Les bons restaurants ont la fâcheuse tendance à provoquer en moi une irrésistible envie de déménager. Prenez Le Valois, par exemple. On le dégote dans Hochelaga-Maisonneuve (dites HoMa pour vous faire comprendre des nouveaux riches du coin), sur la chic Promenade Ontario, à deux pas de Pie-IX. Le Valois, si vous ne le connaissez pas encore, a fait les manchettes des chroniqueurs restos il y a bientôt trois ans. Et pour cause, c’était une première: une jolie brasserie gourmande osait ouvrir dans ce coin, il faut le dire, abandonné des restaurateurs démotivés. Et pourtant! Il faut croire qu’il y a bel et bien une demande puisque même un mardi soir, la belle salle est assez remplie. On tombe notamment sur de jeunes couples à l’allure très professionnelle ayant choisi ce quartier pour ses condos encore abordables. Ils apprécient sans doute aussi la belle salle boisée de cerisier, rehaussée d’un plafond aux vitraux quadrangulaires colorés. Notez, au centre, la superbe femme-statue portant deux lampes, très Art déco. Ça vous rappelle peut-être le décor de La Croissanterie Figaro de la rue Hutchison dans Outremont, car effectivement, ces deux restos appartiennent au même proprio. Le menu, abordable, est typique de la brasserie à la française telle qu’on la conçoit en Amérique du Nord.
Au menu
Cette année, Le Valois a changé de chef. Aux commandes, Denis Peyrat a décidé de renouveler et simplifier une carte qui avait tendance à tirer dans tous les sens. Maintenant, on se comprend mieux. Entre entrées et plats, on navigue tout de même parmi une trentaine de propositions. Les intitulés sont à la fois intrigants et inspirants: gravlax de boeuf Angus, crème brûlée à l’ail et au fromage, plateau de cochonnailles des Viandes Charlevoix…
Nous optons plutôt pour la croquette de chèvre et ses noix caramélisées, une belle portion de fromage passée dans la panure et frite, accompagnée de betteraves en crème légère. C’est pas mal et original. Nous tombons aussi dans ce ravissant ravioli de homard et champignons sauvages, nageant dans une bisque riche et dense. Un peu fade, cependant.
Côté plats, voyez donc: tartare de boeuf ou de saumon, risotto aux champignons, moules-frites, fish & chips, boeuf braisé longuement, choucroute alsacienne… il y en a pour tous les goûts. Vous me connaissez, je commande bien sûr le tartare de boeuf. Du Angus, paraît-il très persillé, haché au couteau et bien assaisonné. Il est bizarrement présenté en longueur, ce qui n’est pas très esthétique. Les frites sont excellentes, "cuites à l’huile d’arachide", c’est précisé sur le menu. Le canard "façon Parmentier" s’en sort très bien car la purée de pommes de terre est délicieusement agrémentée de fromage. Fondant. La salade servie dans un grand verre (pas très pratique!), quoiqu’un peu froide, regorge de feuilles et de légumes bien frais.
Desserts
Un gros "waow" pour le soyeux "choco" au coulis d’orange et épices douces, à mi-chemin entre moelleux et fondant. La tarte normande et son toffee au calvados, cuite à point, est également très séduisante.
Emballant /
Encore un peu de patience et vous pourrez profiter de la superbe terrasse donnant sur la place Valois. Très belle liste de vins d’importation privée à tous prix.
Décevant /
Des présentations parfois un peu bancale voire tristounettes. Un exemple? L’unique ravioli de homard, perdu dans le fond de son assiette creuse, manque vraiment de couleur. C’est terne…
Combien? /
À midi, préparez une vingtaine de dollars par personne hors boissons, taxes et service. En soirée, doublez.
Quand? /
Simple! Tous les jours de 8 h à 23 h.
Où? /
Le Valois
25, place Simon-Valois, Montréal
514 528-0202, www.levalois.ca