Restos / Bars

Chic alors! : Doux péché

Parmi les aventuriers de la junk food rénovée, Chic alors! fait bonne figure, parvenant habilement à ajouter un supplément d’âme à la pizza sans pour autant en renier le caractère simple et convivial.

Copieusement vitrée, décorée sobrement et avec goût, la salle à manger s’offre aux regards curieux depuis l’extérieur. Vaste, elle s’étend sur les deux étages du bâtiment que s’est récemment offert ce restaurateur bien connu des résidants aux abords de la frontière qui sépare Saint-Augustin et les secteurs de Cap-Rouge, Sainte-Foy et L’Ancienne-Lorette.

Ma fille, ma mère et moi entrons par la porte juste à côté de la petite salle du comptoir pour emporter, où quelques affamés feuillettent le journal en attendant leurs boîtes blanches. Accueillis par un escadron de sourires, nos manteaux vite rangés au vestiaire et la petite munie d’un dessin à colorier et d’une boîte de crayons, nous sommes guidés jusqu’à la table qui nous est assignée.

Un trip-hop de la fin du précédent millénaire flotte dans l’air, accompagné d’effluves de fromage, de viande et de légumes grillés, plaçant du coup nos sens en alerte. Les cartes sont prestement ouvertes, leur contenu détaillé.

Le menu pour enfants semble idéal. Beau, bon, pas cher. À la surprise générale, C. choisit la soupe asiatique plutôt que le potage aux légumes, et la pizza hawaïenne plutôt que la pepperoni-fromage. Sa curiosité est loin de nous déplaire, et elle semble tirer une certaine fierté de son audace d’enfant.

Ma mère et moi avons nous aussi envie de naviguer en territoires inconnus. J’ai déjà goûté à la moitié du menu, toujours avec le plus grand bonheur, mais les quelques variantes plus exotiques me sont étrangères. J’y vais pour la pizza au poulet teriyaki. Ma mère fera un léger affront à ses artères avec la carbonara. Aimable et efficace, la serveuse compile nos demandes, s’enquiert de nos envies d’entrées (salade niçoise pour moi, malheureusement impossible à inclure en table d’hôte, et duos de coeurs pour la grand-maman), puis repart butiner vers d’autres tables puisque la salle se remplit rapidement.

À peine avons-nous le temps d’échanger à propos du spectacle auquel a assisté ma mère la veille que salades et soupe atterrissent sur la table. Silence, on mange. Le bouillon de la soupe, ses champignons, ses vermicelles: l’ensemble est impeccable, pas trop salé, et C. sirote avec contentement le contenu de son bol, encore heureuse de son choix. Nos salades s’avèrent elles aussi délicieuses. On avait oublié les anchois dans la mienne, et on s’empresse de me les faire porter avant même que je ne le remarque. La vinaigrette discrètement acidulée escorte brillamment le gras du thon, des oeufs et des anchois tandis que les coeurs de palmier et d’artichaut dans la salade de ma mère – auxquels se mêlent des poivrons et de la laitue – nous tirent facilement des sourires de satisfaction. Tout est frais, équilibré, parfaitement assaisonné, digne d’un bistro de qualité.

Quelques minutes plus tard, les pizzas génèrent elles aussi leur lot d’épithètes enthousiastes. Le poulet teriyaki, le sucre des oignons confits et la fraîcheur de la coriandre sont un exemple de cohabitation gustative dans le genre. Mais c’est ma mère qui a fait le meilleur choix: à la première bouchée, elle glousse de bonheur, et je dois avouer, lorsque je goûte à mon tour, qu’on baigne ici dans le plus doux des péchés. De la crème, de l’emmenthal, du bacon sur cette pâte délicieuse dont ma conscience me commande de ne pas m’empiffrer… Mais je l’ignore souverainement.

À tel point qu’une fois arrivé le moment de choisir les desserts (un Whippet, une crème glacée au chocolat et une verrine de mousse choco), elle n’est plus qu’un murmure lointain, complètement étranger à notre heureuse satiété.

Emballant /
Tout ici répond à la même culture: on fait les choses simplement, le raffinement se retrouvant dans les détails et les petites attentions. Le service est impeccable, l’accueil cordial au possible et la bouffe à la hauteur des attentes.

Décevant /
Hormis la pizza, peu de salut. Les quelques salades, bien que délicieuses, ne parviennent pas à elles seules à varier l’offre.

Combien? /
Environ 45 $ pour deux, incluant l’entrée, la pizza et le dessert (taxes, boissons et service en sus). Le menu pour enfants (incluant jus, soupe et dessert) se situe sous la barre des 10 $.

Quand? /
Tous les jours dès 11h. Livraison dès 17h.

Où? /
Chic alors!
927, route Jean-Gauvin
418 877-4747
chic-alors.com