Tout de suite, on est happé par l’atmosphère qui enfièvre la salle. Les conversations bruyantes peinent à couvrir la musique électro. Il fait si noir qu’on voit à peine le joli décor que réchauffent des boiseries, un mur de briques et des fauteuils de cuir, le tout métissé de touches asiatiques qui s’incarnent avec grâce dans chaque luminaire. La majorité des clients sont jeunes, fringués pour veiller tard. Ils resteront sans doute après le repas, quand la vocation bar de l’endroit prendra le dessus.
On nous assoit près d’une immense fenêtre, derrière laquelle la température frôle les -20 degrés. Sans surprise, on gèle… Au courant des faiblesses thermales de notre emplacement, une serveuse vient vite fermer les rideaux pour couper la fraîche. Tant pis pour la vue, je préfère pouvoir bouger mes doigts.
La carte des cocktails s’écarte des sentiers battus, alors j’en profite. L’élu: le martini La semence du bison (vodka Zubrowka, boisson à la semence de basilic et miel, cordial de fleurs de sureau), alors que mon amie Catherine débute avec un verre de blanc (viognier Yalumba).
Je me laisse porter un moment par les promesses du menu – tartares, woks, currys et salades originales -, puis j’arrête mon choix d’entrée sur les dim-sum. Je ne le regretterai pas. Juste assez poêlés, ils recèlent une farce de poulet et de chou nappa très goûteuse. Tellement que je boude presque leurs deux sauces d’accompagnement. Mon regret concernera plutôt mon martini: il ne goûte pas du tout le basilic ni la Zubrowka (très particulière), mais plutôt la gomme balloune, limite savon à mains rose… Voyant que je n’y fais pas honneur, la serveuse le récupère en me promettant de ne pas me le facturer. Très classe. Rien à redire des dômes de chèvre de Catherine, sinon qu’on cherche en vain le goût d’amandes dans la panure. La salade de roquette, toute simple, est une franche réussite.
Party de viande rouge au service suivant: tartare de boeuf et bavette de veau, deux recommandations de la serveuse. Friande de nourriture épicée, Catherine a demandé son plat très relevé. Il l’est. Trop, même. Faire préalablement goûter un tartare au client devrait être obligatoire, se dit-on pendant qu’on essaie, à grandes gorgées d’eau, d’éteindre le feu qui fait rage dans nos bouches. Il faudra diluer le tout avec un peu du ketchup et de la mayo servis avec les frites (molles, mais bonnes) si nous voulons savourer nos vins, un bordeaux Château Cailleteau Bergeron et un cabernet-sauvignon Fetzer.
Je préfère nettement mon plat: une délicieuse bavette de veau grillée au cidre surmontée d’une généreuse tranche de fromage La Roubine de Noyan fondant, au léger goût de champignons. Mention à la sauce poivrade au cidre, miel et pomme Granny Smith, renversante. Plusieurs légumes complètent l’assiette: asperges croquantes, tomates cerises, carottes, céleri-rave et pommes de terre (si je me fie à ma bouche pour ces deux derniers, car il fait si noir que je ne distingue pas grand-chose…).
Pour le dessert, ce sera au tour de Catherine d’être plus chanceuse. Sa crème glacée frite, sous forme de chausson de pâte phyllo, nous ravit, contrairement à mon gâteau au fromage de chèvre en coupe avec graham, miel et garniture de fraises en gelée. Moi qui ne jure que par le chèvre, je ne croyais jamais dire ça, mais ça goûte juste trop, dans ce cas-ci. Et la portion est si énorme que c’en est presque épeurant.
Nous ferons descendre tout ça avec un excellent mojito et un café brésilien, pendant que l’intensité de la noirceur et de la musique, elle, augmentera encore d’un cran. C’est l’heure du boire!
Emballant /
Une cuisine honnête malgré quelques faiblesses, le service rapide et aimable, l’ambiance branchée.
Décevant /
La lumière beaucoup trop tamisée.
Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 70 $ le soir, 35 $ le midi (excluant boissons, taxes et pourboire).
Quand? /
De 11h à 22h ou 23h en semaine, de 16h à 23h samedi et dimanche.
Où? /
Boudoir
441, rue du Parvis
418 524-2777
boudoirlounge.com