Axée sur la fraîcheur et sur la mise en valeur du produit, la cuisine italienne a tout pour séduire ceux que les recettes compliquées effraient… ou découragent. Basilic, tomates, agrumes, ail, huile d’olive, pâtes, charcuteries: ses ingrédients de base nécessitent très peu de manipulations pour être transformés en plats savoureux et ensoleillés. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire Berlusconi, on se retrouve avec une escalope de veau au citron accompagnée de linguines au parmesan, une pizza au jambon de Parme et au gorgonzola, ou une pimpante salade caprese qui réunit mozzarella fraîche, tomates juteuses et feuilles de basilic, le tout sublimé par un trait d’huile d’olive.
"J’adore cette simplicité, affirme Yves Moreau, chef-propriétaire du Portofino depuis cinq ans. Elle rend la cuisine italienne facile et rapide à faire. On peut aisément varier les ingrédients, ce qui fait qu’on peut manger des pâtes deux ou trois fois par semaine sans que ce soit répétitif. Je pense que les Québécois apprécient beaucoup cet aspect. Sans oublier que la cuisine italienne a beaucoup de goût. Ça aussi, ça plaît."
Martin Gagnon, chef du Michelangelo, renchérit: "Tout le monde mange beaucoup de pâtes, c’est une base de l’alimentation. Alors forcément, ça contribue à la popularité de la cuisine italienne."
Pour toucher à l’authentique, Yves Moreau souligne l’importance de travailler avec des produits importés d’Italie, qu’il s’agisse du prosciutto, de l’huile d’olive extra vierge, des tomates ou du parmesan padano ou reggiano. "C’est ce qui fait le succès d’une bonne cuisine italienne. Et maintenant, ces produits sont accessibles aux consommateurs, dans les épiceries fines mais aussi dans certaines grandes surfaces."
Merci aux chefs et à des ambassadeurs comme Josée Di Stasio et Stefano, l’Italie ne se résume plus, dans notre assiette, au traditionnel trio spaghetti-lasagne-pizza. En partageant leurs découvertes et en oeuvrant à démocratiser la cuisine, ils ont amené de nombreux produits autrefois inconnus du commun des Québécois à trouver leur place dans nos garde-manger et nos frigos, comme le risotto, la polenta, le pesto… ainsi que "l’éventail impressionnant de pâtes qui nous change des classiques spaghettis", ajoute M. Gagnon. Plusieurs ont aussi fait la preuve que les accompagnements ou l’assaisonnement peuvent donner une saveur tout italienne à un simple plat de viande. "Je fais entre autres un carré d’agneau au romarin servi avec des rapinis et des pâtes au pesto, ainsi qu’un filet mignon grillé enveloppé de prosciutto et nappé d’une sauce au fromage asiago", rapporte M. Moreau, qui croit que les émissions culinaires ont contribué à ouvrir les horizons des cordons-bleus du quotidien. "Prenez le tiramisu, par exemple. Grâce à ces émissions, les gens ont vu que ce n’est pas du chinois, que c’est à leur portée."
Justement, le tiramisu est le dessert italien favori des deux chefs interviewés. M. Moreau le sert en coupe, alors que M. Gagnon le prépare également sur plateau. Ce dernier avoue aussi un faible pour la panna cotta (littéralement "crème cuite"), très en demande au resto dont il dirige les cuisines depuis 30 ans. Du côté des plats principaux, son escalope de veau parmigiana et son osso buco sont des incontournables, de son propre aveu. Quant au plat fétiche d’Yves Moreau, ce sont les tagliatelles au canard confit maison, qu’il fait sauter avec des champignons sauvages, du blanc de poireau, des tomates séchées, de l’huile d’olive, du vin blanc et des oignons verts. Des mets qui nous font saliver même sur papier? C’est aussi ça, la force de la cuisine italienne.