Le printemps est à nos portes. La fonte des bancs de neige approvisionne sans vergogne nos rues de gadoue bien minérale et les érables préparent nos stocks de sirop d’érable pour l’année à grandes coulées de sève.
Avec la lumière du jour qui s’adoucit, les humeurs ont le coeur à la fête. Prêts pour du gras salé sucré? La cabane à sucre est une des traditions qui perdurent dans notre gourmandise collective, un rituel rassembleur de chaleureux abus qui nous ramène en un tour de calèche aux temps anciens et à sa table paysanne. Bien sûr, nous ne sommes plus adaptés à manger régulièrement ce menu assassin pour notre tour de taille, mais ces saveurs restent imprimées dans notre culture. Je me propose avec vous de les revisiter… pour le plaisir!
Dans les éléments standards de la cabane, la soupe aux pois est de mise pour bien démarrer. Une fois passée au mélangeur et filtrée au tamis, elle devient élégante avec une garniture de jambonneau et de vieux cheddar. Ensuite, cretons et marinades ne se démodent pas; de l’acide sur du gras, c’est chouette! Les oreilles de crisse sont grasses et salées. En les additionnant de roquette bien moutardée, d’oeufs pochés et de sirop, on parle d’une salade composée exquise qui contrebalance ses ingrédients. Les fèves au lard peuvent troquer le petit ventre salé pour de l’épaule de porc entière; après une nuit de cuisson, c’est un cousin bien gaillard du cassoulet. J’aime aussi le tamago, cette omelette japonaise. J’en prends soin en l’enrubannant de jambon et je le niche sur une toast. Au dessert, des grands-pères à l’érable s’imposent. Pourquoi ne pas les faire à l’indienne? Pensez au gulab jamun. Ces petites boules de lait s’harmonisent bien au sirop! Pour la finale, de la tire sur de la neige, mais celle-ci aux pommes en granité! C’est frais! Et pour nettoyer les péchés: un peu de rhum brun.
Pour nous, la cabane est urbaine et au resto. Des brunchs ont lieu les trois prochains dimanches et, pour celui du 3 avril, tous les profits seront versés à la fondation Rock Guertin et à la Tablée des chefs. Avec les boucheries Clément Jacques comme généreux partenaires, ça va brasser dans la cabane!