Restos / Bars

Calao : Un peu plus à l'est

Le nouveau point de mire immobilier qu’est le Complexe Jules Dallaire peut compter sur le Calao pour rameuter les foules avec une carte généreuse où les parfums d’Orient sont savamment dosés.

Nous entrons, acteurs bienheureux dans un décor éclatant. Clients affamés, taraudés par un désir d’exotisme, d’épices qui chauffent les sens.

Sitôt conduit au secteur bar, trop curieux pour rester en place, je laisse Sophie compulser le menu et fait le tour des lieux. Ici, les cuisines aperçues à travers une cloison aquatique dans laquelle sont soufflés des chapelets de bulles d’air. Là, les tables réservées aux barbecues coréens, une spécialité de ce restaurant dont le menu se veut une sorte de best of asiatique.

Poulet du général Tao, sautés, riz frits et grillades de type "fusion asiatique" y côtoient burgers de porc japonais croustillant, croissant géant au thon, d’intrigants mariages italo-asiatiques (pizza et spaghettis fusion thaï?!) et une vaste carte inspirée du pays du Soleil-Levant: pensez teriyaki, tempura et sushis.

Ma reconnaissance des lieux achevée, je me cale dans une des confortables chaises blanches du décor immaculé de l’espace bar. L’instinct du gourmand curieux m’a guidé vers le trio d’entrées Calao, comprenant le Poo Jar, les rouleaux du chef et la salade de fruits épicée.

Résumons l’expérience en trois onomatopées: mmm, ohhh et wow.

Le Poo Jar, un mélange de chair de crabe et de porc frit dans une coquille de crabe, n’a pas une texture fabuleuse, mais le goût est sans reproche. Les rouleaux relèvent la barre d’un cran, leur farce de porc et crevettes respire la fraîcheur. Mais la palme revient à la salade de fruits. Des ananas, des fraises, du melon et leur discrète "vinaigrette" citronnée explosent en bouche, littéralement. Le piment broyé, invisible, me monte à la tête: sont-ce des larmes de bonheur qui se forment dans mes yeux? En face de moi, Sophie sirote sa soupe Dragon, un bouillon au fort fumet de poisson dans lequel les pâtes fourrées aux crevettes et porc se prélassent en attendant d’être dévorées. Peu cruels de nature, et comme l’ensemble est remarquablement assaisonné, nous abrégeons rapidement leurs souffrances: et hop dans le gosier.

Le minuscule requin qui fait "huit" dans l’aquarium au fond de la salle semble jaloux du trio de poissons qui m’arrive quelques minutes plus tard. Je suis cependant moins inspiré. Le menu promettait saumon, bar et morue "sur sauce épicée", mais omettait de préciser que les trois poissons sont frits. La présentation est charmante, les trois filets superposés, plantés dans un bâton de citronnelle, et la sauce est absolument délicieuse (à la fois aigre, sucrée et épicée, en parfait équilibre). Mais la friture vient vite à bout des subtilités des différentes espèces, qui goûtent un peu toutes la même chose.

Devant moi, le poulet aux noix de cajou de Sophie est irréprochable. La présentation donne dans le dépouillement, mais la saveur est au rendez-vous, et si j’avais encore faim, je lui en volerais bien encore une ou deux bouchées.

Mais il faut se garder de la place pour le dessert, et non le moindre: crème glacée frite dans le tempura.

Nous nous excitons comme des gamins en voyant la chose arriver. Il me semble même avoir vu Sophie battre des mains. Il y a comme un soupçon de cannelle, la pâte est sucrée. "Ça goûte comme les queues de castor", constate Sophie. J’approuve. Nos cuillères viennent rapidement à bout de la pauvre sphère sans défense.

Gavé, content de ce festin, je me laisse glisser sur mon siège, songeant déjà à revenir pour essayer le barbecue coréen.

Emballant /
Le choix intéressant de cocktails, l’étendue presque étourdissante du menu, le décor et l’ambiance, la fraîcheur des produits, l’équilibre des saveurs, et surtout, quand on promet un plat épicé, il l’est vraiment.

Décevant /
L’exécution inégale de certaines fritures, le service un peu relâché (bien qu’aimable et compétent).

Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 70 $ le soir, 35 $ le midi (excluant boissons, taxes et pouboire).

Quand? /
De 7h à 23h du lundi au jeudi, de 7h à 24h le vendredi, de 8h à 24h le samedi et de 8h à 23h le dimanche.

Où? /
Complexe Jules Dallaire
2820, boul. Laurier, 2e étage
418 653-4999
calaorestaurant.com