Le jeune chef Louis-François Marcotte, vedette de la télé et des magazines, a l’art d’ouvrir des restaurants dans des coins où l’on ne l’attend pas: son premier Simpléchic à Verdun, son second Le Local près de la Cité du multimédia, sa Cabine M à l’aéroport Trudeau… et le revoici juste de l’autre côté de la très architecturale autoroute Bonaventure, au coeur du décrépit quartier Griffintown. Une zone pas du tout animée, qui attend toujours d’être revitalisée. Mais Marcotte a visiblement vu juste puisque ce jeudi soir, la clientèle est au rendez-vous. Elle vient sûrement admirer les lieux, car ce Hangar est impressionnant. Dans ce local postindustriel, les plafonds sont évidemment très hauts, et l’architecture, brute. Briques rouges, acier et de solides poutres de bois soutiennent les deux salles à la fenestration lumineuse. Dès l’entrée, la vue sur l’immense cuisine frappe. Une brigade de jeunes cuisiniers s’y agite, appuyée par une cohorte de tout aussi juvéniles serveurs. Dans l’angle, on aperçoit le bar et ses lumières tamisées, quelques tables, et au mur, on projette un film, La voie de perdition de Sam Mendes. On espère juste ne pas trop s’y égarer!
Au menu
Avec quatre restos à gérer, ne vous imaginez pas croiser M. Marcotte trop souvent ici. D’ailleurs, il a confié sa cuisine à Mike Diamond, un ancien d’Area, du Leméac et du Local. Son choix: une carte à l’accent italien, chico-rustique. On commence d’ailleurs par une tonique bruschetta agrémentée d’asperges et de minuscules billes noires, des oeufs de mulet. Elle a une fâcheuse tendance à s’écrouler sur la nappe de papier, mais avec un peu d’agilité (et pas trop d’apéro), on parvient à la garder sur ce bon pain grillé mouillé d’huile d’olive. On poursuit avec de la pieuvre grillée et saucisses, une entrée tellement salée qu’il faut la retourner. À la place, on commande un gros pétoncle bien saisi et encore rosé, accompagné de boudin noir pané. Très bon. Côté tartare, un incontournable pour moi, le cerf est bien tendre, mais la moutarde nous monte au nez… ce qui empêche la saveur de la viande de bien s’exprimer. Mieux réussi, ce plat de longe d’agneau est rehaussé d’une sauce un tantinet sucrée à l’orange confite. Beaux effluves de romarin, cependant, et pour encore plus de soleil, quelques olives Kalamata. C’est frais. La pièce de porc – une longe également – est généreuse, servie dans son jus aromatisé à la pomme. Un poil trop cuite, cependant.
Les accompagnements? Il faut les acheter à part. Voici une polenta bien crémeuse à la tomate fumée. C’est original et délicieux. L’assiette de légumes grillés est abondante, aussi agréable que celle qu’on se prépare l’été, sur un barbecue au charbon de bois. De quoi vouloir en finir avec l’hiver!
Desserts
Pour bien finir ce repas (s’il vous reste encore de l’appétit), choisissez le pouding au pain ou le moelleux au chocolat joliment décorés d’une crème glacée parfumée au rhum. Hic!
Emballant /
Amateurs d’architecture, vous aimerez ce magnifique Hangar. Le service est efficace et attentionné. La carte des vins est très intéressante (mais cela a un prix!), et le choix de vins au verre, satisfaisant.
Décevant /
Expérience inégale côté cuisine avec plusieurs erreurs dans l’assaisonnement et la cuisson des plats qui pourraient être améliorés même si l’ensemble reste intéressant.
Combien? /
Comptez une vingtaine de dollars par personne le midi hors taxes et service. En soirée, doublez aisément.
Quand? /
En semaine, de 11 h 30 à minuit. Samedi, de 17 h 30 à minuit. Dimanche, fermeture à 23 h. Brunchs de 10 h à 15 h.
Où? /
Le Hangar
1011, rue Wellington, Montréal
514 878-2112, www.resto-lehangar.com