"La cuisine, c’est un milieu… ce sont les individus avec leur culture, leurs goûts et leur identité propre qui y créent ensemble quelque chose de spécial", confie Martine Hilaire, animatrice-intervenante aux Cuisines collectives du Grand Plateau. Logés dans le demi-sous-sol d’un immeuble HLM, les locaux de cet organisme communautaire comprennent, outre les bureaux où s’entassent sur des étagères des centaines de recettes et de livres de cuisine: une salle de réunion, une cuisine équipée de plusieurs poêles et comptoirs, un garde-manger et un frigo géant. Chaque rayonnage d’épicerie est étiqueté au nom d’un groupe: Les Tournesols, Les Dégivrés, Les Beaux Samedis… des groupes de gens qui se rassemblent chaque mois pour cuisiner ensemble selon leurs besoins et leurs envies.
Végétariens à la recherche de nouvelles recettes, amateurs de champignons, célibataires cordons-bleus désirant popoter en grande quantité, pères et mères de famille débordés, cuisiniers du dimanche, débutants cherchant de bons conseils pour enfin surmonter leur peur des casseroles… chacun a une bonne raison de s’inscrire aux cuisines collectives. "Ici, on ne donne pas des poissons, on apprend à pêcher!" commente Martine Hilaire qui chaque jour transmet ses connaissances culinaires et sa passion pour la cuisine à des groupes d’enfants, d’aînés, de jeunes en processus de réinsertion et d’adultes de toutes origines désirant mettre la main à la pâte.
Cuisines pour tous
"L’idée des cuisines collectives est née dans les années 80, en temps de crise économique, des femmes du quartier Hochelaga-Maisonneuve désiraient cuisiner ensemble pour sauver de l’argent et du temps. Ce n’est pas un organisme de bienfaisance: ici, les personnes travaillent ensemble pour créer les réponses à leurs besoins", raconte Diane Roberge, coordonnatrice du programme de formation au Regroupement des cuisines collectives du Québec. Un enjeu toujours d’actualité pour Audely Duarte, directrice des Cuisines collectives du Grand Plateau. "Dans le quartier, la pauvreté est devenue un enjeu moins criant au fil des ans… principalement parce que l’augmentation des loyers a obligé les plus démunis à déménager. Mais il y a encore beaucoup de personnes à faible revenu, notamment des travailleurs à petits salaires qui doivent faire face à une augmentation constante du prix des aliments. Mais au-delà de l’aspect économique, nos membres recherchent surtout un apprentissage culinaire. Ils veulent manger sainement et rencontrer des gens, car beaucoup vivent seuls dans ce quartier", analyse-t-elle.
En pratique
Aux Cuisines collectives du Grand Plateau, il suffit de téléphoner pour être invité à rejoindre un groupe où chacun cuisine un plat pour l’ensemble des membres tandis que les frais d’épicerie sont répartis entre les différents participants. Les recettes préparées sont décidées en commun et chacun rapporte ensuite ses plats à la maison. Au cours de l’année, l’organisme propose aussi des ateliers et des rencontres avec des chefs, des soirées thématiques, des activités familiales comme des pique-niques. Sur place, on peut aussi s’inscrire au service "Bonne boîte / bonne bouffe" proposant des paniers de produits locaux à prix intéressant.
Cuisines collectives du Grand Plateau
4095, rue Saint-André, Montréal
514 523-1752, www.ccgp-montreal.org
Le 26 mars, on fête la Journée nationale des cuisines collectives.
De 13 h à 16 h au Musée des beaux-arts de Montréal, les visiteurs seront invités à vivre une expérience de cuisine collective et à échanger sur l’alimentation dans le décor du musée. Info: www.rccq.org