recettes les plus classiques. Crémeux, alcoolisé, caféiné, croustillant. Il est tout simplement craquant.
Emballant /
Belle cuisine sans prétention, abordable et bien ficelée. Les brunchs de la fin de semaine sont très chouettes aussi. On a envie d’y revenir avec la bande de copains. C’est quand?
Décevant /
La beauté des lieux ne crée pas forcément une atmosphère chaleureuse… C’est un peu froid. Au risque de radoter, on aurait aussi aimé goûter la truffe dans le mijoté de boeuf… à la truffe.
Combien? /
15 $ par personne pour le brunch, 30 $ en soirée (hors taxes et service). Plus l’alcool: le bar est bien rempli et la carte s’annonce prometteuse, avec l’arrivée d’importations privées. Bientôt.
Quand? /
Tous les jours, de 8 h à 1 h du matin
Où? /
Voro
275, avenue Fairmount Ouest, Montréal
514 509-1341, www.voro.ca